Mille bornes dans le Massif central (printemps 2018) – 15/31 – le causse Méjean

Le causse Méjean, plateau calcaire perché à plus de 1000 mètres, est délimité de tous côtés par de hautes parois ceinturées de rivières : à l’ouest et au nord, celle du Tarn ; à l’est, celle du Tarnon ; au sud, celle de la Jonte. C’est en longeant plus ou moins fidèlement les falaises surplombant cette dernière que nous traverserons le causse d’est en ouest.

En rouge, la traversée du causse Méjean (correspondant dans openrunner à la fin du jour 21 et au jour 22)

Au préalable, nous nous hissons sur le plateau depuis les rives du Tarnon, par un raidillon frayant son chemin dans les anfractuosités de la paroi.

L’ascension du causse Méjean

Une première grimpe vers le rempart naturel du causse

Nous dépassons la Viala de Grimoald

Un passage en balcon

Au-dessus du hameau de Croupillac…

Les pinacles rocheux parsèment le sentier

Vue sur les Cévennes entre deux de ces pics

Les derniers arpents de la grimpe

Ivonig contemplant les Cévennes depuis le bord de falaise

Au petit matin, nous rejoindrons le rebord sud du plateau et le longerons vers l’ouest ; pour l’instant, nous pénétrons quelque peu dans les terres en direction du Gargo, point culminant du causse, dont la silhouette arrondie se démarque à l’horizon. Nous en approchons hors-sentier, au travers d’immenses prairies herbeuses, saupoudrées ici ou là de buissons, d’arbrisseaux, de tas de caillasses et de clôtures qu’il nous faut régulièrement enjamber.

Du sommet du Gargo, nous pouvons contempler les immenses étendues herbeuses du causses, d’où n’émane pas la moindre trace de vie. Jamais auparavant nous n’avons goûté solitude plus complète.

A l’intérieur du causse Méjean

Nous nous éloignons des falaises dominant le Tarnon…

et nous enfonçons dans les pâturages…

au loin, le Gargo…

…que nous rallions hors-sentier

Le causse s’étire à notre droite

L’ascension tranquille du Gargo

Depuis le Gargo, vue vers la vallée du Tarnon dont nous provenons…

et vers les étendues vallonnées du causse

Du sommet, mon frère repère au sud, au milieu de nulle part, une pelouse propice au bivouac. Niché au fond d’une petite cuvette, l’emplacement est coquet, paisible, plat, confortable et protégé des bourrasques qui balayent le plateau. De plus, les buissons qui l’entourent contiennent assez de bois sec pour entretenir notre réchaud. On ne pouvait pas trouver mieux !

Le bivouac au pied du Gargo

L’emplacement vu du Gargo

Le bivouac

Des champignons géants

Au réveil, nous filons plein sud et butons sur le rebord du plateau au niveau du hameau de Villeneuve. Y passe le GRP « Tour du causse Méjean », qui file vers l’ouest, à distance variable des falaises dominant la vallée de la Jonte. Nous allons le suivre pendant près de 40 kilomètres, dont les premiers sont égayés par le le chaos de Nîmes-le-Vieux, une longue colline hérissée de rocs dolomitiques.

De Villeneuve au hameau de l’Hom

La ferme de Villeneuve

A ses abords, les premiers chaos rocheux.

Le GRP emprunte des routes goudronnées…

flanquées de collines chaotiques…

puis une piste herbeuse menant aux maisons de l’Hom

Au-delà de l’Hom, nous traversons avec plaisir un chaos que nous contemplions jusqu’ici à distance.

Le chaos de Nîmes-le-Vieux

L’approche du chaos

La traversée du chaos, sur un sentier magnifique

Une cuvette où la végétation prend le dessus sur la rocaille

Le reste de la journée sera moins passionnant. Non seulement nous évoluerons la plupart du temps sur des pistes voire des routes asphaltées, mais nous aurons aussi à subir les aléas du ciel, qui nous infligera de brèves mais récurrentes averses.

Nous retiendrons tout de même une huitaine de kilomètres en bord de falaise nous ayant donné un premier aperçu de la vallée de la Jonte et des gorges qui commencent à s’y former. Au milieu de cette séquence, au moment où nous surplombons la ville de Meyrueis, nous aurions pu opérer un détour d’une journée à destination du mont Aigoual, deuxième sommet des Cévennes et pointe méridionale du Massif central ; les nuages épais et l’orage violent qui martyrisent le massif depuis des heures nous en dissuadent définitivement.

Au bord des falaises dominant la Jonte

Le belvédère du Cayla

La vallée vue du belvédère…

Et des abords du hameau de Pauparelle

Le hameau de Pauparelle

Meyrueis

Le chemin qui suit…

longe les premières parois des gorges de la Jonte

A l’approche du hameau de Hyelzas, vue des gorges vers l’ouest…

et l’est

Durant l’après-midi, c’est moins le paysage que les villages traversés qui stimulent l’imagination.

Les hameaux caussenards

Le fromagerie de Hyelzas

Les Bastides

L’église de Saint-Pierre-les-Trippiers

Maisons du village de la Viale

Maison de Cassagnes

Après avoir crapahuté toute la journée, nous faisons halte près des arcs de Saint-Pierre, une série d’arches et de grottes dont les hommes firent autrefois des abris. Les cavités alentour sont trop poussiéreuses et exigues pour qu’on y bivouaque ; nous préférons monter notre tente dans une clairière.

Les arcs de Saint-Pierre

Une semaine passionnante en Lozère, un bel accomplissement physique avec 40 kilomètres avalés sans forcer depuis le réveil et 75 en 2 jours : j’ai le moral au beau fixe. Pas mon frère, qui me révèle pourquoi : il ressent depuis quelques heures une douleur étrange à la cuisse droite, apparue durant un sprint vers le bistrot de l’Aven Armand, alors que nous cherchions à nous abriter d’une averse.

A mesure que le muscle d’Ivonig se refroidit, la douleur augmente ; un bref examen nous fait craindre l’élongation. La poisse ! Pile le jour où nous atteignons la moitié du trek, où nous dépassons notre record de jours de marche, tout en étant plus en forme que jamais ! Mon frère craint pour la suite du voyage ; je ne parviens pas à le rassurer et nous nous endormons la boule au ventre.