Lors de nos deux premières journées de marche à Andros, nous arpentions, plus en profondeur, des vallées qu’un précédent voyage nous avait déjà rendu familières. A l’inverse, les trois dernières se déroulent en terrain inconnu ; elles s’axent autour de la montagne centrale de l’île, dont le point culminant, le Profitis Ilias, est le deuxième sommet des Cyclades, derrière le mont Zeus de Naxos.
Le parcours effectué à Andros ; en rouge, nos trois dernières journées de marche (lien openrunner)
Depuis la chapelle où nous avons fait halte, un bref sentier nous conduit au village d’Apikia. Y démarre une rude ascension qui nous mène, au-delà d’un col situé à huit cents mètres d’altitude, dans la luxuriante vallée de Vourkoti. Le village du même nom était autrefois le centre névralgique de l’île, ce qu’on devine aux terrasses méticuleusement aménagées sur ses pentes. Les tavernes du coin étant fermées hors-saison, nous cassons la croûte sur la place du village de Vourkoti ; une grand-mère gérant la salle municipale nous amène du pain fais, mais aussi du sel et de l’huile, dont nous agrémentons notre semoule.
Vers la vallée de Vourkoti
Le parvis de chapelle où nous avons passé la nuit
Le chemin qui nous emmène à Apikia
On accède au village par ce pont enjambant la ravine
La fontaine d’Apikia
La vallée de Vourkoti vue depuis le col
Vue en arrière vers la Chora depuis le même col
Un pont aux abords du village de Vourkoti
La grand-mère venue égayer notre repas
Depuis Vourkoti, on peut entamer l’ascension du sommet de l’île. Nous l’entreprendrons le lendemain. Pour le moment, nous opérons un aller-retour vers la plage d’Achla, où nous comptons passer la nuit. La longue descente s’effectue en deux parties. La première nous emmène, au fil d’un sentier pierreux chaotique, vers un cours d’eau que nous traversons sur un énième pont sans âge cerné par la végétaion. Dans la foulée, nous découvrons de vastes bassins d’eau, sortes de piscines naturelles dont nous profiterons le lendemain.
La première partie de la descente vers Achla
Le vallon que nous devons dévaler ; au fond, la plage d’Achla
Le sentier s’apparente parfois à un pierrier
Une bergerie en ruine au bord du chemin
Nous atteignons un cours d’eau…
…qu’un impressionnant pont en pierre nous permet de traverser
Les piscines naturelles qui s’offrent à nous en contrebas du pont
Au-delà de la rivière, nous remontons quelques temps, jusqu’au monastère fortifié d’Agios Nikolaos. Bien qu’imposant, il ne tient pas la comparaison avec celui de Panachrantou, visité l’avant-veille.
Le monastère d’Agios Nikolaos
L’enceinte du monastère
La cour extérieure
Le hall d’accès à la cour intérieure
Le katholikon emplissant la cour intérieure
Dès après le monastère, la descente reprend, sur un vague monopati qui perce à travers les épineux. Il nous emmène tranquillement vers la plage d’Achla. Quelques années plus tôt, l’endroit était coupé du monde et accessible uniquement à la marche ; des promoteurs ont flairé le bon coup et ont commencé à y construire quelques villas. Malgré tout, l’endroit reste un spot idéal de bivouac: une jolie chapelle bordant la mer nous offre un parvis plat, protégé du vent et surplombant un cours d’eau douce où nous pouvons laver nos affaires après la baignade de rigueur. Nous passons sur ce site pittoresque l’une des meilleures nuits du séjour.
Le bivouac sur la plage d’Achla
Le sentier reliant le monastère d’Agios Nikolaos à la plage
La plage apparaît au loin
L’arrivée à la plage ; au centre de l’image, le cours d’eau douce y débouchant
La chapelle bordant la plage…
…dont le parvis nous sert de lieu de bivouac
Notre duo s’apprêtant à passer une bonne nuit !
