Je profite d’un congé imposé à mon frère en mars 2020 pour embarquer notre duo dans un trek hivernal tardif. En cette saison, le climat, encore rude en Europe, est clément à Madère, île qui nous est encore inconnue, nous attirait depuis des années et qu’on peut rallier via le Portugal pour des clopinettes. La destination s’impose donc d’elle même.
Nous avons une petite dizaine de jours à disposition, quand la traversée de l’île d’ouest /est la plus directe et classique n’en demande que cinq ou six. J’établis donc un parcours plus étoffé, incluant un passage par les phares des deux extrémités et divers détours par les plus belles vallées qu’ignore l’itinéraire classique.
L’itinéraire finalement suivi en 9 petites journées (lien openrunner)
Si je devais classer la cinquantaine d’île européennes où j’ai baroudé, je placerais sans hésiter Madère à la première place. Elle fera fuir, à juste titre, les amateurs de fête, de farniente, d’architecture antique ou de villages perchés, mais pour les randonneurs, elle offre un terrain de jeu parfait, avec sa taille respectable, son climat doux, ses nombreux sites de bivouac, sa végétation subtropicale exubérante, ses paysages sauvages et préservés, ses cascades innombrables, ses vallées verdoyantes aux flancs vertigineux, ses pics taillés à la serpe au sommet de montagnes verticales, ses falaises de 500 mètres plongeant dans l’océan, ses presqu’îles lunaires déchiquetées par les flots. Et le meilleur : son impeccable réseau de sentiers, en grande partie basé sur un bijou architectural spécifique à Madère, les levadas, des canaux d’irrigations ancestraux serpentant le long des courbes de niveau des monts de l’arrière-pays. Ils permettent de se balader à plat sur les flancs (et même à travers) des montagnes qui auraient autrement été impénétrables, tant elles sont abruptes et couvertes d’une jungle étouffante.
Cet environnement idéal, nous l’avons exploité à fond, grâce à un parcours sans temps mort dont je ne regrette aucune section ; autant dire que mon frère et moi avons été gâtés, surtout qu’en neuf journées d’effort, nous n’en aurons connu qu’une de pluvieuse, et une de brumeuse. Et pourtant, nous gardons un souvenir mitigé du périple, la faute à deux blessures qui ont pourri nos derniers jours de marche: pour mon frère, une contraction musculaire à la cuisse gauche et pour moi, une grosse entorse à la cheville droite, ma première en une décennie de marche. Autant dire que nous avons fini le trek au ralenti, après quatre premières journées à rythme très (peut-être trop) élevé. Autres sources de tracas: la rumeur grandissante de la fermeture sanitaire des aéroports portugais, actée quelques jours après notre retour, et un smartphone défectueux qui a considérablement dégradé la qualité de mes clichés photographiques au deuxième, quatrième et huitième jours de marche.
Ponta do Pargo, village de départ du trek, est situé tout à l’ouest de Madère, à l’opposé de l’aéroport. Il nous faut donc traverser toute l’île en bus, par les routes de la côte sud, sa seule zone densément peuplée. Au passage, nous faisons halte à Funchal, la sympathique capitale, pour un tour de chauffe urbain.
Funchal
Vue d’ensemble au sixième jour de marche…
Le centre ville vu…
…du fort de Pico
Les remparts du fort de Pico
La place de la mairie
La mairie
Sa cour intérieure
La place de l’assemblée
La cathédrale
Le palais de São Lourenço
Maison typique
Arrivée en début d’après-midi à Ponto do Pargo, nous poursuivons à pied jusqu’au phare du même nom, planté en bord de falaise, à l’extrémité occidentale de Madère.
Ponto do Pargo
L’église du village
La pointe
Le phare
Une falaise de 300 mètres s’étire à perte de vue vers le nord…
…comme vers l’est
Il est déjà tard et j’ai prévu de passer la nuit à Fonte do Bispo, une aire de repos implantée 1000 mètres plus haut et à 10 kilomètres de distance. Timing serré!
Vers Fonte do Bispo
Nous quittons la côte au pas de course…
…pour une montagne tristement ravagée par les incendies
Une trotte dans des bois crâmés…
…puis dans une mer d’ajoncs moins touchée et qui nous rappelle la Bretagne…
…et nous nous calons au crépuscule dans l’abri sommaire de Fonte do Bispo
Nous nous endormons à quelques encâblures de la vallée de Ribeira de Janela, criblée de levadas qui feront le sel des prochains jours.