Conseils à ceux que tente la randonnée itinérante dans les Cyclades

J’aborderai successivement l’élaboration de l’itinéraire, la sélection des îles, la façon de s’orienter, la gestion de l’eau et de la nourriture et le problème du bivouac. 

Comment élaborer son itinéraire?

Si vous vous embarquez pour un trek au long cours dans les Cyclades, vous devrez transiter d’île en île, étant entendu qu’il faut moins d’une semaine pour faire un tour exhaustif des plus grandes et que deux ou trois jours suffisent pour visiter les plus petites. Conditionnée par cette contrainte, la planification du parcours passe par quatre étapes :

1 – Cibler deux ou trois îles principales que vous souhaitez visiter.

2 – Vous libérer quelques semaines de vacances entre fin avril et début juin, ou entre début septembre et mi-octobre. Éviter absolument l’été, de fin juin à début septembre, la chaleur rendant alors la marche très éprouvante.

2 – Acheter des billets d’avions, de nombreuses lignes low-costs opérant depuis la France. Éviter si possible la très désagréable transition par Athènes, avec son habituel enchaînement aéroport – attente – bus/métro – (centre-ville – bus/métro) – port de Pirée/Rafina – longue attente – ferry vers la première île. L’alternative, c’est de passer par l’aéroport international de Santorin, directement depuis Paris ou Nantes, ou grâce aux lignes low-cost de Vueling, depuis une ville de province telle que Lyon, Marseille, Lille, Bordeaux, Toulouse, Nantes ou Rennes, avec escale à Rome, Florence ou Barcelone. La méthode que nous avons adopté durant nos deux grands treks cycladiques, à mon avis la plus adéquate, consiste à combiner les deux précédentes, avec un démarrage à Santorin et une arrivée à Athènes, ou l’inverse. Vu que ces deux sites sont situées à deux extrémités symétriques des Cyclades, il suffit alors de traverser l’archipel d’île en île depuis l’un des deux jusqu’à l’autre. Nous l’avons fait dans les deux sens et conseillons de démarrer à Athènes plutôt que d’y finir.

3 – L’étape la plus cruciale: en fonction du jour et de l’horaire d’arrivée et de départ de votre avion, planifiez le trasnfert en bateau d’Athènes vers les îles et d’île en île, en vous basant sur les informations de ce site. Il sert juste à élaborer l’itinéraire, vous achèterez les billets sur place. Les périodes adéquates pour marcher n’étant pas en pleine saison, il est parfois difficile de trouver le bateau qu’on recherche, surtout que certains horaires ne sont fixés qu’un ou deux mois à l’avance. Si le trajet entre certaines îles est très aisé, d’autres îles sont difficilement accessibles, par exemple Kythnos, Donoussa, Sikinos ou Anafi. Plus important encore, il y a peu de contacts entre les deux principaux axes reliant Athènes à Santorin, celui transitant par les îles du sud-ouest des Cyclades (dans l’ordre Kea, Kythnos, Serifos, Sifnos, Milos, Folegandros, Sikinos et Ios) et celui transitant par celles du nord-est (dans l’ordre Andros, Tinos, Mykonos, Naxos, les petites Cyclades et Amorgos). Les îles qui permettent de relier ces deux axes sont Syros et Paros, plaques tournantes de l’archipel, et à un degré moindre Mikonos, Santorin, Naxos et Ios. Attention, en fonction de l’état de la mer, des grèves ou d’un trop faible taux de remplissage du bateau, le trajet que vous aviez prévu peut être annulé. Ça n’arrive pas souvent mais ça arrive. Pour ne pas se retrouver bloqué sur une île, il faut donc toujours prévoir un bateau de secours au cas où le votre n’appareille pas, plus tard dans la journée ou le lendemain.

4 – Lorsque vous aurez planifié votre vol et vos trajets en bateaux, vous saurez combien de temps vous pouvez passer sur telle ou telle île et choisir en conséquence les randonnées à y effectuer. Il suffit alors de consulter la partie consacrée à l’île que vous avez ciblé de cycladen.be, le site exceptionnel de Raymond Verdoolaege, d’y choisir les randonnées les plus attirantes, de les combiner entre elles pour constituer un trek plus ambitieux, voire de les relier par des chemins balisés ou non que vous aurez repéré sur les cartes Anavasi/Skaï ou directement sur opencyclemap ou google map, voire par des sections hors-sentier de votre cru.

Pour l’exemple, la planification de ma seconde traversée des Cyclades:

Quelles îles choisir ?

Si le classement opéré par Raymond Verdoolaege est très pertinent, il reflète ses goûts subjectifs, dont les miens et ceux de mon frère Ivonig diffèrent légèrement. Voici notre hiérarchie personnelle :

1 – En tête de notre palmarès, Amorgos et Naxos. La première est optimale pour un trek de 3 voire 4 jours combinant ceux que nous avons effectués en 2011 et 2014. La seconde, la plus grande des Cyclades, peut être arpentée plus longtemps. A ceux que les ascensions hors-sentiers ne découragent pas, nous suggérons de s’inspirer de notre boucle de 2016. On peut l’optimiser encore, par exemple en atteignant le Tsikalario par la vallée des Potamia le premier jour, comme nous l’avons fait en 2010, et en prolongeant la marche au-delà de notre final à Apiranthos, pourquoi pas jusqu’à Melanes en passant par le Mont Fanari, Moni, Chalki et le sentier des Kouroi. Il y en a alors pour au moins 6 jours de marche intensive.

