La partie du trek dans les hauteurs du canyon est axée autour du sentier du Bastidon, dernière voie renommée à notre programme. Elle se situe au-delà de l’Imbut, en haut des falaises bordant la rive droite du Verdon. Étant sur la paroi opposée, nous devons au préalable retourner à la passerelle de l’Estrellet, seul moyen de franchir la rivière.
En bleu et rouge, les deux demi-journées de marche dans le canyon
Notre boucle retour emprunte une section reposante du GR99 traversant la Grande Forêt sur des pistes puis des chemins. Dans ces sous-bois, nous profitons plus que jamais du dégradé de couleurs des feuillages.
La traversée de la Grande Forêt
Un dernier coup d’oeil sur la falaise de Baucher…
Et nous grimpons vers la piste transversale du GR99
La parure automnale de la Grande Forêt
Le GR99 nous dépose à l’auberge des Cavaliers, d’où une sente abrupte plonge vers la passerelle, au creux des gorges, et en ressort de l’autre côté au niveau du refuge de la Maline. En l’absence d’eau potable, nous y achetons deux bouteilles puis repartons vers l’ouest sur de vagues sentes forestières nous permettant d’éviter la route. La zone que nous traversons alors, en surplomb de la D23, comporte plusieurs spots de bivouac parfaits, avec vue sur les gorges. Nous poursuivons tant bien que mal notre avancée jusqu’à la ferme de la Maline et repiquons alors vers la route afin de contempler le canyon depuis quatre belvédères successifs qui la bordent.
D’une paroi à l’autre
Le début de la descente, près de l’auberge des Cavaliers
Vue sur la gorge dans les premiers arpents
Retour sur la passerelle de l’Estellier
Le sentier grimpant vers le refuge de la Maline…
Vue en arrière sur l’auberge des Cavaliers
Le refuge de la Maline apparaît devant nous
La ferme de la Maline
Le canyon vu d’un des belvédères
Au-delà du belvédère de Bau Béni démarre le sentier du Bastidon. Quittant le goudron sans regret, nous filons vers l’ouest sur une voie accidentée. Un randonneur qui déboule à toute vitesse dans l’autre sens nous prévient qu’il nous reste une bonne trotte d’ici le camping de Cabrière, situé au terme du sentier. La nuit ne va pas tarder ; nous devons presser le pas. La luminosité déclinante, notre vive allure et la fatigue accumulée nous empêchent de profiter pleinement des six kilomètres du Bastidon, pourtant admirables.
Le sentier du Bastidon
Une portion typique du sentier
Ivonig dans un passage à flanc de falaise impressionnant mais sans danger
Je m’y engage à mon tour
Ivonig me photographie depuis la suite du chemin
Nous déboulons au crépuscule dans un camping complètement désert. Plutôt que d’y planter notre tente, nous étalons notre couche dans les bâtiments collectifs, avec l’accord de la propriétaire venue nous rendre visite. C’est elle qui nous explique que les teintes splendides de la végétation des gorges ne sont pas normales: elles témoignent de la terrible sécheresse qui s’abat sur une région où il n’a pas plu depuis trois bons mois ! Cela nous étonne d’autant plus qu’en Bretagne, les précipitations n’ont pas cessé de l’été.
Un réveil trop tardif nous oblige à presser le pas dans le sentier remontant le ravin du Brusc jusqu’au plateau de Barbin. Nous y rejoignons le GR4, que nous allons plus ou moins suivre jusqu’à Moustiers Sainte-Marie, terme du trek. Quelques kilomètres sur des pistes en sous-bois nous déposent sur la crête de l’Issioule, en surplomb du canyon. Peu après, le Verdon se jette dans le lac de Sainte-Croix. Nous pouvons observer cette retenue artificielle de la crête de l’Ourbes, où nous nous sommes hissés depuis le col de l’Âne par un violent raidillon.
Le chemin de crête se poursuit en faux-plat-descendant jusqu’à hauteur de la ferme de Bellière. Dans la sente rocailleuse qui plonge alors vers la vallée, Ivonig entreprend de tester ses capacités. Lui qui a toujours eu du mal dans les descentes se sent plus en confiance grâce aux bâtons que nous nous sommes enfin procurés avant le trek. Il décide de dévaler à bloc le raidillon. Je tente en vain de lui emboîter le pas. Moi qui avais l’habitude de lui fausser compagnie dans la moindre descente technique, je n’atteins la vallée qu’avec trois ou quatre minutes de retard, bien que je me sois mis en danger et ai manqué de chuter à plusieurs reprises. L’épisode convainc définitivement mon frère de la bénédiction que sont pour lui les bâtons de marche, même si l’effort spécifique qu’ils demandent à mis à contribution des muscles de nos mollets jusque-là peu sollicités et donc peu entraînés.
Dans les hauteurs du canyon
Le canyon vu au petit matin du belvédère de Maireste jouxtant le camping
L’ascension du ravin de Brusc
A mi-chemin, vue en arrière vers la ferme de Maireste
La crête de l’Issioule
La crête de l’Ourbes
Vue sur le lac de Sainte-Croix depuis les crêtes
Le début du raidillon qu’Ivonig s’apprête à dévaler
Le sentier se faufile entre les pitons rocheux
Une mante religieuse
Le lac de Sainte-Croix pris durant la descente
Après quatre jours parfaits, le final du trek sera moins réussi. C’est d’abord trois bons kilomètres de goudron qu’il faut avaler vers Moustiers Sainte-Marie, que nous atteignons trente minutes avant le passage du seul bus de la journée. Nous avons à peine le temps d’engouffrer un sandwich et écourtons à regret notre balade dans le splendide village et les collines alentour, que j’aurais aimé voir s’étendre sur plusieurs heures.
Le village de Moustiers Sainte-Marie
L’arrivée
La rue de la Bourgade
La chapelle Notre-Dame de Beauvoir, sommet du village
L’église Notre-Dame-de-l’Assomption
Après une vaine demi-heure d’attente à l’arrêt de bus, je me rends compte qu’il ne passe pas le jeudi. Nous voilà contraints de faire du stop, jamais très efficace quand on est deux hommes sales portant des sacs de randonnée. Même si la départementale est très fréquentée, il nous faut patienter une bonne heure avant qu’un automobiliste nous embarque, uniquement parce qu’il a reconnu en nous les deux randonneurs croisés la veille dans le sentier du Bastidon. Ce Parisien passionné de marche et d’alpinisme va rapidement obliquer vers Grenoble. Aussi nous dépose-t-il dix bornes plus loin, à Riez, qu’un bus relie à Aix-en Provence le lendemain matin.
La porte d’Aiguières à Riez
Après une demi-journée de repos dans le camping, c’est propre et reposés que nous nous dirigeons vers l’ancienne capitale du comté de Provence, pour une traditionnelle randonnée urbaine conclusive.