Notre soirée au bord de la mer Egée démarre sous les meilleurs auspices : après une journée dans les chaleurs de la Thessalie, nous nous baignons longuement dans une eau tiède, avec vue sur le château de Platamonas.
Alors que nous nous relaxons en séchant, un Allemand en parapente manque sous nos yeux son atterrissage et se retrouve planté dans un arbre dont il arrache une branche. Plus de peur que de mal, et une bonne rigolade pour la route.
Au bord de la plage de Panteleimonas
Notre emplacement…
…au bord de la plage
Au sud de la plage, le château de Platamonas
L’arbre saccagé par l’Allemand
Les choses se gâtent au moment où nous nous partons dîner dans une taverne proche. La pluie démarre, plus ou moins drue ; d’ici le surlendemain, elle n’arrêtera pas de nous importuner. Nos tentes se font arroser toute la nuit et il pleut tellement au lever du soleil que nous hésitons un instant à partir en direction de Prionia, site de départ de l’ascension du mont Athos.
Nous nous élançons finalement en début d’après-midi et profitons d’une accalmie momentanée pour avaler sous un léger crachin les 1000 bons mètres qui séparent le parking de Prionia du refuge Spilios Agapitos, sur un sentier forestier sympathique, sans égaler toutefois ceux de Zagori.
Vers le refuge de Spilios Agapitos
Le parking de Prionia
Le début du sentier forestier
De nombreuses salamandres se baladent sous nos pieds
Les feuillus laissent place aux conifères
Vues sur les flancs du mont Olympe
La forêt se dégarnit
Le premier névé que nous traversons
Vue rétrospective sur ledit névé
Nous comptons passer la nuit dans le refuge et le lendemain, gravir d’abord les 800 mètres nous séparant du Mytikas puis redescendre jusqu’à notre voiture, garée presque 2000 mètres plus bas. Programme classique que nous aurions accompli sans accroc par temps clément. Seul problème, la mauvaise météo que nous subissons depuis la veille a occasionné d’importantes chutes de neiges dans les hauteurs, comme le laissait penser le brouillard opaque qui nous entoure depuis que nous avons dépassé la barre des 2000 mètres d’altitude. A notre réveil, la gardienne du refuge nous apprend qu’il a neigé toute la nuit, plus encore que la veille, et qu’il est illusoire d’espérer dans ces conditions atteindre le sommet du Mytikas.
Nous nous lançons tout de même à l’assaut des cimes, au cœur d’un brouillard glaçant, accompagnés des nombreux chiens qui vadrouillent autour du refuge. Jusqu’à 2500 mètres, le sentier reste praticable, même si l’on n’y voit pas à plus de dix mètres. Nous conservons quelque espoir jusqu’à ce qu’un couple de Russes surgissant des hauteurs nous prévienne qu’il s’est arrêté quelques mètres plus loin, une neige glissante recouvrant le tracé.
Chiens et brouillard
Un chien qui nous accompagnera également dans la descente
Les deux autres membres du trio de canidés
Le brouillard devient totalement opaque
Le trio de chiens entourant Ivonig
Nous nous hissons jusqu’à l’endroit qui a poussé les Russes à abandonner et continuons plus avant. A mesure que nous avançons, la trace devient de moins en moins discernable, du fait du brouillard comme de la neige qui la recouvre. Seuls quelques poteaux nous permettent de garder le bon cap.
Peu avant la barre des 2700 mètres, nous atteignons une crête ; sur son autre versant, une immense falaise se perd dans les brumes. Nous sommes sur une arête secondaire rejoignant au niveau du Skala, 200 mètres plus haut, l’épine dorsale du massif de l’Olympe, qui file du Skolio au Mytikas, ses deux points culminants.
Nous nous engageons sur les pentes enneigés menant au Skala dans un brouillard toujours plus opaque. Il n’y a plus le moindre indice de la trace qu’il faut suivre ; de fait, nous la créons nous même à travers une couche de neige qui nous recouvre parfois les jambes jusqu’au mollet. De temps en temps, un poteau nous rassure sur notre orientation. Cela n’empêche pas Sacha d’avoir de plus en plus de réticences à avancer. J’insiste cependant, jusqu’à ce que nous atteignions un panneau couvert de neige indiquant que nous sommes au niveau du Skala, à 2866 mètres d’altitude. Nous voilà sur la crête principale du mont Olympe !
Pour nous hisser jusqu’au Mytikas, quelques dizaines de mètres plus haut, il nous faudrait avancer à travers un chaos rocheux, avec quelques passages d’escalade et de désescalade. Par beau temps, cela ne poserait aucun problème ; avec le brouillard, la neige verglacée recouvrant les parois, un matériel basique, notre inexpérience et notre méconnaissance totale du parcours, l’entreprise est risquée, voire suicidaire. Nous devons revenir sur nos pas, non sans avoir immortalisé un instant somme toute assez épique : nous n’avons peut-être pas joint le sommet du mont Olympe, ni jouit d’aucun panorama durant la montée, mais avons tout de même atteint son épine dorsale en traçant nous-même notre route et par un temps épouvantable. Pas mal pour une première à cette altitude de deux membres de notre trio !
L’ascension du mont Olympe
Notre trace, de plus en plus enneigée
Vue rétrospective sur la crête secondaire où nous avons fait halte
Sacha posant sur le revêtement enneigé
La neige s’épaissit ; un peu plus loin, nous nous y enfonçons à chaque pas
Le sommet du Skala
Le début de la ligne de crête déchirée menant au Mytikas
Ivonig et Sacha me rejoignant au sommet
Notre trio devant le panneau indiquant le sommet du Skala
Durant la redescente, le brouillard se lève quelques instants ; un vague panorama sur les pentes du mont Olympe et sur le sommet du Skolio récompense notre effort. Au même moment, nous apercevons un randonneur en contrebas, qui semble tout heureux de venir à notre rencontre. Parti avant nous du refuge, il s’est complètement perdu dans le brouillard, a entrepris au hasard l’ascension de la mauvaise montagne et vient à peine de retrouver sa route. Nous lui confirmons qu’il est sur la bonne voie et reprenons la descente.
Dans la descente
Le début de la descente, où nous suivons la trace créée à l’aller
Nous faisons une pause sur la crête secondaire
Sur l’autre versant : une profonde falaise
L’instant où le brouillard se lève
Vue sur le sommet du Skolio durant ce bref intermède
Après une longue pause au refuge, nous exécutons le dernier effort de nos huit jours de marche dans le nord de la Grèce : la descente vers le parking de Prionia, bordé d’un restaurant où nous prenons un repas chaud. Nous attend une soirée de végétation sous une pluie battante et une journée entière consacrée à l’habituel et horripilant voyage retour à nos prisons urbaines.