Le passage à Kythnos peut être considéré comme le creux de notre traversée des Cyclades. C’est une île aride, dénuée de belles chapelles, dont les quelques stations balnéaires sont comme des villes mortes hors-saison, la crise de 2008 ayant l’air d’avoir aggravé cet état de fait.
Nous ne trouvons à Kythnos, ni la beauté de Sifnos et Kea, ni l’aspect exaltant du début de notre périple, quand nous changions d’île presque tous les jours, et devons de plus nous priver de bus, puisqu’il n’y en a aucun en circulation en dehors de l’été. Reste, à l’intérieur des terres, un impressionnant réseau de sentiers pastoraux, assurément le plus préservé de l’archipel, probablement du fait d’une aridité qui freine toute modernisation agricole.
Nous arrivons de nuit à Kythnos ; une chambre nous attend dans le port de Merichas. Nous devons rester trois jours sur l’île, dont nous profiterons pour effectuer une première boucle d’une journée au nord, une seconde de deux jours au centre.
Notre première marche est censée démarrer à la Chora, la capitale située dans les hauteurs de l’île. L’absence de bus nous contraint à nous y rendre à pied par la route, en espérant qu’un automobiliste daigne nous embarquer. Moins chanceux que sur Folegandros et Milos, nous marchons plusieurs kilomètres sans succès et arrivons bientôt au pied de la colline du Vryokastro. Un sentier en fait le tour, que nous n’avions pas prévu d’arpenter. Nous profitons de l’occasion pour le découvrir ; du sommet de la colline, on profite de belles vues sur les baies alentour, et notamment l’étrange isthme de Kolonna, une sorte de double plage. Revenus à la route, nous entamons l’ascension vers la Chora quand enfin une voiture s’arrête à notre signal et nous dépose au centre du village.
Autour du Vryokastro
La petite grimpe vers le Vryokastro
Vue sur la baie d’Episkopi ; au fond, la baie de Merichas
Vue sur l’isthme de Kolonna
Le Vryokastro
La campagne aride entre Merichas et la Chora
Nous louons une petite piaule dans le centre de la Chora et démarrons une boucle vers la plage d’Agios Ioannis. Dès la sortie du village, nous nous retrouvons sur de beaux monopatis qui, fait assez exceptionnel, continuent sans interruption jusqu’à la plage, à travers un territoire si asséché qu’on n’y croise quasiment aucun arbre.
De la Chora à la plage d’Agios Ioannis
La Chora
Le début du sentier
Une photo donnant une idée du nombre de sentiers emmurés s’entrecroisant sur l’île…
…sentiers dont les murets sont très préservés
Le plus beau passage du monopati
Vue sur la baie d’Agios Stefanos, par laquelle nous reviendrons à la Chora
Le final désertique du parcours aller
Le monopati nous emmène jusqu’à la plage
Ayant pris du retard, nous ne pouvons nous baigner trop longtemps. Nous repartons par la côte et franchissons plus ou moins hors-sentier la colline qui nous sépare de la plage adjacente d’Agios Stefanos. Nous nous enfonçons sans attendre dans le monopati qui nous ramène dans les hauteurs de l’île. Bientôt nous voyons les premières habitations à l’horizon, et franchissant au passage un ou deux vallons encaissés, déboulons au crépuscule dans la Chora. Le vendeur de pitas du coin n’a pas de viande rôti mais la remplace par des souvlakis. Le reste des ingrédients est excellent ; nous mangeons notre meilleure pita de ce type et regrettons de n’avoir pu l’engloutir dans sa version optimale.
Le retour à la Chora
Arrivée dans la baie d’Agios Stefanos
Vue rétrospective sur le vallon que nous avons remonté
Une église bordant la Chora
Le village est animé par un mariage dont les bruyants préparatifs nous réveillent. Parmi les gens s’activant dans le bourg, nous croisons un conducteur de taxi excentrique qui accepte de nous redescendre à Merichas pour une somme modique. Sur le chemin, il croise à deux reprises des convives du mariage, qu’il remonte au village. C’est à sa troisième tentative seulement qu’il parvient à nous descendre au port.
Nous démarrons immédiatement la boucle qui doit nous conduire à Kalo Livadi. Nous fiant uniquement à la carte, nous nous enfonçons dans l’arrière-pays, avec l’ambition de franchir le massif du sud de la baie et d’atteindre la plage de Flambouria. Comme nous l’espérions après notre expérience de la veille, il existe de nombreux monopatis non indiqués dans la région, et dès que possible, nous quittons la route carrossable pour emprunter l’un d’eux. Il nous amène jusqu’aux abords de Flambouria, où nous descendons hors-piste pour prendre un bain. A l’arrière de la plage démarrent d’autres sentiers, indiqués cette fois par Raymond Verdoolaege. Ils nous font traverser l’île au travers de terres toujours aussi dénuées de verdure, jusqu’à la station balnéaire de Kanala ; le monopati qui y accède est à ce point obstrué d’épineux qu’il en devient impraticable, nous obligeant à improviser un autre tracé à travers les collines.
Kanala est un village assez étendu mais complètement vide. Une impression de tristesse s’en dégage, qui se prolonge au village suivant, Kalo Livadi, dans la chapelle duquel nous passons la nuit en compagnie d’une légion de moustiques.
Balade dans le centre de l’île
Le monopati non balisé qui nous emmène à Flambouria
La baie de Flambouria, que nous atteignons hors-sentier
La même baie, vue depuis la suite de notre parcours
Un kalderimi dégoté par Raymond Verdoolaege entre Flambouria et Kanala
Sur les hauteurs arides du centre de l’île
Le monopati impraticable qui descend vers Kanala
Le lendemain, nous devons conclure notre boucle en retournant à Merichas par un tracé plus au nord qu’à l’aller. Le topo est globalement le même : des terres vides d’arbres, quasiment aucune habitation pour une seule chapelle, des monopatis dont les murets sont tous en place mais dont le chemin est emplie de buissons. Seule différence, nous passons par Dryopida, bourg situé en plein centre de l’île et traversé d’un vallon profond. Même s’il est délaissé par endroit, c’est assurément le plus beau village de l’île.
Le retour à Merichas
Un monopati caractéristique du centre de l’île : de hauts murets encadrent un tas d’épineux
Une des rares chapelles rurales de l’île
L’arrivée à Dryopida
La rue principale de Dryopida
La descente finale vers Merichas
Une petite improvisation finale, et nous voilà de retour à Merichas. Le bateau qui nous emmène à Kea n’arrive que le matin suivant ; il nous faut patienter une demi-journée, durant laquelle l’ennui nous gagne. L’île de Kea saura raviver notre passion !