La deuxième semaine de marche commence avec le gros morceau du trek, les Hautes Tatras, véritable forteresse minérale dont les innombrables pics acérés, dépassant pour une vingtaine d’entre eux les 2500 mètres, surgissent comme un bloc compact des collines slovaques.
L’impressionnant ensemble vu de Poprad
Les Hautes Tatras servent de frontière entre la Pologne et la Slovaquie. C’est le côté slovaque que j’explore en premier lieu.
En rouge, le parcours dans la partie slovaque
Comme René94, je m’élance de la gare de Tatranská Lomnica.
Je m’éloigne au plus vite de cette station de ski sans intérêt, tous comme le sont les premiers kilomètres de marche sur des pistes aménagés pour le tourisme hivernal. Mon premier objectif est la haute vallée de Kermarska, la plus orientale du massif, d’où j’apprécie de près, par un temps idéal, les premières cimes des Hautes Tatras, dont certaines sont incluses dans des réserves naturelles interdites aux hommes.
Dans la haute vallée de Kermarska
Les Hautes Tatras vu des complexes hôteliers de Tatranská Lomnica
Surgissant des sous-bois…
…une série de pics
…dont le plus saillant est celui de Lomnický…
…et le plus esthétique celui de Jahňací
La réserve naturelle de Belianske
La fabuleuse séquence…
…s’achève sur les rives du lac de Biele
Un sentier en balcon conduit au refuge au refuge du lac Zelene, niché au cœur d’un cirque impressionnant.
Le chalet du lac Zelene
La tunnel de végétation y menant
Vue sur le chalet…
…et le cirque qui l’entoure
Délesté de mon sac, je consacre l’après-midi à un aller-retour vers le seul sommet du cirque accessible aux randonneurs, celui de Jahňací.
Le pic de Jahňací
Ses parois abruptes
Le vallon que je remonte, vu d’en bas…
…et du col
Du sommet, vue vers le sud et le pic de Lomnický…
…l’ouest et le cœur des Tatras…
…le nord-est et la réserve de Belianske…
…enfin le sud-est et les basses vallées dont je proviens
Le bivouac est interdit dans les Hautes Tatras, et les cabanes non gardées inexistantes. Tous ceux qui respectent les règles dorment donc dans les refuges gardés, bondés et parfois relativement chers. Celui du lac Zelene est quant à lui très accessible, même en demi-pension.
Repas accompagné d’une chope de Kofola, un cola tchèque aromatisé aux herbes, très prisé en Slovaquie
Alors que la prochaine journée de marche, au cœur des Hautes Tatras slovaques, est sur le papier l’une des plus prometteuses du trek, la météo s’annonce médiocre. Je m’élance donc dès l’aube, histoire de maximiser les chances d’atteindre le plus lointain des trois refuges jalonnant l’itinéraire avant les premières brumes, et dépasse bien avant midi le premier d’entre eux.
Au-delà du chalet de Zamkovského
Le lac Zelene pris au réveil
Un sentier aérien…
…traverse par ses hauteurs la station de ski de Tatranská Lomnica…
…et poursuit sa voie à plat…
…jusqu’au premier refuge
Le temps se dégrade en effet, mais pas suffisamment pour me stopper. J’attaque sans attendre le raidillon qui mène à un second refuge, bâti au bord du lac Malé Spisske, au cœur d’une impressionnante cuvette minérale. Le refuge est plein ; si je veux y passer la nuit, je devrai attendre la fermeture du restaurant pour poser ma couche au sol, entre les tables, et ce pour le même prix que ceux qui dorment en chambre. Et bien sûr, interdiction de poser ma tente à l’extérieur ! Je préfère reprendre la route, encouragé par la dissipation temporaire des brumes.
Passage au refuge Teryho
Tout en haut, la cuvette où se terre le refuge…
…est prise par les nuages
Un court intermède dans une vallée fleurie…
…le contournement d’une cascade…
…et je m’enfonce dans le brouillard…
…jusqu’au refuge
Du refuge, vue sur la vallée…
…et les lacs alentours…
…qui occupent le fond d’un plateau rocheux grandiose
L’itinéraire menant au troisième refuge transite par un col aux contreforts abrupts, sur lesquels on progresse grâce à des chaînes et des marches en ferraille incrustées dans la roche. A la fin du sentier conventionnel, je rattrape deux randonneurs bloqués dans la neige, au pied d’une paroi dont les premiers aménagements sont distants de deux mètres. Ils me proposent d’ouvrir la voie ; je m’exécute timidement, choisis de mauvaises prises, chute piteusement d’un mètre dans la poudreuse, retente ma chance et parviens tant bien que mal à agripper la première chaîne. Mission à peu près réussie ! Je rattrape deux autres grimpeurs luttant dans les passages les plus techniques, franchis le col et file vers le chalet Zbójnícka à travers un paysage de pierriers et de lacs enneigés que je considère comme le plus enchanteur de tout le trek.
Un segment mémorable
Au bout de la vallée…
…se dresse le col hostile de Priečne
Détails des aménagements de la paroi
Mes compagnons de lutte
Du col, vue sur la vallée que je quitte…
…et celle à laquelle je me destine
J’y avance de pierriers…
…en rives enneigées…
…puis sur une voie pavée…
…qui file vers le troisième refuge
Les pluies annoncées sont épisodiques, ce qui m’incite à poursuivre ma route et à camper illégalement dans la vallée suivante. Un tel choix me permettrait d’aborder plus rapidement les pentes du Rysy, plus haut sommet accessible des Hautes Tatras et objectif du lendemain, mais la fainéantise prend le dessus et je pose ma couche à Zbójnicka.
Reparti à l’aube, je ne regrette pas mon choix, la zone que je visais, près des rives du lac Zamrznuté, n’étant pas vraiment propice au bivouac.
Approche matinale du lac Zamrznuté
Caché derrière des bosses herbeuses…
…le col de Prielom, presque aussi hostile que celui de Priečne
Ses parois sont également équipées
Passé le col, je domine j’aperçois le lac Zamrznuté…
…et contemple à l’horizon la cime du Rysy, sommet de la Pologne
Si le sommet du Rysy n’est distant que de 4 bornes à vol d’oiseau, il me faudra en avaler 15 de plus pour y accéder. En effet, je dois au préalable faire le tour de l’infranchissable montagne du Gerlachovský, plus haut sommet des Tatras, de Slovaquie et de toutes les Carpates ; un vaste contournement qui transite par la vallée Velická.
Dans la vallée Velická
Du haut de cet escalier interminable…
…je me retrouve face au Gerlachovský, sommet des Carpates
…et à la vallée Velická
Un sentier traverse la vallée…
…qui conduit au plus prestigieux établissement du massif, le Horsky Hotel Sliezsky Dom
…la vallée vue des abords de l’hôtel
Suit un sentier casse-patte sur la face sud du Gerlachovský ; il finit sa course sur les rives du lac Popradské, bordé d’hôtels et de restaurants. C’est d’ici que s’élancent chaque jour, vers la frontière polonaise, les centaines de randonneurs souhaitant gravir le Rysy par son côté slovaque.
Vers le lac Popradské
Un chemin d’abord tranquille…
…bifurque vite vers la haute vallée Batizovská…
…dominée par la pyramide du Končistá…
…puis redescend…
…vers le lac Popradské…
…et son complexe touristique
Sur le point de passer en Pologne, c’est sans regret que je prends congé de la toponymie slovaque!
Prononcez après moi: “Štrbské”
Ce que je regretterai plus, c’est une affluence touristique somme toute mesurée en comparaison de celle qui sévit côté polonais.