Le lendemain, il nous faut remonter jusqu’à Vourkoti, 700 mètres plus haut. A mi-chemin, nous retrouvons les bassins d’eau douce croisés la veille. Nous y faisons une pause consacrée à la sainte trinité de nos activités : repas, baignade, lessive. La suite de la grimpe est assez rude et nous ne sommes pas mécontent d’arriver à Vourkoti.
La remontée vers Vourkoti
Ivonig sur le sentier menant au monastère
Nous faisons halte au bord des piscines naturelles creusées par le cours d’eau dans la roche
Après une lessive de rigueur…
… nous nous jetons à l’eau !
La suite de l’ascension de la vallée de Vourkoti
Le chemin défoncé est tout aussi exigeant en montée qu’en descente
Depuis Vourkoti, nous filons vers le sommet de l’île, le Profitis Ilias. Le chemin y accédant devient vite une large piste dont l’aspect peu envoûtant est compensé par les vues panoramiques sur l’ensemble de l’île.
Vers le sommet du Profitis Ilias
Un ultime coup d’oeil sur la vallée de Vourkoti
La côte ouest de l’île, d’où nous sommes partis le premier jour
Le sommet de l’île, à 1000 mètres d’altitude
Après avoir atteint le sommet, nous avions prévu de suivre la ligne de crête jusqu’à son extrémité occidentale, occupée par une chapelle en ruines où nous escomptions passer la nuit. Pas de chance, elle a récemment été transformée en site de recherches archéologiques! Il nous faut repartir en arrière. Visant deux chapelles plantées sur un piton rocheux en contrebas du sommet, nous nous engageons, sur le flanc nord de la crête, dans un hors sentier éreintant qui nous amène, dans ses derniers hectomètres, à lutter entre les genévriers et les épineux pour espérer avancer. C’est avide de repos que nous extirpons de ce traquenard. Nous atteignons dans la foulée le pied du piton rocheux, où est nichée la première des deux chapelles. La seconde est juchée sur le pic ; de son parvis, on peut apprécier l’une des plus belles vues de toutes les Cyclades.
A presque mille mètres de haut, mi-mai, il fait assez frais, plus que ce que nous l’avions prévu, surtout qu’un vent froid fouette continuellement le piton rocheux. Aussi nous refusons-nous a dormir sur l’un des deux parvis, leur préférant l’intérieur de la chapelle inférieure. L’endroit étant très humide, nous passons une nuit assez moyenne.
Le bivouac au sommet d’Andros
Le piton rocheux et ses deux chapelles
La chapelle supérieure, d’où l’on bénéficie d’un panorama grandiose sur le nord de l’île
La chapelle inférieure…
…dont nous faisons notre logement d’une nuit
Le lendemain, nous devons descendre vers Batsi, où s’achève notre trek. Peu après nous être élancés, nous croisons un berger juché sur son âne, se dirigeant vers la chapelle pour y rallumer l’encens et prier. Nous nous satisfaisons d’être partis de bonne heure, car si nous ne craignons pas les réactions des Grecs lorsque nous dormons sur le parvis d’un édifice religieux, il en va autrement quand nous en squattons honteusement les pièces intérieures.
Au-delà du village d’Arni, un superbe sentier balcon nous permet de contourner un profond vallon. Quelques kilomètres plus loin, nous apercevons Batsi, point final d’une marche de quatre jours et demi.
La descente finale vers Batsi
Les premières maisons du village d’Arni
Les collines verdoyantes entourant Arni
Le sentier en balcon contournant le profond vallon
Le vallon suivant, où est niché le hameau de Katakilos
Le port de Batsi, terme de notre périple
Depuis Batsi, un taxi nous emmène au port voisin de Gavrio. Nous y arrivons bien plus tôt que nous l’avions prévu. Manger et lire ne suffit pas à tuer le temps qui nous sépare du départ pour Tinos. En attendant le ferry, nous décidons de faire le tour intégral de la baie, une plage paisible située de l’autre côté ayant attiré notre regard. Une longue baignade, un retour à la hâte, une double ingestion de pitas et nous sautons dans un bateau qui aura finalement failli partir sans nous!