Notre deuxième jour de marche est axé autour de la traversée de la gorge de Vikos, qui est tout simplement plus profonde du monde; en son centre, ses parois se dressent sur 1000 mètres de hauteur !
Programme grandiose sur le papier, un peu moins dans la réalité, la progression en fond de vallée, dans un tapis de végétation parfois opaque, ne permettant pas de se rendre complètement compte des dimensions extraordinaires du canyon. Ce n’est qu’en fin de marche, quand nous resurgirons de la gorge pour à destination du village de Vikos, que nous prendrons pleinement conscience de sa grandeur. D’où ce fait paradoxal : de nos cinq journées de marche au Zagori, la deuxième, ayant pour théâtre son site le plus spectaculaire, est à mes yeux la moins impérissable.
En rouge, le tracé de notre deuxième jour de marche
C’est sous un grand ciel bleu que nous levons notre bivouac et retournons à Vitsa, où mes collègues ingèrent leur café matinal. Dans la foulée, nous rallions, par un sentier forestier enchanteur pris à l’improviste, le village de Monodendri, dont les ruelles sont à mes yeux les plus pittoresques de tous les Zagoria.
Vers le village de Monodendri
La place de Vitsa où nous petit-déjeunons, après avoir dîné la veille ; nous faisons du canidé y rodant un nouveau camarade
Vue sur Monodendri, de l’autre côté de la vallée
Le chien de Vitsa nous guide sur le sentier forestier menant à Monodendri
La place centrale de Monodendri, avec son traditionnel platane
L’église du village
Une rue typique du village
L’entrée du théâtre
A l’intérieur du théâtre
Avant de plonger dans la gorge de Vikos, nous faisons un aller-retour vers le monastère d’Agia Paraskevi, planté à flanc de falaise et gardé par trois entrées successives.
Le monastère d’Agia Paraskevi
Vue, depuis la route du monastère, sur la vallée de Mezaria, et à sa droite, sur la colline de la Granista gravie la veille
La première entrée du monastère, avec les bannières de l’église orthodoxe et de la Grèce
La seconde entrée
L’étroit corridor, à flanc de falaise, menant à la troisième entrée
Le monastère proprement dit
De retour à Monodendri, nous rechargeons nos gourdes et nous engageons enfin dans la gorge de Vikos, par un sentier rocailleux abrupt où la prise d’appui est difficile. Quelques belles perspectives sur la gorge récompensent notre effort d’équilibriste.
La descente dans la gorge de Vikos
Le sentier abrupt qui plonge dans la gorge
Aperçu de la gorge ; au loin, on devine un embranchement où débouche la gorge perpendiculaire de Megas Lakkos
La paroi est de la gorge ne dépasse pas encore les 500 mètres de hauteur
L’arête entre la gorge de Vikos (à gauche) et la vallée de Mezaria (à droite)
La paroi ouest, moins élevée mais plus verticale que la paroi est
La fin de la descente est plus douce
Arrivé sur un replat, nous profitons d’une portion à découvert pour admirer quelques belles perspectives sur la première partie de la gorge de Vikos. Par la suite, la végétation se densifie, rendant les vues moins enchanteresses. Quant à notre effort, il est plus intense que je l’avais prévu, le sentier étant bien moins plat que ce que les cartes laissaient présager. A des sections en creux de gorge en succèdent d’autres dans des escarpements de la paroi occidentale. Une telle alternance nous contraint à monter, descendre, remonter et redescendre jusqu’à ce que nous ayons atteint l’embranchement entre la gorge de Vikos et celle de Megas Lakkos. Dans cet élargissement du canyon s’étend le plan d’eau de Klima, au bord duquel nous nous installons pour déjeuner.
Vers le plan d’eau de Klima
Vue sur la première partie de la gorge de Vikos depuis la vallée
Le sentier accidenté à flanc de falaise
L’arête entre la gorge de Vikos (à gauche) et la gorge de Megas Lakkos (à droite)
Le plan d’eau de Klima
Vue sur la deuxième partie de la gorge de Vikos depuis le plan d’eau
Au-delà de l’embranchement avec Megas Lakkos, le sentier devient plus reposant. Par moment, il louvoie même à plat dans des clairières herbeuses. Lorsque la vue se dégage, on peut admirer les falaises gigantesques de la paroi est de la gorge ; c’est ici qu’elles atteignent leur hauteur maximale, de l’ordre de 1000 mètres. Dans les derniers arpents de cette phase apaisante, nous passons sous un escarpement original, composé d’une miriade d’aiguilles minérales resserrées de quelques dizaines de mètres de haut. Un peu plus loin, nous arrivons au terme du canyon principal; nous attend un final plus physique.
Au cœur de la gorge de Vikos
Le sentier filant dans une clairière
Les falaises les plus élevées de la gorge
Au loin apparaît un amas de pinacles rocheux…
…dont voici un détail
Vue rétrospective sur les pinacles et les falaises immenses de la paroi est
Il s’agit à présent de gravir la paroi ouest de la gorge à un endroit où elle s’effondre, de sorte à nous réfugier pour la nuit dans le village de Vikos. L’ascension s’effectue sur un sentier magistral, bordé de fleurs et offrant des panoramas exceptionnels, vers la source de Voidomatis, la gorge de Vikos, les Tours de l’Astraka, la vallée de Lakkos Amarouda et le massif de Tsouka. Alors qu’un Sacha en forme avale la pente à grande vitesse, je prends le temps de la contemplation, non sans violenter mon médiocre appareil photo.
L’ascension vers le village de Vikos
A gauche, la pente que nous nous apprêtons à gravir
Au cœur de l’ascension ; le sentier s’infiltre dans la brèche située à gauche avant de remonter vers le village
Vue sur la vallée, la source de Voidomatis et la chapelle de Panagia
Vues rétrospectives sur la gorge de Vikos jusqu’à l’embranchement avec celle de Megas Lakkos
A Vikos, nous savourons quelques panoramas supplémentaires depuis un belvédère aménagé.
Depuis le belvédère de Vikos
Ivonig et moi nous reposant sur le belvédère aménagé
Sacha en fait de même
Vue vers le sud-est et la gorge de Vikos
Vue vers l’est et la plus massive des Tours de l’Astraka ; au milieu à gauche, la façade rougeâtre du Kokkino Lithari, que nous apprivoiserons le lendemain
Vue vers le nord-est jusqu’à la crête de Koutsomitros, culminant à gauche au sommet de Tsouka ; à mi-pente, le village de Mikro Papingo
Repus de visions enchanteresses, nous rejoignons l’auberge où nous avons réservé trois places. La cuisine y est copieuse, la chambre exiguë et poisseuse ; j’y ai assez mal dormi, en tout cas moins bien que la veille, sur le parvis de la chapelle de Vitsa.