Au-delà du Point Sublime, nous passons des prégorges aux gorges proprement dites.
En rouge et bleu, nos deux demi-journées de marche au coeur des gorges
Des dizaines de voitures et de minibus sont garés le long de la route qui conduit à l’entrée des gorges. Elles appartiennent aux centaines de touristes, parmi lesquels beaucoup d’Allemands, qui parcourent le sentier Blanc-Martel dans son sens descendant, au départ du refuge de la Maline. En ce milieu d’après-midi, le gros de leur cohorte achève sa marche. Pénétrant en sens inverse dans les gorges, nous allons devoir progresser à contre-courant pendant une bonne heure.
L’entrée dans les gorges
Le chemin qui relie le Point Sublime à la route goudronnée…
…à flanc de falaise
Vue sur les gorges peu avant de déboucher sur l’asphalte
Les gorges vues de la route
Vue rétrospective sur l’entrée des gorges
Dès le départ, le sentier Blanc-Martel traverse de longs tunnels creusés dans la falaise formant la berge occidentale du Verdon. La paroi de ces tunnels est parfois percée de fentes laissant passer la lumière, par lesquelles on peut observer de près des passages si étroits de la gorge que le Verdon peine à s’y infiltrer. Passé le dernier tunnel, nous progressons sur un sentier accidenté filant plein sud dans un encaissement de la falaise. Les panoramas s’enchaînent sur des pentes tapissées d’une flore aux teintes automnales.
Le début du sentier Blanc-Martel
L’entrée du premier tunnel
Le lit étroit du Verdon, vu d’une des percées implémentées dans les tunnels
Un touriste nous prend en photo sur un belvédère édifié à la sortie du dernier tunnel
Le Verdon vu de ce belvédère
La suite du sentier, qui progresse parfois entre les arbres…
…d’autres fois en bordure de falaise
En contrebas, le Verdon
Un coup d’œil en arrière
Le flot des marcheurs se tarit au moment où nous approchons un escalier métallique de 250 marches permettant d’accéder au belvédère de la Brèche Imbert. Ce site impressionnant de verticalité marque le virage vers l’ouest du Verdon. C’est dans une solitude totale que nous profitons du spectacle ; nous ne croiserons d’ailleurs plus un randonneur d’ici la fin du sentier Blanc-Martel, un privilège que nous avons apprécié à sa juste mesure.
Le belvédère de la Brèche Imbert
L’escalier menant au belvédère
Vue du belvédère sur la Brèche Imbert…
…et sur la gorge parcourue
Un kilomètre au-delà du belvédère, le sentier jusqu’ici assez aérien rejoint les berges du Verdon. C’est dans les parages que se trouve la Baume aux Boeufs, une faille de la paroi ayant formé une grotte assez large et profonde pour y tasser une douzaine de candidats au bivouac. Nous y aurions dormi à même le sol s’il n’était pas couvert d’une épaisse couche de poussière. Afin de nous en protéger, nous préférons monter la tente, que nous tendons pour la première fois avec nos bâtons de marche. Le système paraissant solide, nous gagnons les rives du Verdon, dans lequel nous prenons un bain plus glacial encore que celui que nous nous sommes infligés à Zagori.
Le bivouac dans la Baume aux Boeufs
Les berges du Verdon
La Baume aux Boeufs
Les gorges vues de la grotte
Notre bivouac
Une marche matinale de quelques kilomètres nous amène en contrebas du refuge de la Maline. Nous y monterons plus tard dans l’après-midi ; pour l’instant, nous nous dirigeons vers la passerelle branlante de l’Estellier. Elle va nous permettre de traverser la gorge et d’opérer une boucle sur sa paroi sud, au fil de deux sentiers légendaires, celui du Vidal, dont certains segments s’apparentent à de l’escalade, et en guise d’introduction, celui de l’Imbut, dont nous appréhendons les passages vertigineux.
Du sentier Blanc-Martel à celui de l’Imbut
La balade matinale sur le sentier Blanc-Martel
Un arbre au bord du chemin
En contrebas, le Verdon dépasse une grande cavité
La passerelle de l’Estellier
Le début du sentier de l’Imbut
Il longe des gorges de plus en plus resserrées
A peine avons nous déboulé sur le sentier de l’Imbut qu’un panneau nous prévient des dangers encourus et nous déconseille de persévérer. Nous pensons avoir affaire à une simple recommandation ; nous apprendrons plus tard que c’était une interdiction formelle, les deux fameux sentiers ayant été temporairement fermés suite à une dégradation de leur trace.
Nous outrepassons l’avertissement écrit et nous engageons plus avant, franchissant quelques passages problématiques à l’aide de planches de bois, d’échelles et de cordes. Leur difficulté va croissante jusqu’à ce que nous atteignions, aux abords du Styx, la voûte de Maugué, un site splendide où la falaise s’avance carrément au-dessus du Verdon. Se situe ici le segment le plus emblématique du tracé : un long et étroit couloir creusé dans la paroi, dans lequel on évolue à l’aide de cordes. Les premiers mètres sont vertigineux mais bien sécurisés ; le final est plus douteux, le sol s’étant tellement érodé qu’il n’y a parfois plus d’endroit plat où poser le pied. Rien d’insurmontable toutefois pour qui n’est pas sujet aux vertiges.
Les passages à risque du sentier de l’Imbut
On emprunte parfois des échelles…
…d’autres fois des passages encordées…
…avec une vue constante sur le Verdon
La section la plus étroite
Le final de ce passage, seul moment pouvant poser problème aux hésitants
Vue en arrière sur les derniers mètres du passage problématique
La suite du sentier est tranquille. Assez rapidement, on atteint la paroi où démarre le sentier Vidal. Nous nous y engagerons au retour ; pour l’instant, nous continuons notre marche jusqu’à l’Imbut, endroit où la gorge se resserre tellement que le Verdon y disparaît et poursuit sa course dans des cavités souterraines seulement accessibles aux canoéistes courageux. Face à l’Imbut, une plage de galets où nous déjeunons dans l’isolement le plus complet.
Le déjeuner au bord de l’Imbut
Le Verdon file vers l’Imbut
L’Imbut
La plage de galets
Les gorges vues de la plage
Revigorés par notre heure de pause, nous revenons au départ du sentier Vidal, une éprouvante section d’escalade aménagée pour pouvoir être effectuée par de simples randonneurs. Sur le plan du vertige, ceux qui auront été au bout du sentier de l’Imbut n’auront aucun mal à gravir le Vidal. C’est du point de vue physique que l’ascension peut poser un problème spécifique, l’effort à produire étant bref mais maximal.
Le sentier Vidal
Ivonig dans la première paroi où s’infiltre le sentier
Vue en arrière sur le début du sentier
Ivonig dans les passages les plus marquants
Une échelle vers la fin du sentier
La difficulté finale
La récompense : une vue merveilleuse sur la falaise de Baucher
Dans le replat final du sentier Vidal, nous savourons l’effort accompli depuis la veille au creux des gorges. Outre la beauté intrinsèque des trois sentiers arpentés, c’est leurs profils profondément différents qui rend leur enchaînement si appréciable. D’ici son terme, notre trek va muer de nouveau, puisque nous n’allons presque plus quitter les hauteurs du canyon.