Si nous voulons concilier la traversée de l’Aubrac du sud au nord avec un passage par la section fameuse du chemin de Compostelle reliant Nasbinals et Saint-Chély-d’Aubrac, il nous faut au préalable traverser le plateau d’est en ouest.
En rouge notre traversée du haut plateau (correspondant au jour 28 et au début du jour 29 sur openrunner)
Nous nous hissons sur le plateau en suivant, avec quelques improvisations malvenues, le tracé du GR60, guère plus stimulant que celui du GR6, par lequel nous avons traversé le causse de Sauveterre. Seul son segment intermédiaire, entre Saint-Germain-du-Teil et les Salces, est vraiment plaisant. Par la suite, il s’enfonce dans une forêt dont le charme s’est évaporé sous l’action des sylviculteurs, qui ont selon leur coutume remplacé les feuillus par des pins et les sentes ancestrales par d’horribles voies carrossables. Les skieurs de fond s’y retrouvent, pas nous.
L’ascension de l’Aubrac
Une dernière vue sur le causse de Sauveterre…
…et la vallée du Lot
Au sommet intermédiaire du puech Debon apparaissent à l’horizon les hauteurs du plateau
Dans l’immédiat, nous basculons vers Saint-Germain-en-Teil
Le hameau du Trébatut, au cœur d’un vallon pittoresque
Un témoignage du travail de sape des bûcherons : à gauche, la piste carrossable ; à droite, un bout de l’ancienne voie pavée qui n’a pas été recouvert ; autour, des pins sans âmes
C’est fatigué par une ascension de 25 kilomètres et 1100 mètres de dénivelé que nous déboulons sur le plateau de l’Aubrac. A peine avons-nous le temps d’apprécier ses prairies dépouillées qu’une violente averse nous force à nous réfugier dans l’auberge de Bonnecombe, seul bâtiment habité à des kilomètres.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, il est difficile de trouver un endroit où poser notre tente, le tapis herbeux étant partout gorgé d’eau. Nous croyons pouvoir nous installer dans un buron bordant l’étang marécageux de Bonnecombe ; il est trop poussiéreux, et après y avoir cuisiné une soupe de riz, nous poursuivons la route jusqu’au refuge gardé des Rais, où un groupe de randonneurs du week-end festoie en ce samedi soir. Apitoyée de nous voir débarquer sous une bruine glaçante, la tenancière nous conseille de poser notre tente dans son jardin, qu’une clôture électrique protège des vaches trop curieuses. C’est parti pour la nuit de bivouac la plus humide du séjour, le brouillard qui succède au crachin trempant plus encore la paroi de notre tente.
Sur le plateau de l’Aubrac
L’arrivée sur le plateau
L’auberge de Bonnecombe où nous nous abritons
Ivonig cuisine dans le buron
L’approche du refuge des Rais…
…près duquel nous bivouaquons
Quelques vaches venues nous tenir compagnie au cours de la nuit
Réveillé par les meuglements réguliers des vaches, nous faisons notre sac dans une brume épaisse qui risque de gâcher notre passage au signal de Mailhebiau, distant d’à peine deux kilomètres. Nous patientons donc dans le refuge, dont les occupants affables nous font partager leur petit-déjeuner.
Le refuge pris dans le brouillard matinal
Une heure plus tard, la situation est inchangée ; nous nous élançons tout de même et errons dans une purée de pois à la recherche de la table d’orientation marquant le sommet de l’Aubrac, que nous trouvons au milieu d’un champ anodin, sans que le brouillard persistant nous permette d’en profiter. Il se lèvera un peu plus tard, au moment où nous dépassons la croix de la Rode. Mes photos des panoramas qui se dévoilent alors n’ont pas été enregistrées ; nous n’en avons qu’une seule, prise par mon frère :
Quelques kilomètres plus loin, une ancienne voie romaine perce à travers la forêt domaniale d’Aubrac, à la sortie de laquelle la vue porte sur des dizaines de kilomètres. Notre contemplation ne cesse qu’à l’entrée dans le village d’Enfrux.
Enfrux
Des hauteurs du village, perspectives sur le sud-ouest…
…et l’ouest de l’Aubrac
Quelques maisons du village
Le sentier qui descend d’Enfrux à Saint-Chély d’Aubrac nous séduit d’autant plus que cela fait trois bonnes journées que nous n’avançons que sur des routes, des pistes ou à travers champs.
Un sentier idyllique
Un démarrage touffu…
…un segment en lisière de champ…
…un autre entre les genêts, alors qu’apparaît un premier pan de mur…
…et c’est parti pour deux kilomètres exceptionnels entre des murets en pierre couverts de mousse…
…avec des vues épisodiques sur la vallée de la Boralde
Au creux de la vallée, notre chemin croise celui de Compostelle, que nous allons à présent remonter pendant vingt kilomètres.