Durant tout le huitième jour de marche, je progresse sur les flancs couverts de pinèdes du Monte de la Esperanza, la chaîne de montagne qui prolonge, jusqu’à la ville du même nom, le massif du Teide.
Le parcours du huitième jour (lien openrunner)
Dès le réveil, je me sens las. De toute évidence, mes jambes payent l’intensité des deux dernières journées de marche, surtout de la seconde, où j’ai beaucoup tiré sur la machine pour atteindre un lieu de bivouac convenable. Mes premiers kilomètres de marche sur des pistes en faux-plat confirment ce manque d’énergie. Cela pose d’autant plus problème que j’ai prévu de quitter rapidement le tracé balisé du GR 131, et ses fades routes carrossables, au profit de sentiers plus immersifs mais probablement plus sportifs, qui serpentent dix kilomètres dans les hauteurs escarpés du Monte de la Esperanza avant de revenir sur le GR.
Lorsque se présente devant moi le carrefour où j’ai prévu de bifurquer, j’hésite un instant, le chemin alternatif partant tout droit sur une pente très inclinée. Je m’y engage finalement, au rythme d’un escargot. Au premier raidillon en succède un deuxième, puis un troisième particulièrement rude. Je ne parviens pas à trouver mon rythme de croisière et souffre dans chacun d’eux. L’effort me paraît interminable ; je n’ai pourtant gravi que 400 mètres quand se présente enfin une longue et reposante section de sentier en balcon.
Un départ sportif
Mes camarades tchèques pris en photo après leur nuit difficile
Les immenses forêts couvrant les flancs du Monte de la Esperanza
Le GR 131 passe sous les falaises, mon tracé alternatif par dessus
Certains arbres s’élèvent à presque 30 mètres de haut
Vue rétrospective sur le premier raidillon
Une section du troisième raidillon, celui qui me met vraiment dans le dur
Le passage en balcon où s’achève mon calvaire
Le sentier que j’avale pendant les deux heures qui suivent récompense mon effort initial : il me permet de profiter d’une forêt sauvage dans l’isolement le plus complet. Plus encore, ce tracé m’offre, dans les passages où il surplombe des falaises dénuées d’arbres, quelques vues splendides sur les pentes du Teide, plongeant du sommet où je trônais la veille jusqu’aux rives septentrionales de Tenerife.
Dans les hauteurs du Monte de la Esperanza
La jolie sente filant sur les flancs de la montagne
La première vue rétrospective dont je bénéficie ; à droite, les faubourgs de Puerto de la Cruz
Le sentier se contorsionne pour franchir les plis de la pente
Parfois, il est soutenu par de très imposants contreforts en pierre
Vue sur le sommet du Teide
Le sentier qui serpente sur les flancs du Monte de la Esperanza…
…doit parfois s’infiltrer entre deux pics
Les pentes du Teide, du sommet aux côtes
Si mon corps n’oublie pas sa lassitude matinale, je retrouve un semblant de condition durant la seconde partie de la journée. De retour sur le GR 131 après une coûteuse erreur de trajectoire, j’y progresse sur un tracé plutôt descendant qui me ramène en fin de journée sous les 1000 mètres d’altitude, pour la première fois depuis cinq jours.
En amont de la Montana del Pozo, un panneau propose de plonger dans la vallée vers l’aire récréative de la Vica, distante de deux kilomètres. J’y vois un lieu de bivouac prometteur et quitte le GR 131 en sa direction. Me voilà lancé dans une quête impossible. J’aurai beau questionner les locaux et fouiller toute la zone, au prix de quelques allers-retours et d’un passage éreintant dans un sentier obstrué par les souches d’arbres, jamais je ne trouverai cet endroit, et pressé par la nuit, me verrai contraint de poser la tente dans un petit vallon herbeux, en soi adéquat, mais ne disposant pas des sanitaires dont j’avais fait mon premier objectif.
Au final, du fait de mon errance finale, la journée aura été presque aussi chargée que les deux précédentes : près de 30 kilomètres au total, pour 1000 mètres de dénivelé cumulé en montée et 1400 en descente. Autant dire que je n’aurai toujours pas retrouvé la forme le lendemain.