Voyage dans la région de Lisbonne (janvier 2016) – 2/5 – de Peninha à Azenhas do Mar

Entre deux épisodes pluvieux, je profite d’une accalmie matinale pour lever le bivouac. A peine me suis-je mis en route que l’averse reprend, pour ne plus cesser de la matinée.

Comme si cela ne suffisait pas, je m’égare lors d’une boucle initiale vers le sommet d’Anta do Adrenunes, entreprise elle-même superflue, la visibilité y étant totalement nulle du fait des exécrables conditions climatiques. Mon circuit terminé avec peine, je descend au pas de course vers la côte et le village d’Azoia. Au café du coin, je m’abrite quelques temps, fait sécher ma cape de pluie et engouffre une sorte de friand à la saucisse, que me sert son propriétaire avec une pâtisserie locale et un chocolat chaud revigorant.

De Peninha à Azoia

La sentier bordant mon bivouac

L’arrivée sous la pluie au sommet d’Anta do Adrenunes

Le site de Pedras Irmas

Je déjeune au sec tout en bouquinant sur smartpone

Dès que la pluie cesse, je file vers mon prochain objectif, le Cabo de Roca, pointe occidentale du continent européen. Me refusant à l’atteindre par la route, je file tout droit vers l’ouest, dépasse une ferme, enjambe deux ou trois clôtures et trouve, au milieu des herbes hautes, un vague sentier rejoignant le littoral et en longeant les falaises vers le nord. Droit devant apparaît bientôt le phare du Cabo de Roca. Je m’en approche par un chemin qui reste relativement plat jusqu’à sa section finale et plonge alors dans un profond ravin. J’en resurgis par un sentier abrupt qui longe la falaise jusqu’au cap, m’offrant des vues vertigineuses sur une mer aussi déchaînée que la veille.

Vers le Cabo de Roca

Le vague sentier filant vers la côte entre deux fermettes

Le phare du Cabo de Roca apparaît à l’horizon

Le sentier en balcon devient très clair…

et file droit vers le phare

Le dernier ravin à franchir

Au creux du ravin

Vue en arrière à la sortie du ravin

La montée finale, en bordure de falaise

Le Cabo de Roca sous le crachin

« Là où la terre s’arrête et où la mer commence »

Vue sur la falaise de 140 mètres depuis le Cabo de Roca

Les masses humaines venu admirer le Cabo de Roca en voiture troublent temporairement la solitude dans laquelle j’étais plongé depuis une heure. Je la retrouve cependant dès que je m’engage dans les sentes non balisées se prolongeant de l’autre côté du cap. Elles traversent des paysages bigarrés sur un tracé rendu physique par les dépressions constantes de la falaise. En point d’orgue, la plage d’Ursa, au bout de laquelle trônent deux immenses roches détachées de la côte, les Pedras da Ursa et Gigante.

Du Cabo de Roca au Pedra da Ursa

Paysage au nord du Cabo de Roca

Vue rétrospective sur le phare

Une végétation étrange utilisant toutes les teintes de vert

Une plage sans nom

Le chemin, boueux et pentu, en bref assez éprouvant

Le ravin suivant d’où l’on accède à la très préservée plage d’Ursa

La plage d’Ursa, et son chemin d’accès

Le Pedra da Ursa à gauche ; à droite, le Pedra Gigante

Dépassée un peu plus loin, la crique de Cavalo est si encaissée qu’elle n’est accessible que par la mer. Un dernier cap et je descends sur la plage d’Adraga, la plus fréquentée du coin, où j’engloutis quelques uns de ces beignets qu’on trouve dans toutes les gargotes de la région, farcis de légumes ou de poisson. Ils se mangent froids et semblent bien se conserver. J’en emporte donc deux de plus avec moi et continue ma route sur les falaises qui surplombent la plage. Un kilomètre plus loin, elles s’effondrent brutalement, laissant place à un littoral beaucoup plus plat.

Les dernières falaises

La crique de Cavalo

La plage d’Agrada

Quelques beignets typiques du coin, avec le coca qui va bien

Les chemins surplombant la plage d’Agrada

La fin brutale de la falaise

C’est une côte touristique très construite que j’arpente jusqu’au village d’Azenhas do Mar, joliment édifié à flanc de falaise et objectif ultime de ma journée. Selon mes plans de la veille, j’aurais du l’atteindre au milieu de l’après-midi, retourner sur mes pas quelques kilomètres et m’enfoncer dans les collines, à destination du couvent des Capucins. La pluie et mes improvisations aux abords du cap de Roca m’ont mis en retard: la nuit tombe déjà. Aussi dois-je abdiquer ce plan et trouver un coin où poser ma tente dans les parages. Problème, je n’en ai vu aucun de discret sur cette côte urbanisée.

Autour d’Azenhas do Mar

Le chemin côtier, bordé d’une imposante villa

La même villa, vue du nord

Une mer houleuse, la constante de la journée

Le village d’Azenhas do Mar

Sur le chemin du retour, je suis en train de me triturer le cerveau, hésitant entre les trois coins d’herbe les moins misérables repérés à l’aller, lorsque je tombe devant le grillage d’une villa en ruines. Quelques mois plus tôt, j’ai déjà dormi dans le jardin d’un manoir abandonné, face à la gare de Pontorson, au terme d’une randonnée dans le pays de Dol. J’étais alors protégé des regards par de hautes palissades ; cette fois, le grillage est à hauteur d’enfant, et le jardin visible de l’extérieur. Je me convainc tout de même de l’utiliser comme lieu de bivouac et y pénètre, à la recherche de l’emplacement le moins indiscret. A l’arrière de la bâtisse, surprise, je découvre une cave où était autrefois entreposé du vin ; un endroit un peu glauque, mais parfaitement protégé de la pluie et du vent. Pas besoin de déplier ma tente, j’en ferai mon logis d’une nuit, après y avoir fait un peu de ménage avec un vieux balai.

Le second bivouac

La villa abandonnée

La cave de la villa

Un bivouac deluxe

La nuit tombée, je crains à chaque bruit de pas, réel ou fantasmé, de voir soudain surgir le propriétaire des lieux dans l’encadrement de la porte. En résultent quelques difficultés à m’endormir, mais j’y parviens néanmoins, bercé par la lancinante mélodie que produisent dehors le vent et la pluie.

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