A travers les Monts maudits (septembre 2020) – 2/4 – sur les Peaks of the Balkans

La section entre Albanie et Monténégro, en elle-même la plus appréciée des Peaks of the Balkans, offre en outre plusieurs connections vers les hauts sommets des Monts maudits. Je n’en ai testé aucune, préoccupé par la dégradation imminente de la météo (alors qu’il me reste au moins trois jours de marche) mais aussi par l’entrée au Monténégro, plutôt problématique.

En temps normal, les autorités requièrent l’obtention préalable d’un visa sur internet. La procédure a été suspendue depuis le début de la crise covid, qui a entrainé la fermeture stricte de la frontière albano-monténégrine. La franchir dans cette situation, c’est être doublement clandestin, sur un plan politique et sanitaire, dans un pays dont je ne connais pas la rigueur policière. En résulte une pollution mentale qui m’empêchera de profiter innocemment de la majesté des lieux.

En rouge, ma randonnée sur la trace des Peaks of the Balkans

Je démarre la marche a Theth, village modestement stimulé par le tourisme montagnard.

Theth

Dans une vallée encaissée…

…au revêtement calcaire

…un village dispersé…

…de tradition chrétienne

…au moulin à eau abandonné…

…et aux maisons en pierre

Une aubergiste m’autorise à camper dans son jardin…

…non sans m’avoir préparé un festin homérique

Autour du village, plusieurs bunkers rappellent l’époque d’Enver Hoxha

Arrivé d’orient dans la vallée de Theth, je m’en échappe par le nord et une pente de plus en plus abrupte.

La remontée de la vallée de Theth

Mille mètres plus haut, le col de Pejes, passé lequel je savoure 3 kilomètres éthérés dans une dépression minérale coupée du monde.

Clichés d’une cuvette dominée par une bosse arrondie Maja e Prozmit

Une heure plus tard, de retour au réel, j’approche, inquiet, la frontière monténégrine par un étroit défilé parsemé de bunkers, la franchit incognito et poursuit ma route sans croiser âme qui vive: pas un douanier, pas un garde forestier, pas même un berger ou un randonneur en vue avant le village de Vusanje.

L’arrivée au Monténégro

Une immense barre rocheuse, à l’est…

…comme à l’ouest…

…enserre une vallée étroite, d’abord rocailleuse…

…puis boisée

Au niveau d’un replat plus dégarni…

…je passe d’Albanie au Monténégro

Fait étrange: arrivé de Theth, village chrétien dans un pays dominé par l’Islam, je découvre à Vusanje un village musulman dans un pays que j’imaginais strictement orthodoxe.

Un minaret en bois de Vusanje

Je n’ai plus qu’un jour et demi, deux au maximum avant l’arrivée du mauvais temps, et Plav est encore distant d’une soixantaine de kilomètres. Aussi me faut-il poursuivre l’effort jusqu’au coucher du soleil.

Premier bivouac monténégrin

Au réveil, je grimpe au col Borit, non sans un crochet vers un autre col frontalier entre Albanie et Monténégro, celui du mont Kolata, histoire d’apprécier de loin les cimes dont j’ai zappé l’ascension la veille.

Vers le col du mont Kolata

Le col Borit est un véritable carrefour de sentiers. J’ignore celui des Peaks of the Balkans, qui s’enfonce dans le territoire monténégrin, tout comme celui qui descend au village albanais de Çerem, leur préférant l’une des sente filant sur la ligne de crête faisant office de frontière, vers un troisième pays dont je veux fouler le sol: le Kosovo.