A l’hiver 2021, les restrictions sanitaires m’obligent à annuler la partie extra-européenne de mon Tour du monde occidental, qui devait m’emmener d’Australie à la Californie par la Tasmanie et la Nouvelle-Zélande. Il m’est presque aussi peu envisageable de papillonner de pays en pays, dans le prolongement du Tour des montagnes d’Europe, et d’ainsi parfaire l’exploration du Vieux continent.
S’avouer vaincu et retourner au travail sans avoir profité pleinement des années de liberté que je m’étais accordé? C’est mal connaître la bête! En mars 2021, décidé à sortir de l’impasse par le haut, quitte à braver un troisième confinement imminent, je me lance sur un coup de tête dans une marche autrement plus ambitieuse que les précédentes.
Dans sa forme minimale, elle consiste en un trek de sept à huit mois qui rallie Dijon à Compostelle au terme d’un tour exhaustif des massifs français (Alpes, Pyrénées, Jura, Vosges, Massif central mais aussi Morvan et Ardennes) et nord-ibériques, notamment les Pics d’Europe… Une sorte de version maximaliste du fameux pèlerinage! L’objectif est, tout du long, d’emprunter les plus hautes voies possible, selon un itinéraire de mon cru ne suivant jamais dans la longueur un balisage donné.
A l’heure où j’écris ces lignes, le 18 mai, j’ai déjà atteint le Jura et approche les 2 mois de marche et la barre des 2 000 kilomètres, sur un itinéraire qui en comptera au moins 5 000, avec plus de 200 000 mètres de dénivelé positif.
Tel est le tracé que j’avais établi avant le départ:
Il est consultable en détails ici.
C’est un simple squelette, déjà amendé et enrichi à de nombreuses reprises, en Bourgogne, dans les Ardennes, le Luxembourg et les Vosges. Il en ira de même dans le Jura et les massifs à venir.
Mais mes ambitions ne s’arrêtent pas là! Il est très probable que ce parcours ne soit que la première partie d’un trek encore plus gargantuesque, sorte d’apothéose de ma décennie de marche: un véritable Tour d’Europe de 3 ans, combinant marche exclusive sur la terre et franchissement motorisé des mers.
Je m’imagine déjà longer en hiver la côte portugaise et l’Andalousie, m’envoler en mars 2021 de Valence pour la Sardaigne, traverser cette dernière, puis la Sicile, remonter toute la botte italienne par l’Apennin au printemps, passer le début d’été en Corse et le restant dans les Alpes germaniques, repiquer à l’automne vers la mer Adriatique, sauter d’île en île de l’archipel dalmate aux îles ioniennes, puis au Péloponèse, à la Crète, au Dodécanèse et à la Lycie, m’accorder une pause hivernale dans les Cyclades, rejoindre en bateau Thessalonique au printemps 2023, remonter jusqu’à la mer Baltique par les Rhodopes bulgares, les collines serbes, les Carpates roumano-ukrainiennes, la plaine polonaise et les côtes baltes, atteindre l’Estonie en fin de printemps, embarquer de Tallinn pour Helsinki et remonter la Finlande jusqu’en Laponie, pour repiquer en fin d’été côté suédois, plonger plein sud via le Kungsleden, atteindre la côte à l’automne et franchir une dernière fois les mers, à destination de l’Allemagne et des Pays-Bas.
Trente mois de vadrouille! Nous verrons bien dans quelle mesure mes jambes et la situation me permettront de prolonger l’effort. Voici le schéma hypothétique de la suite de l’itinéraire, à partir de Compostelle, que je peaufinerai dans six mois si je suis décidé à poursuivre l’aventure:
En rouge, les marches – en bleu, les transitions maritimes
Pour l’instant, je me contente de rallier Compostelle par les montagnes. Que ceux qui désirent suivre mon avancée passent de temps en temps sur facebook!