Comme le montre la carte à suivre, où sont tracées les randonnées effectuées en Bretagne avec mon frère Ivonig de 2011 à 2017, nous avons longuement vadrouillé de hameau en hameau, de landes en chemins creux et le long du sentier des douaniers: presque 200 jours et plus de 4000 kilomètres de marche ensemble, pour une boucle intégrale de Rennes à Rennes en passant par tous les lieux célèbres de la région. Parmi les sites armoricains remarquables, il n’y a guère que la côte des Abers, de Roscoff au Conquet, que nous avons laissé de côté.
Carte globale des randonnées effectuées en Bretagne avec Ivonig jusqu’en octobre 2017
La carte n’est d’ailleurs pas révélatrice de l’entièreté de notre effort, puisque nous sommes souvent revenus sur nos pas, à Brocéliande notamment, et plus encore à Belle-Île-en-Mer, dont nous avons trois fois fait le tour, et moi deux fois de plus avec d’autres amis. Avec ces mêmes amis ou d’autres encore, je retourne régulièrement dans mes lieux préférés, notamment sur la côte nord. J’y vais aussi seul de temps en temps, pour emprunter sur quelques jours des variantes laissées de côté auparavant. En y ajoutant mes marches solitaires, courtes mais intenses, dans les environs de Rennes, j’approche les 6000 bornes de marche dans la région.
Elle nous est si familière, à mon frère et à moi, qu’elle peine à nous surprendre encore, à nous dépayser. Elle comblait assurément notre soif de découverte lors de nos premières années de marche intensive, lorsque chaque nouvelle sortie était l’occasion de nous enfoncer vers l’ouest, de rallier un lieu célèbre encore inconnu, de repousser nos limites physiques, de tester du nouveau matériel, de tendre vers l’autonomie complète tout en complétant progressivement le tour entier de la Bretagne. Depuis 2016 cependant, la routine prend le dessus, et même avant, l’excitation était modérée, en comparaison de celle que nous ressentions à chaque virée dans les Cyclades.
Cela explique que les souvenirs de mes marches armoricaines soient moins distincts, moins croustillants que ceux attachés à mes autres expéditions. Cela explique, surtout, que ni mon frère ni moi n’avons pensé à photographier des randonnées jugées somme toutes banales ; je n’ai que quelques dizaines de clichés pris à partir de 2015, souvent pour faire partager au paternel nos sites de bivouac ou pour montrer à mon frère les lieux visités au retour d’une virée solitaire.
Peu de choses à montrer, pas tant que ça à raconter ; sauf exception, je me contenterai donc d’un bilan annuel de nos périples bretons, avec quelques anecdotes saillantes agrémentées de rares photos. Fait paradoxal quand on pense qu’ils représentent une bonne moitié de mes jours de marche !