Un train, un bus, un premier bivouac dans l’aéroport d’Orly, un avion matinal pour Athènes, un car pour le port de Rafina, quelques heures de glande et de baignade et nous prenons enfin le bateau qui nous embarque pour la première île de notre périple: Andros.
Andros est la deuxième plus grosse île des Cyclades après Naxos, mais peut-être la plus adéquate du point de vue de la marche. Les parcours sont en effet nombreux et parfaitement indiqués. La super carte Anavasi suffit amplement pour se diriger. L’eau abondante, les ponts magnifiques, les sentiers préservés et le relief marqué rendent les randonnées splendides. Seuls bémols, les toitures rouges, les églises assez laides et la végétation foisonnante, qui font qu’on ne se sent pas vraiment dans une île cycladique.
Nous y avions déjà brièvement randonné deux ans plus tôt (voir ici). Il s’agit cette fois de faire, en quatre jours, le tour des vallées centrales d’Andros, en empruntant la quasi-totalité des plus beaux chemins de l’île. Ce récit narre les deux premières journées de marche ; le suivant sera consacré aux trois dernières.
Le trek d’Andros ; en bleu, les deux premières journées (lien openrunner)
Le soleil s’apprête à rejoindre l’horizon quand nous débarquons dans le port de Gavrio. Un taxi nous emmène jusqu’au hameau d’Ano Aprovatou, d’où nous devons démarrer notre marche au petit matin. Il est doté d’une chapelle sur le parvis de laquelle nous nous installons, pensant être tranquille pour la nuit. Que nenni ! Pour la première depuis que nous usons du procédé, un pope nous repère, débarque de son habitation et nous expulse sans ménagement du lieu saint. La nuit tombante ne nous incite pas à chercher un lieu de bivouac alternatif dans la nature ; nous préférons nous rabattre sur l’école adjacente, où un étroit banc de béton nous sert de sommier. Nous nous endormons en espérant ne plus avoir à affronter le même genre de contrariété les nuits suivantes. Ce ne sera, heureusement, plus jamais le cas.
L’arrivée à Andros
Une chapelle sur les collines du port de Rafina, où nous végétons en attendant le bateau
Le parvis de chapelle d’où nous nous sommes faits expulser
Le banc sur lequel nous dormons finalement
Aux premières lueurs, nous nous mettons en route vers Ano Pitrofos, sous un ciel très gris et sur des sentiers parfaitement balisés, comme ce sera toujours le cas à Andros. Notre sente, qui surplombe la baie de Paléopoli, se transforme vite en un beau kalderimi composé d’une succession d’escaliers pavés.
Le chemin pavé en surplomb de la baie de Paléopoli
Les collines très vertes d’Andros
Les premiers escaliers que nous empruntons
Je pose sur l’une des portions…
…Ivonig sur une autre
Plus loin, nous atteignons un sentier en balcon qui trace sa route entre des murets de pierre. Ces derniers, typiques d’Andros, sont constitués d’amas de pierres entrecoupés de grandes plaques placées à la verticale. A part sur Kythnos, on n’en trouve pas de plus beaux et préservés. De toute beauté, le sentier s’achève près d’une fontaine où nous faisons notre toilette et notre linge.
Le sentier en balcon vers Ano Pitrofos
Points de vue sur le sentier en balcon
Il est parfois large et parfaitement pavé
Détail des murets typiques qui le bordent
Une des plus grosses plaques verticales ; en arrière-plan, la baie de Paléopoli
Un pont rudimentaire chevauchant un petit cours d’eau
La fontaine où nous lavons notre corps et nos vêtements
Les points d’eau de ce genre sont légions sur Andros, et présents, dans une moindre mesure, sur Tinos et Naxos, trois îles où nous pourrons conserver une bonne hygiène. Il en ira autrement à Ios et dans les petites Cyclades, îles arides sur lesquelles nous devrons nous contenter de bains de mer.
Notre toilette effectuée, nous reprenons la route et pénétrons progressivement dans la vallée de la Chora. De passage dans le village de Menites, nous faisons halte dans une taverne locale pour engouffrer un premier souvlaki, avant de plonger au creux de la vallée, qu’il nous faut traverser par le pont enchanteur de Stichiomeni.
La descente vers le pont de Stichiomeni
Le début de la descente
Vue rétrospective sur les premiers hectomètres de descente
Le chemin est parfois envahi de végétation
La fontaine de Menites et ses fameux lions
Le pont de Stichiomeni, où s’achève la descente
Depuis le pont, une montée en escalier remarquable pourrait nous mener jusqu’au monastère fortifié de Panachrantou ; l’ayant déjà parcouru deux ans plus tôt, nous préférons accéder au lieu saint par une voie alternative faisant détour par quelques petits villages nichés dans les collines. Après deux petites heures d’effort, nous atteignons enfin le monastère. Nous pouvons pénétrer dans la cour extérieure et y recharger nos gourdes, mais l’enceinte intérieure, où l’on nous avait accueilli par le passé, est cette fois fermée, l’office vespéral ayant déjà commencé.
