Entre deux épisodes pluvieux, je profite d’une accalmie matinale pour lever le bivouac. A peine me suis-je mis en route que l’averse reprend, pour ne plus cesser de la matinée.
Comme si cela ne suffisait pas, je m’égare lors d’une boucle initiale vers le sommet d’Anta do Adrenunes, entreprise elle-même superflue, la visibilité y étant totalement nulle du fait des exécrables conditions climatiques. Mon circuit terminé avec peine, je descend au pas de course vers la côte et le village d’Azoia. Au café du coin, je m’abrite quelques temps, fait sécher ma cape de pluie et engouffre une sorte de friand à la saucisse, que me sert son propriétaire avec une pâtisserie locale et un chocolat chaud revigorant.
De Peninha à Azoia
La sentier bordant mon bivouac
L’arrivée sous la pluie au sommet d’Anta do Adrenunes
Le site de Pedras Irmas
Je déjeune au sec tout en bouquinant sur smartpone
Dès que la pluie cesse, je file vers mon prochain objectif, le Cabo de Roca, pointe occidentale du continent européen. Me refusant à l’atteindre par la route, je file tout droit vers l’ouest, dépasse une ferme, enjambe deux ou trois clôtures et trouve, au milieu des herbes hautes, un vague sentier rejoignant le littoral et en longeant les falaises vers le nord. Droit devant apparaît bientôt le phare du Cabo de Roca. Je m’en approche par un chemin qui reste relativement plat jusqu’à sa section finale et plonge alors dans un profond ravin. J’en resurgis par un sentier abrupt qui longe la falaise jusqu’au cap, m’offrant des vues vertigineuses sur une mer aussi déchaînée que la veille.
Vers le Cabo de Roca
Le vague sentier filant vers la côte entre deux fermettes
Le phare du Cabo de Roca apparaît à l’horizon
Le sentier en balcon devient très clair…
…et file droit vers le phare
Le dernier ravin à franchir
Au creux du ravin
Vue en arrière à la sortie du ravin
La montée finale, en bordure de falaise
Le Cabo de Roca sous le crachin
« Là où la terre s’arrête et où la mer commence »
Vue sur la falaise de 140 mètres depuis le Cabo de Roca
Les masses humaines venu admirer le Cabo de Roca en voiture troublent temporairement la solitude dans laquelle j’étais plongé depuis une heure. Je la retrouve cependant dès que je m’engage dans les sentes non balisées se prolongeant de l’autre côté du cap. Elles traversent des paysages bigarrés sur un tracé rendu physique par les dépressions constantes de la falaise. En point d’orgue, la plage d’Ursa, au bout de laquelle trônent deux immenses roches détachées de la côte, les Pedras da Ursa et Gigante.
Du Cabo de Roca au Pedra da Ursa
Paysage au nord du Cabo de Roca
Vue rétrospective sur le phare
Une végétation étrange utilisant toutes les teintes de vert
Une plage sans nom
Le chemin, boueux et pentu, en bref assez éprouvant
Le ravin suivant d’où l’on accède à la très préservée plage d’Ursa
La plage d’Ursa, et son chemin d’accès
Le Pedra da Ursa à gauche ; à droite, le Pedra Gigante
Dépassée un peu plus loin, la crique de Cavalo est si encaissée qu’elle n’est accessible que par la mer. Un dernier cap et je descends sur la plage d’Adraga, la plus fréquentée du coin, où j’engloutis quelques uns de ces beignets qu’on trouve dans toutes les gargotes de la région, farcis de légumes ou de poisson. Ils se mangent froids et semblent bien se conserver. J’en emporte donc deux de plus avec moi et continue ma route sur les falaises qui surplombent la plage. Un kilomètre plus loin, elles s’effondrent brutalement, laissant place à un littoral beaucoup plus plat.
Les dernières falaises
La crique de Cavalo
La plage d’Agrada
Quelques beignets typiques du coin, avec le coca qui va bien
Les chemins surplombant la plage d’Agrada
La fin brutale de la falaise
C’est une côte touristique très construite que j’arpente jusqu’au village d’Azenhas do Mar, joliment édifié à flanc de falaise et objectif ultime de ma journée. Selon mes plans de la veille, j’aurais du l’atteindre au milieu de l’après-midi, retourner sur mes pas quelques kilomètres et m’enfoncer dans les collines, à destination du couvent des Capucins. La pluie et mes improvisations aux abords du cap de Roca m’ont mis en retard: la nuit tombe déjà. Aussi dois-je abdiquer ce plan et trouver un coin où poser ma tente dans les parages. Problème, je n’en ai vu aucun de discret sur cette côte urbanisée.
Autour d’Azenhas do Mar
Le chemin côtier, bordé d’une imposante villa
La même villa, vue du nord
Une mer houleuse, la constante de la journée
Le village d’Azenhas do Mar
Sur le chemin du retour, je suis en train de me triturer le cerveau, hésitant entre les trois coins d’herbe les moins misérables repérés à l’aller, lorsque je tombe devant le grillage d’une villa en ruines. Quelques mois plus tôt, j’ai déjà dormi dans le jardin d’un manoir abandonné, face à la gare de Pontorson, au terme d’une randonnée dans le pays de Dol. J’étais alors protégé des regards par de hautes palissades ; cette fois, le grillage est à hauteur d’enfant, et le jardin visible de l’extérieur. Je me convainc tout de même de l’utiliser comme lieu de bivouac et y pénètre, à la recherche de l’emplacement le moins indiscret. A l’arrière de la bâtisse, surprise, je découvre une cave où était autrefois entreposé du vin ; un endroit un peu glauque, mais parfaitement protégé de la pluie et du vent. Pas besoin de déplier ma tente, j’en ferai mon logis d’une nuit, après y avoir fait un peu de ménage avec un vieux balai.
Le second bivouac
La villa abandonnée
La cave de la villa
Un bivouac deluxe
La nuit tombée, je crains à chaque bruit de pas, réel ou fantasmé, de voir soudain surgir le propriétaire des lieux dans l’encadrement de la porte. En résultent quelques difficultés à m’endormir, mais j’y parviens néanmoins, bercé par la lancinante mélodie que produisent dehors le vent et la pluie.