Kimolos est une petite île faisant face à Milos ; elle est aussi isolée que cette dernière est touristique. On y débarque à Psathi, port nain niché dans une baie du sud-est. Notre parcours consiste à rejoindre les plages de la côte ouest en passant par le sommet de l’île, et à en revenir par ses vallées australes, parsemées de fermettes.
A peine débarqués, nous grimpons vers Chorio, le seul village de Kimolos, qui nous laisse une impression mitigée, la faute à son église principale, la Panagia Odigitria, d’assez mauvais goût, qui ternit quelque peu le charme de ses ruelles. Visitant ces dernières, nous ne résistons pas à l’idée de nous désaltérer dans un café, le temps pour le soleil de calmer ses ardeurs.
Le village de Chorio
La douteuse Panagia Odigitria
L’autrement plus envoûtante église de Ioánnis Chrysóstomos
Le café où nous nous prélassons quelques temps
Il ne nous faut pas trop tarder toutefois, notre objectif consistant à rejoindre avant la nuit les plages du sud-ouest de l’île, de l’autre côté de la montagne centrale. Nous y avons repéré plusieurs chapelles, dont l’une devrait pouvoir servir de lieu de bivouac.
Raymond Verdoolaege certifie dans ses écrits que de beaux sentiers démarrent dès la sortie du village. Aussi sommes nous déçus d’arpenter pendant la première heure de marche de nombreuses sections de routes carrossables. Nous en venons à soupçonner les ouvriers que nous croisons d’avoir récemment saccagé le réseau de monopatis du coin. Il nous faut atteindre les hautes altitudes de l’île pour enfin découvrir un kalderimi de toute beauté.
Nous suivons le sentier ancestral jusqu’au moment où il se scinde en deux. A ce croisement, nous entreprenons l’aller-retour vers le sommet de Kimolos, dénommé le Paleokastro du nom du château qui y avait été bâti autrefois. Ne subsistent que de vagues ruines de la forteresse médiévale, mais nous ne nous regrettons pas notre détour, tant les paysages alentour sont bucoliques. Il n’y a que sur l’île d’Heraklia que je ressentirai une pareille sensation d’isolement.
Vers le Paleokastro
Le kalderimi du centre de l’île
Le monopati nous menant vers le Paleokastro
Une sente creusée dans la roche
De retour au croisement initial, nous reprenons notre marche sur le kalderimi. Nous attendent un peu plus loin deux belles surprises : d’abord la traversée d’un paysage surréaliste de roches déchirées, avec en point d’orgue le Skiadi, anomalie géologique en forme de champignon ; ensuite la descente vers la plage d’Ellenika, sur un superbe monopati filant à travers des terres ocres que magnifie la lumière du soleil couchant.
La descente vers Ellinika
Le rocher du Skiadi
L’endroit où nous sortons du vallon rocheux
Le monopati vers Ellenika
Les pentes baignées de soleil qui nous emmènent à la plage
L’église d’Ellenika que nous visions n’est pas accessible ; il nous faut prolonger notre marche jusqu’à la plage de Mavrospilia pour trouver, au bord d’un champ, un parvis de chapelle où poser notre balluchon. Avant même d’y établir notre couche, nous courons nous baigner, pour profiter des derniers rayons du soleil.
La plage de Mavrospilia
Nous n’avons pas de photos du bivouac de Mavrospilia, car nous l’avons dressé en pleine nuit, et avons du le lever en toute hâte au petit matin, après que le paysan à qui appartenait la chapelle, venu à l’aube récolter ses légumes, nous ait surpris en plein sommeil. Non pas qu’il nous ait chassé de son parvis, ou même qu’il nous en ait tenu grief ; passé l’étonnement initial, il nous a gentiment salué et sa femme nous a même offert une courgette. Mais enfin, nous n’avons pas voulu abuser de son hospitalité et sommes partis sans demander notre reste.
Le chemin du retour n’est pas au niveau de l’aller ; nous traversons un territoire relativement plat, majoritairement sur des pistes carrossables utilisées par les paysans du coin pour accéder aux petits champs qui défilent devant nous. Seul moment notable, le final en montée vers Chorio.
Paysage de la vallée rurale du sud de Kimolos
Arrivés au village, nous descendons derechef au port de Psathi, sur la route duquel se trouve notre chambre du soir. Nos affaires déposées, nous pouvons nous prélasser les pieds dans l’eau tout l’après-midi, le bateau pour Sifnos ne passant que le lendemain matin. Un repos bien mérité après six journées intensives de marche !