Quelle meilleure destination, pour un premier voyage en Allemagne et en République tchèque, que le massif gréseux de l’Elbe, ou Elbsandstein, une région à cheval sur les deux pays rendue légendaire par son entremêlement de gorges et de mesas, aux parois rocheuses et aux pinacles surréalistes sillonnés de multiples sentiers ?
Initialement, je comptais partir de Dresde, traverser la partie saxonne puis bohémienne du massif, enfin poursuivre la route jusqu’à Prague le long d’un chemin balisé dont je constate bientôt qu’il se destine plus aux cyclistes qu’aux marcheurs. Je préfère me rabattre sur un tracé conçu par René94, contributeur du site randonner-léger, qui relie Dresde à Ardspach par une succession de massifs faisant frontière entre l’Allemagne, la Tchéquie et la Pologne. Le dernier d’entre eux, les monts des Géants, culmine au Sniejka, sommet de la République tchèque, dont je fais le second objectif du voyage.
L’itinéraire de René94 présente cependant plusieurs limites : il ne s’attarde pas assez dans sa partie la plus prometteuse, la Suisse saxonne, transite plusieurs jours par des régions intermédiaires moins attirantes, enfin présente un kilométrage trop élevé pour les huit jours que j’entends y consacrer, le neuvième étant réservé à la visite de Prague. Au terme d’une longue réflexion cartographique, j’opte pour un voyage en quatre étapes, que je connecterai grâce au très pratique réseau de train tchèque. Le premier parcours, le plus étendu, explore tous les recoins de la Suisse saxonne puis traverse la Suisse bohémienne jusqu’à son bord oriental ; le troisième fait le tour des monts des Géants ; entre les deux, je fais un détour par le Paradis de Bohème, un massif gréseux moins sauvage mais plus riches en monuments que celui de l’Elbe ; enfin le dernier jour reste consacré à Prague.
Ces quatre marches auraient tenu toutes leurs promesses si elle n’avaient pas été perturbées par des averses gagnant en intensivité au fil des jours. Les précipitations constantes gêneront ma traversée de la Suisse saxonne, pourriront celle de la Suisse bohémienne, me laisseront un peu de répit dans le Paradis tchèque mais gâcheront littéralement la découverte des monts des Géants. Le brouillard recouvrant ces derniers sera si épais que je préfèrerai m’en extraire avec une demi-journée d’avance sur mes prévisions. Un mal pour un bien : le temps récupéré me permettra d’ajouter au voyage un cinquième acte, tout aussi humide, à destination du château de Karlstejn et de ses campagnes.
Les cinq étapes du voyage (liens openrunner 1, 2, 3, 4 et 5)
Si l’on fait abstraction des averses, j’ai apprécié chaque étape du voyage et en premier lieu mes pérégrinations en Suisse saxonne, sur des sentiers aussi fascinants mais plus exigeants que ce à quoi je m’attendais. J’y avais élaboré un itinéraire perfectible, cumulant trop de dénivelé et empruntant des voies non balisées parfois dangereuses, voire impraticables sans matériel d’alpinisme. Au final, je me suis souvent rabattu sur les chemins officiels, dont le plus célèbre est le Malerweg, le « chemin des peintres », dont j’aurais du, dès le départ, faire l’ossature de mon tracé, même si j’ai vécu mes plus beaux moments sur des sentiers secondaires.