Traversée des Carpates slovaco-polonaises (juillet 2019) – 6/10 – les Hautes Tatras polonaises

C’est par le sommet du pays que je pénètre pour la première fois en territoire polonais. On ne pouvait imaginer entrée plus royale ! Ce passage au mont Rysy donne le ton des deux journées passées de ce côté de la frontière : des panoramas vertigineux, certes, mais du monde, du monde et encore du monde.

En rouge, le parcours dans les Hautes Tatras polonaises

L’affluence touristique sur les pentes du Rysy me pèse d’autant plus que je l’attaque fatigué, avec 15 bornes et 1000 mètres de dénivelé avalés au préalable, et à contretemps, en début d’après-midi, au moment où des centaines de randonneurs matinaux le descendent.

A l’assaut du mont Rysy

Une heure d’effort soutenu…

avec vue sur le Grań Baszt…

…et je domine déjà la vallée

Au niveau du lac Żabie, le mont Rysy apparaît à ma droite

En surplomb de l’immense pierrier…

…qui domine le lac…

…se dresse le Chata pod Rysmi, le plus haut refuge des Tatras…

…au-delà duquel les neiges prennent le dessus

Le refuge est bondé ; le sommet plus encore !

Au sommet des Tatras

On accède à la crête au col Váha

Bien qu’escarpé, le point culminant du Rysy est noir de monde

Du sommet, vue vers l’est du massif…

…le sud-est et les cimes déjà traversées…

…le sud-ouest, les basses terres slovaques et les Basses Tatras…

…et le chemin dont je proviens…

…l’ouest et la suite du massif, avec les Tatras occidentales en arrière-plan…

…le nord-ouest et le Morskie Oko, plus grand lac glaciaire des Tatras…

…enfin le nord et les étendues polonaises

Bien qu’une foule familiale s’y presse, le sentier qui descend côté polonais est assez technique, vertigineux et sa partie finale, gravillonneuse et très érodée, offre peu d’appuis à ceux qui ne disposent pas de bâtons. De nombreuses personnes sont en difficulté et un hélicoptère de sauveteurs tournoie en permanence dans les parages.

Une désescalade précautionneuse et j’échoue sur les rives de deux lacs successifs qui constitue l’objectif des Polonais les moins entreprenants. Il y a tant de monde qu’on doit parfois faire la queue pour avancer !

L’entrée en Pologne

Le début de la descente est très exposé

Dans le mur le plus technique…

…je dépasse des dizaines de personnes

J’approche deux splendides lacs glaciaires

…le Czarny…

…et dans une cuvette inférieure, le Morskie Oko

Au pied du second lac se dresse un chalet dont la cantine tourne à plein régime.

Le refuge du Morskie Oko

Je rechigne à passer une troisième soirée de rang dans une boîte à touristes où dormir tranquille tient de l’exploit, mais le camping vers lequel je poursuis ma route est réservé aux alpinistes. Épuisé par une marche de 30 kilomètres et 2000 mètres de dénivelé positif, je remonte au chalet et m’installe par défaut dans un dortoir où les ronfleurs se concurrencent pour pourrir une nuit que je préfère terminer dans le réfectoire.

Un Polonais et sa fille, qui m’ont invité à une partie de cartes

Un randonneur casse-cou aurait inclus la fameuse et meurtrière crête d’Orla Perć dans la randonnée du lendemain. A mon goût, ce sentier s’apparente trop à de l’escalade ; je préfère le contourner par les contreforts septentrionaux des Hautes Tatras, à destination du refuge de Murowaniec.

Au préalable, je dois apprivoiser un autre sommet séparant la Pologne et la Slovaquie, le pic de Szpiglasowy Wierch, d’où je profite sous un ciel parfaitement bleu de certains des plus beaux panoramas du trek.

L’ascension du Szpiglasowy Wierch

Passant près du mont Mnich, la paroi des Tatras la plus prisée des grimpeurs…

…un sentier enchanteur…

…me hisse sur un sommet qui ne l’est pas moins

Du sommet, vue sur le col et la bosse voisine de Miedziane…

…le lac inférieur de Temnosmrečinské…

…les Tatras occidentales…

…et la terrible crête d’Orla Perć, ici photographiée dans son ensemble

Au pied d’Orla Perć s’étend le majestueux lac Wielki.

Autour du lac Wielki

Vue d’ensemble

On y descend par une paroi escarpée…

…puis un pierrier…

…enfin une voie pavée tranquille

Pause déjeuner près du ruisseau qui l’alimente !

Des diverses voies qui permettent de franchir la crête d’Orla Perć, j’opte pour la plus ample et paisible, transitant par son extrémité orientale, le col de Krzyżne.

Passage au col de Krzyżne

Le sentier accidenté…

…s’élève au-dessus de la vallée de Roztoki

Des abords du col, vue d’ensemble des cimes entre lesquelles je louvoie depuis quatre jours…

…et du lac Wielki

Le col se situe à l’arrivée d’ Orla Perć, sentier dont la partie centrale ne s’emprunte que dans un sens

Deux bonnes sœurs y bénissent ceux qui achèvent le périple…

…puis retournent dans la vallée

Au nord, la montagne s’affaisse en deux cirques glaciaires dans lesquels je ne croiserai presque personne. Miracle !

Un moment de solitude

Le cirque du Chaudron jaune…

…est séparé par la petite bosse de Mala Kopka…

…de celui du Chaudron rouge…

…qui abrite l’étang de Czerwony…

…où s’abreuvent des chamois aussi peu craintifs que ceux des Basses Tatras

Entre de vieilles maisons en bois…

…l’imposant refuge de Murowaniec, où s’achève la journée de marche

Le refuge est complet. Un mal pour un bien : me voilà poussé à outrepasser les règles draconiennes qui sévissent dans les Hautes Tatras et à dresser ma tente dans une clairière discrète, loin de dortoirs animés que je ne supporte plus.

Au terme d’une nuit préservée des bruits de passages, messes basses et autres ronflements, je retourne sur la crête d’Orla Perć, en visant cette fois son terme occidental, porte de sortie des Hautes Tatras.

De retour sur la crête

Un détour par le col de Karb…

…d’où la vue est imprenable sur celui que je vise, niché au pied du Svinica…

…et je dépasse des étangs épars…

…jette un dernier coup d’œil sur les Hautes Tatras polonais…

…et m’engage sur l’arête immense qui prolonge celle d’Orla Perć …

…direction les Tatras occidentales !

Après quatre jours à transiter de vallée en vallée, je vais en passer deux sur une ligne de crête presque aussi peu reposante.