Première traversée des Cyclades (septembre 2014) – 6/8 – derniers jours à Sifnos

La deuxième partie de notre séjour à Sifnos m’offrira l’occasion de tester mes limites physiques, après une première semaine au beau fixe.

Le troisième jour de marche nous emmène d’abord vers la plage de Fykiada, près de la pointe sud de l’île. Passées quelques pistes carrossables, nous progressons sur des chemins très pierreux. A court terme, ils ne me dérangent pas, mais entre Fykiada et Platis Gialos, alors que nous longeons la côte vers l’est, le sol devient de plus en plus exigeant, les rocs fissurés dont il se compose étant de plus en plus creusés et pointus. Je peine à conserver un rythme correct sur un tel revêtement. Mon frère me distance constamment.

J’en viens bientôt à me demander si la nature du chemin explique à elle seule mon manque d’énergie, s’il ne faut pas aussi mettre dans la balance la beuverie de la veille, où une lassitude plus générale après neuf jours de marche consécutifs, alors que je n’ai jamais encore dépassé les quatre jours. Ma bonne forme physique, à la fin de la journée et plus tard dans le séjour, montrera que ces explications alternatives sont infondées ; c’est bien le revêtement rocheux qui me met dans le dur, comme ce sera de nouveau le cas le lendemain après-midi, ou deux ans plus tard a Heraklia (voir ici).

De Vathi à Platis Gialos

Vue rétrospective sur Vathy

En route vers la plage de Fykiada ; en arrière-plan, ; la pointe sud de l’île

Une oliveraie à l’arrière de la plage

L’exigeant sentier côtier…

le devient encore plus lorsqu’on rentre dans les terres

L’arrivée à Platis Gialos

Bon gré mal gré, je me traîne jusqu’à Platis Gialos. Nous nous y restaurons avant de nous lancer dans l’intérieur de l’île, direction plein nord, sur un parcours emprunté trois ans plus tôt, que nous enrichissons d’un détour par le monastère d’Agios Andreas, perché dans les hauteurs à l’ouest du tracé.

Autour du monastère d’Agios Andreas

L’escalier en pierre montant au monastère

Le monastère

Vue sur Apollonia depuis le monastère

La journée s’achève au Kastro, que nous avions déjà pu admirer autrefois ; nous y arrivons par la tangente, et visitons cette fois de fond en comble ses ruelles intérieures avant de rejoindre notre hôtel.

Le Kastro

Le Kastro apparaît à l’horizon

Le vallon qui conduit au Kastro

Les pentes du vallon

Le Kastro

Un passage voûté par lequel on s’introduit dans le Kastro

Une ruelle typique

Un autre passage voûté

Une chapelle sur la pointe du Kastro

Le lendemain, nous continuons notre marche vers le nord et la Panagia Poulati, parfaite incarnation de l’église des Cyclades. A mes yeux en tout cas ; mon frère est moins conquis. Nous repiquons ensuite vers Artemonas, le plus joli des villages qui ceinturent celui d’Apollonia, et repartons plein nord, à destination d’Agios Sostis, une chapelle bordant la mer dans une zone complètement désertique.

Du Kastro à la chapelle d’Agios Sostis

La Panagia Poulati

Une rue d’Artemonas

Le monopati menant à Agios Sostis

Dernier vallon avant la chapelle

La chapelle d’Agios Sostis

C’est à ce moment qu’un dilemme se présente à nous. La voie de la raison nous imposerait de revenir sur nos pas avant de partir vers Kamares le long des pentes du mont Pyrovoli, mais il est toujours irritant pour un randonneur de rebrousser chemin: aussi préférons-nous partir directement vers l’ouest le long de la côte. Un choix qui va s’avérer douloureux : l’heure qui suit, nous avançons péniblement sur un sol plus contraignant encore que la veille à Fykiada.

Las de faire le tour des petites pointes qui se succèdent, nous finissons par franchir une colline; effort vain, puisqu’il faut ensuite la redescendre par des pentes abruptes quasiment verticales emplies d’épineux. Revenus au niveau de la mer, nous devons escalader la falaise qui suit par une étroite ravine, pour nous hisser sur un plateau herbeux d’où l’on peut enfin gravir, sur des pentes acceptables, la montagne du Pyrovoli, en haut de laquelle se trouve notre sentier.

Notre harassant hors-sentier

La côte que nous longeons

L’horrible revêtement du sol

Vue rétrospective sur Agios Sostis

Une descente très technique

Vue rétrospective sur la descente effectuée

La grimpe qui suit

La longue ascension hors-sentier du Pyrovoli

Ce violent effort amoindrit notre lucidité : à peine avons nous retrouvé notre chemin que nous le perdons de nouveau ! Il aurait fallu passer au sud du sommet du Pyrovoli ; nous passons au nord. C’est au hasard et dans une végétation capricieuse que nous progressons alors sur ses flancs. Nous dépassons bientôt le sommet ; la crête redescend progressivement, et bientôt nous pouvons la franchir. Apparaît alors le village de Troulaki, étape de notre parcours ; il nous faut encore une demi-heure hors-sentier pour y pénétrer. Nous y achevons le plus long et exigeant hors sentier de notre vie ; un coca bien frais dans la taverne du coin n’est pas de trop pour pouvoir digérer une telle épreuve !

Nous n’avons plus qu’à partir plein sud et à gravir la chaîne montagneuse qui sépare notre vallée de celle de Kamares. Plusieurs monastères ont été bâtis sur la crête ; parmi eux, le Profitis Ilias Troulakiou, où nous comptons passer la nuit. Malgré le dénivelé, l’escalier qui nous y mène est une partie de plaisir, après ce que nous avons enduré toute l’après-midi. Nous avons le sourire aux lèvres, d’autant plus qu’une vue panoramique sur le port de Kamares nous attend en haut.

Nous nous endormons sans nous douter qu’un deuxième traquenard nous attend le lendemain. Il nous faut en effet suivre la ligne de crête plongeant vers l’ouest jusqu’au cap Kokkalas, pointe de la baie de Kamares, d’où un sentier est censé longer la côte jusqu’au port. Ce dernier existe plus ou moins, mais pour y accéder, nous devons descendre à travers une forêt de genévriers si dense qu’elle nous oblige constamment, sous peine de rebrousser chemin, à forcer notre route entre les arbres. Nous mettons une bonne heure pour avancer d’un kilomètre, au prix de maintes écorchures. A mi-parcours, nous choisissons d’alléger nos peines en dévalant directement la pente, sur des pierriers éreintants qui ont au moins le mérite de ne pas nous flageller la peau.

L’exigeant final de notre boucle

A droite de la ligne de crête, la forêt de genévriers où nous allons nous enfoncer

La baie de Kamares, vue depuis la crête que nous descendons

La fin du pierrier que nous avons traversé durant la descente finale

La pente dévalée ; en haut à droite, le monastère où nous avons dormi

C’est avec soulagement que nous retrouvons le vague sentier balisé de cairns qui nous conduit au port. Le bateau pour Kythnos n’arrive qu’en soirée ; nous avons une demi-journée pour remplir notre panse, soigner nos bobos et reposer nos jambes.

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