(MAJ du 10/5/23)

L’odyssée pédestre, mon projet ultime, aboutissement d’une décennie de randonnée, consiste en un tour intégral d’Europe à pied et en solitaire.

Il s’étale sur presque trois ans. Ses lignes directrices : marcher d’un bloc, intensivement, sans coupure prolongée en hiver ; n’avancer qu’à pied et en bateau ; pousser au maximum l’autonomie, en portant le gros de ma nourriture et en bivouaquant presque systématiquement ; ne jamais demander autre chose que de l’eau aux locaux croisés en chemin, même si j’accepte ce qu’ils m’offrent d’eux-mêmes ; explorer chaque région majeure du continent ; enfin et surtout, emprunter les trajectoires les plus montagnardes et sauvages possibles.

Ce dernier objectif a guidé pour l’essentiel l’élaboration de mon itinéraire. Au départ de Dijon et à destination de Drese, il traverse par les voies les plus aériennes 28 pays, tous les grands massifs continentaux (Alpes, Pyrénées, Carpates, Balkans, Apennin, cordillères espagnoles), mais aussi de nombreux massifs secondaires (Morvan, Ardennes, Jura, Vosges, Massif central, Péloponnèse, Rhodopes, monts portugais, thraces et tchèques), des portions du littoral européen parmi les plus iconiques (côte galicienne, portugaise, amalfitaine, dalmate, lycienne et macédonienne) et une quarantaine d’îles dont les quatre les plus montagneuses (Crète, Corse, Sardaigne et Sicile). J’ai agencé le tout de sorte à me situer dans les régions méditerranéennes en hiver et continentales en été, afin de subir au minimum le froid, la chaleur, la pluie et surtout l’enneigement.

Au total, c’est plus de 22 000 kilomètres qui m’attendaient, soit cinq fois la distance du Continental Divide Trail, la plus grande randonnée balisée du monde. A l’heure où j’écris ces lignes, le 10 mai 2023, après plus de deux ans de marche, j’ai déjà avalé plus de 19000 kilomètres à une moyenne quotidienne de 28 kilomètres et 1000 mètres de dénivelé positif, en bivouaquant neuf nuits sur dix. Il ne me reste qu’à remonter intégralement le Grand Balkan bulgare puis les Carpates, avant de filer vers Dresde par les monts tchèques. Bientôt la fin d’un rêve éveillé !

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