Après deux treks solitaires au cœur de la Basse-Normandie, j’en enchaîne deux autres durant le même automne, tous deux en compagnie de mon frère, tous deux le long des côtes formant la partie orientale de l’immense baie du Mont-Saint-Michel.
Tracé des deux randonnées (lien openrunner 1 et 2), la première en bleu, la seconde en rouge
La première randonnée nous mène de Granville à Avranches, à travers les falaises sauvages de Carolles puis de longues étendues de prés salés. Nous dormons sur la pointe du Grouin du Sud, d’où la vue sur le Mont-Saint-Michel est imprenable, et repartons très tôt vers Avranches, qu’on atteint avant même que le jour se soit levé. Le final, une petite dizaine de kilomètres que nous effectuons en pleine nuit, reste un bon souvenir.
La seconde randonnée, à destination du Mont-Saint-Michel, part de l’endroit où s’est achevée la première. Après avoir visité la vieille ville d’Avranches, nous longeons les marais de la côte jusqu’à la pointe de Roche Torin, lieu de bivouac désolé faisant face au Mont-Saint-Michel. La forte marée montante nous donne quelques sueurs : elle ne stoppe sa course qu’à quelques encablures de notre tente, à peine un mètre de dénivelé plus bas.
Le bivouac sur la pointe de Roche Torin
Le second jour, nous avions prévu de suivre les détours dans les terres du GR223. Au réveil, mon frère est d’humeur aventureuse et me propose plutôt de filer tout droit vers le Mont-Saint-Michel à travers les prés salés. J’accepte et nous nous élançons, inconscients du fait qu’il nous faudra d’ici notre objectif enjamber une quarantaine des cours d’eaux vaseux sillonnant les marais. Certains d’entre eux sont si larges qu’ils nous forcent à effectuer de longs détours, au risque de nous enliser dans des sables mouvants.
A travers les prés salés
Au loin, notre objectif ; pour y parvenir, nous devons affronter la boue et les moutons
Un des nombreux cours d’eau qu’il nous a fallu traverser
Notre objectif se rapproche…
…et gagne progressivement en superbe
Lorsque nous prenons la mesure de la difficulté du parcours, nous n’abdiquons pas, et après deux heures d’effort intensif et de bonds en série, nous atteignons par ce désert de vase les contreforts du Mont-Saint-Michel, que des milliers de touristes quotidiens joignent par la route. Si ce n’est la boue qui recouvre nos chaussures et des guêtres que nous nous apprêtons à retirer, nous sommes présentables. Il ne nous reste qu’un cours d’eau à franchir, pas des plus faciles. Je m’y élance en premier, et c’est le drame : au terme d’une glissade mémorable, je m’étale de tout mon long dans la boue.
J’ai beau m’échiner sur mon pantalon, il est irrécupérable. Me voilà condamné à me balader dans le Mont-Saint-Michel avec une dégaine de clochard. Cela ne nous empêchera pas de visiter exhaustivement la forteresse, y compris sa légendaire abbaye, laissée de côté lors d’une précédente visite.
Le Mont-Saint-Michel
Le village dominé par l’abbaye
La muraille que nous gravissons pour y accéder
Le cloître de l’abbaye
L’église abbatiale
Le clocher vu depuis le cloître
En ce lieu mythique s’achève pour notre duo une prolifique année de marche ; la suivante le sera plus encore.