Les îles Lofoten en cinq actes – 4/5 – l’île d’Austvåg (aout 2020)

La traversée de l’île d’Austvåg offre un contraste saisissant entre une première journée infernale et une seconde jouissive.

Ma balade en deux temps à Austvåg (lien openrunner)

Afin d’éviter un détour inutile par Svolvær, je suis les conseils d’un prédécesseur prestigieux, le baroudeur émérite Cam Homan, qui a raccourci le tracé du trek officiel en remontant hors-sentier la vallée de l’Olderfjorden.

De son côté, tout s’est correctement passé, d’une parce qu’il est increvable, de deux parce qu’il a emprunté cette voie fin septembre, sous le soleil et dans le prolongement d’un hiver 2019 très sec. Pour le simple randonneur que je suis, il en ira autrement. Je m’engage à la mi-août, sous la pluie, à la suite d’un hiver 2020 exceptionnellement neigeux et d’un début d’été très humide. Comme j’ai déjà pu le constater, ces facteurs ont maximisé l’inondation dans les vallées et le maintien des neiges dans les hauteurs, ce qui va constamment pourrir ma progression. Il me faudra d’ailleurs lutter plus de 7 heures pour avaler 15 modestes kilomètres!

Après un début en douceur sur la rive de l’Olderfjorden, j’enchaîne les obstacles : quatre kilomètres dans des marécages de hautes herbes où l’on s’enfonce jusqu’au mollet, avec de multiples franchissements de ruisseaux ; une grimpe de 300 mètres dans un pierrier dont les gros blocs sont entaillés de crevasses traîtreusement dissimulées par la végétation ; le contournement, par une paroi rocheuse glissante, d’un plan d’eau que je refuse bêtement d’attaquer par la voie normale ; une séquence stressante sur le névé incliné qui longe la rive du lac Botnvatnet, durant laquelle la moindre glissade m’aurait plongé dans des eaux glaciales ; et pour conclure, une descente acrobatique sur un raidillon terreux transformé en bourbier par l’érosion et la météo capricieuse ; le tout sous la pluie, puis la grêle, enfin le brouillard ! Concentré sur mon effort, je n’ai presque pas pris de photos de ce fâcheux épisode.

En galère

Les cimes dentelées d’Austvåg, vues de Vestvåg

L’Olderfjorden

La vallée marécageuse où je patauge deux bonnes heures, vue d’en bas…

…et d’en haut

Le premier plan d’eau, qu’un névé trop vertical me dissuade de longer par la gauche, ce que j’aurais du faire ; je passe à droite, butant plus loin sur une falaise qui m’oblige à un fastidieux contournement

En comparaison, le même plan d’eau photographié l’année précédente par Cam Homan; on n’y voit pas un gramme de neige

Le pire passage, sur le névé du lac Botnvatnet…

…que j’ai du précautionneusement longé sur une centaine de mètres

De retour à la civilisation, je persévère jusqu’au camping de Sandsletta, pour une douche bien méritée, la seule en dix jours dans le Grand nord.

Au réveil, après cinq jours de grisaille, j’ai enfin droit à un peu de soleil !

Une maison de Sandsletta

Revigoré, je m’attaque à la dernière cime des îles Lofoten, celle de Matmora.

L’ascension de Matmora

Enfin un chemin convenable !

Une grimpe tranquille…

…et je contemple les cimes innombrables de l’île d’Austvåg…

…depuis une montagne…

…dont l’arête s’étire jusqu’à l’océan Arctique

Du haut de Matmora, bien aidé par la lumière du soleil, je profite des plus belles perspectives depuis mon arrivée dans l’archipel.

Panoramas sur l’île d’Austvåg

Les basses terres dont je proviens…

…se disloquent en étendues d’eaux…

…qui s’ouvrent au nord sur l’océan

…au nord-est, la côte forme une baie profonde…

…le fjord de Grunnfør…

…que prolongent au sud…

…deux lacs entrecoupés d’une énième crête improbable

De retour au niveau de la mer, j’avance sur l’asphalte en tentant vainement de stopper les rares voitures de passage.

De fil en aiguille, la route me mène au travers du fjord de Grunnfør.

Déambulant toujours sur l’asphalte, je passe le temps en admirant le décor.

Quelques crêtes d’Austvåg

Un hippie finit par me prendre en pitié et me dépose un peu plus loin, près d’une tour d’observation côtière insolite.

J’y passe la nuit au chaud.

De nombreux road-trippers s’arrêtent pour visiter la tour. Parmi eux, un couple de Suisses, Jérémie et Colline, qui voyagent depuis des mois dans un van aménagé avec soin.

Le van en question

Je marcherai une dernière fois dans l’île d’Austvåg, aux abords de Svolvær, en attendant le ferry qui me ramènera à Bodø.

Clichés de ma balade près de Svolvær

Pour l’heure, j’embarque dans le van des deux Suisses, pour un ultime défi qui occupera les deux derniers jours du trek: la traversée du parc de Møysalen.