L’ascension alternative vers le monastère de Panachrantou
La montée en escalier qui nous avait autrefois mené directement au monastère
Les ruines de Petrias, au-delà desquelles nous bifurquons vers le village de Fallika déjà visible au fond
La vallée de la Chora
Un passage hors-sentier durant l’ascension finale
Le monastère apparaît devant nous
Les falaises poreuses entourant le monastère
La cour extérieure du monastère
Sans faire de pause, nous grimpons jusqu’au col surplombant le monastère, afin de rallier, de l’autre côté du mont Tsirovlidhi, la station balnéaire d’Ormos Korthyou. Après avoir serré les dents durant l’usante descente finale, nous y achevons une longue journée de marche. Depuis le matin, le temps est inhabituellement couvert. Nous craignons, à raison, une petite pluie nocturne. N’ayant pas de tente, il nous faut dégoter un abri de fortune pour y passer la nuit. Après quelques hésitations, nous optons finalement pour la terrasse protégée d’une résidence secondaire dont les propriétaires semblent absents. Ils ne viendront pas, en tout cas, perturber notre sommeil.
La section finale vers Ormos Korthyou
Vue sur la suite de notre marche au passage du col
La petite chapelle d’Agia Anastasia, où nous hésitons à bivouaquer
La descente finale ; au loin, Ormos Korthyou
Notre bivouac dans une résidence secondaire inoccupée
Deux nuits dans les Cyclades, et toujours aucune sur le parvis d’une chapelle ! C’était deux exceptions: toutes nos autres nuits se dérouleront sous la protection du Christ orthodoxe.
Le deuxième jour, nous entamons, entre Ormos Korthyou et la Chora, une randonnée qui est probablement la plus belle de l’île. L’auteur de guides Dieter Graf la considère même comme l’une des plus admirables de toutes les Cyclades.
Durant la première section, montant au village de Kochylou, nous empruntons plusieurs escaliers en pierre intacts, aux proportions parfois monumentales.
D’Ormos Korthyou à Kochylou
Deux escaliers gravis durant la montée
Un monopati plus conventionnel
Vue rétrospective sur le sentier emprunté…
…et la baie d’Ormos Korthyou
Le village de Kochylou
Depuis Kochylou, une deuxième section toute aussi agréable nous conduit jusqu’au sommet du Paleokastro. S’y étalent les ruines d’un ancien château vénitien. On comprend l’intérêt qu’il y eut à édifier ici une forteresse : du haut de la montagne, on dispose d’une vue imprenable sur les environs.
Le sommet du Paleokastro
Le chemin reliant Kochylou au Paleokastro
Vue sur le sommet
La chapelle bâtie sur les contreforts du sommet
Les ruines du château
Du point culminant, un point de vue imprenable sur la mer Egée…
…la suite de notre parcours…
…et la chapelle en contrebas
La troisième section de la randonnée, qui relie la colline du Paleokastro au village de Sineti par la vallée de Dipotamata, est incontournable pour qui visite Andros. Un monopati aux lacets magnifiques nous permet de descendre jusqu’à un cours d’eau qu’on franchit sur un de ces pont de pierre ancestral qu’on ne trouve qu’ici. Outre leur beauté, ces lieux nous sont bien utiles: nous profitons d’un bassin d’eau situé aux abords du pont pour laver, comme la veille, notre corps et notre linge.
La descente dans la vallée de Dipotamata
Le début de la descente
Nous plongeons dans la vallée
Les lacets splendides du sentier
Au cœur de la vallée
Le pont de Dipotamata
Ivonig en pleine toilette
Le reste de la journée est moins captivant. Nous remontons vers le village de Sineti et nous engouffrons dans la vallée suivante vers la Chora, l’emblématique capitale de l’île bâtie sur un éperon rocheux. Nous nous y restaurons puis hésitons à acheter un paquet de semoule que nous trouvons dans une des supérettes. En ayant encore suffisamment, nous préférons attendre avant de recharger la bouteille. Bien mal nous en a pris : nous n’en avons plus jamais trouvé jusqu’au terme du séjour ! Une fois nos réserves en semoule épuisées, n’ayant pas de réchaud, nous avons donc du nous contenter, sur nos lieux de bivouac, de diverses variantes de la salade grecque.
Gros raté donc. En revanche, le repas que nous prenons au bord de la mer est une franche réussite. Le ventre plein, nous grimpons vers Apikia, où nous souhaitons passer la nuit. Arrivés aux abords du village, dans un vallon riche en eau, nous cherchons une chapelle au bord de laquelle bivouaquer. Celle que nous visions en premier lieu est jonchée de crottes ; heureusement, le frérot en débusque une seconde en suivant à l’instinct un chemin peu évident. Nous y passons notre première véritable nuit sur un parvis.
Le final de la journée
Une jolie portion du chemin vers Sineti
La Chora, juchée sur son éperon rocheux
Le large kalderimi menant à Apikia
Notre lieu de bivouac, pris de nuit…
…et au petit matin !