2 – Derrière Naxos et Amorgos, un peloton constitué par Tinos, Sifnos, Andros et à la limite Kea. Les trois premières ont tant de potentiel que vous pouvez y randonner pendant une semaine. Il suffit, à Tinos, de combiner notre boucle de 2014 jusqu’à ce qu’elle atteigne Kampos, et d’entamer alors le parcours de 2016 ; potentiellement le trek le plus marquant des Cyclades, le plus représentatif de l’archipel. A Sifnos, on peut passer autant de temps en combinant notre boucle de 2011 à celle de 2014. Quant à l’île d’Andros, elle fourmille de chemins. Notre trek de 2016 de quatre jours et demi n’a pas suffi à tous les arpenter. Enfin, sans être objectivement au niveau des trois précédentes, Kea est notre coup de cœur, et nous ne voyons pas de meilleur moyen de la découvrir que le parcours opéré en 2014 et réalisable en 4 petites journées.

3 – Dans un second peloton, des îles charmantes, préservées et zébrées de sentiers mais trop petites pour satisfaire le randonneur motivé plus de 2 ou 3 jours, telles Folegandros, Sikinos, Kimolos, Heraklia et la très difficilement accessible Anafi. L’idéal est d’en picorer une ou deux pour compléter votre itinéraire entre les îles majeures citées précédemment.

4 – A la traîne, des îles plus grandes, disposant de randonnées parfois très belles mais ne formant pas, pour une raison ou une autre un ensemble transcendant, telles Paros, Ios, Kythnos, Serifos et Syros.

5 – Dans le grupetto, les îles à éviter, Mykonos, Koufonissi, Chinoussa, voire Antiparos et Donoussa qui ont tout de même quelques beaux sites.

6 – Enfin deux îles inclassables, les volcaniques et très touristiques Santorini et Milos, qui malgré leur pauvreté en sentiers, disposent chacune de côtes géologiquement exceptionnelles qu’on peut longer à la marche.

Pour un séjour de de 10 à 20 jours, l’itinéraire le plus évident passera par deux ou trois des six îles mentionnées en 1 et 2 et y adjoindra, en fonction des liaisons disponibles, quelques unes des îles citées en 3 et en 4. En trois grosses semaines, au vu des contraintes maritimes, le trek le plus ambitieux qu’on puisse à mes yeux entreprendre est l’enchaînement Santorin – Amorgos – Naxos – Tinos – Andros – Athènes (ou l’inverse).

Pour l’exemple, les îles choisies lors de nos deux traversées des Cyclades:

Comment s’orienter ?

Nous déconseillons les guides de Dieter Graf, comportant trop d’erreurs et des cartes difficiles à lire. Les descriptions textuelles compilées par Raymond Verdoolaege sur cycladen.be sont bien plus fiables, à tel point qu’on peut s’en contenter lorsqu’on marche sur les chemins qu’il a référencé. Pour ceux qui préfèrent les cartes aux textes, veulent un complément ou comptent randonner en dehors des parcours décrits sur cycladen.be ou dans le sens inverse, les cartes Anavasi restent une référence, plus ou moins faillibles selon les îles. La boussole est toujours utile, même si on peut se repérer assez aisément grâce aux vues sur la côte dont on dispose la plupart du temps. Quant aux GPS, j’ai croisé des randonneurs l’utilisant exclusivement mais ne peux juger de son efficacité, n’en utilisant pas moi-même.

Comment gérer sa nourriture et son eau ?

Si vous randonnez aux périodes les plus adéquates du point de vue climatique, au printemps ou en début d’automne, c’est-à-dire à la mi-saison, vous trouverez des tavernes et des épiceries ouvertes dans la plupart des villages cycladiques. Plutôt que l’approvisionnement en nourriture, c’est celui en eau qui peut poser problème. Si Kea, Andros et dans une moindre mesure Naxos sont émaillées de sources et fontaines, les autres sont très arides, et quelques unes, telle Sikinos, sont si désertiques qu’il n’y a aucun moyen de se ravitailler en dehors du port et du village central. Faites donc bien attention avant de vous enfoncer dans la nature. Prévoyez 1,5 voire 2 litres d’eau par personne, plus 1 litre par personne au moins si vous comptez bivouaquer.

Où dormir ?

A la mi-saison, les studios à louer sont assez accessibles, la base étant de 20 euros par nuit pour une chambre de deux personnes. Les campings sont rares et généralement situés dans les ports d’arrivée. Concernant le bivouac, d’autant plus recommandé qu’il fait rarement moins de 10 degrés la nuit, même dans les hauteurs, nous déconseillons d’emmener une tente, les pluies étant rares même au printemps et les emplacement très difficiles à trouver, dans des montagnes au revêtement rocailleux, épineux et quasiment jamais plat. Certains aventuriers choisissent de dormir sur les plages. De notre côté, nous nous sommes majoritairement servis des édifices religieux, dans l’idéal des monastères, à défaut des chapelles innombrables qui parsèment les collines, même à l’écart de toute civilisation. Nous les repérons au préalable sur les cartes, voire sur internet, avant notre départ. En général, elles sont dotées d’un parvis dallé ou bétonné, plat, entouré d’un muret protégeant quelque peu du vent ; un endroit idéal pour poser sa couche. Si le vent vous refroidit, la pluie vous menace ou les moustiques vous oppressent, il est toujours possible de dormir à l’intérieur de la chapelle, dans les cas (fréquents) où elle est ouverte. La méthode nous a tant plu que, lors de notre seconde traversée des Cyclades, nous l’avons systématiquement adopté. Enfin dernière possibilité, dormir dans la cour de résidences secondaires très souvent inoccupées en dehors de la haute saison.

Leave a Reply