Le voyage vers Zagori s’étale sur plus d’une journée, dont quatre bonnes heures de route entre Rennes et l’aéroport de Beauvais et tout autant entre l’aéroport de Thessalonique et Kapesovo, village de départ du trek.
Partis de Bretagne avant le lever du soleil, nous arrivons après son coucher à Metsovo, ville bâtie à flanc de montagne où nous faisons halte pour la nuit. Avec son humidité, ses rues bourgeoises, ses chalets en bois et ses infrastructures dédiées aux sports d’hiver, elle fait penser à la Suisse ; seules les inscriptions en cyrillique sur les devantures des magasins et la présence d’un vendeur de pitas indiquent que nous sommes bel et bien en Grèce.
Halte à Metsovo
Une place de Metsovo photographiée le matin
Le chalet où nous dormons
Notre chambre
Vue sur Metsovo depuis la chambre
Il nous reste 1h30 de route pour arriver à Kapesovo. Au bout d’une heure, nous dépassons la ville d’Ioannina, l’assez laide capitale d’Epire s’étalant dans des plaines tiers-mondisées. Il ne nous reste qu’à franchir la barrière montagneuse de Mitsikeli pour pénétrer à l’intérieur du massif de Pinde. Passé le col, la nature a pris le dessus sur la civilisation: les forêts verdoyantes s’enchaînent jusqu’à ce que nous arrivions à hauteur de Kapesovo.
En rouge, le parcours du premier jour
Bien qu’une légère bruine nous importune à la sortie de la voiture, j’ai le sourire aux lèvres devant le spectacle qui s’offre à moi : un village compact de maisons pierreuses homogènes aux teintes gris-beige, niché sur les flancs de la Gradista, une colline couverte d’arbustes et de feuillus.
Le village de Kapesovo
Un parking surplombant le village, où nous garons notre voiture pour cinq jours
Les maisons du villages sont intégralement bâties en pierre et parées de toits en lauze
Toutes les rues sont admirablement pavées
La place du village, axée comme celles des autres Zagoria autour d’un platane massif
Vue sur le village depuis la Gradista
L’objectif premier du premier jour de marche est dans la découverte des ponts à arches qui enjambent les cours d’eau serpentant autour de Koukouli. Avant de nous élancer dans leur direction, nous opérons une boucle sur les hauteurs de la Gradista, accompagnés d’un chien sympathique. Au travers d’une végétation florissante, le chemin nous mène de belvédère en belvédère, promontoires dégagées d’où l’on peut se faire une première idée de ce que nous réserve la suite du tracé, avec quelques vues sur les vallée de Mezaria et sur les premiers arpents de la gorge de Vikos.
Sur le sommet de la Gradista
Le sentier touffu qui couvre la Gradista
Ivonig et notre compagnon d’un jour face aux falaises surgissant de la vallée de Mezaria
En surplomb des falaises, le village de Vradeto, par lequel nous reviendrons dans 5 jours
Sacha sur le belvédère suivant ; à l’arrière-plan, on devine la faille de la gorge de Vikos
De l’extrémité de la Gradista vue sur le début de la gorge de Vikos…
…qui gagne vite en profondeur ; sur l’autre flanc, on repère la route menant au monastère d’Agia Paraskevi
De retour à Kapesovo, nous partons plein sud, vers le village de Kipi. Une grossière erreur d’orientation nous astreint à un détour par Koukouli, où nous pénétrons avec difficulté en franchissant plusieurs murs et grillages de propriétés privés. Un mal pour un bien : le sentier alternatif qui nous mène en contrebas de Kipi est de toute beauté.
De village en village
Le retour à Kapesovo
La rue principale de Koukouli
Une grande demeure abritant la fontaine du village
Le chemin reliant Koukouli à Kipi, avec vue sur la vallée de Vikakis
Koukouli
Kipi
Au bas du sentier, nous tombons nez à nez avec le premier des cinq ponts que nous comptons joindre à l’aide d’un tracé suggéré par le site cycladen.be (voir ici). Ce premier pont ne compte qu’une seule arche, particulièrement rebondie.
Le pont Kontodimos
Le sentier menant au pont
L’arrivée au pont par le côté ouest
Le pont vu depuis l’autre côté
Il s’élève a plus de 4 mètres de hauteur
Un passage hors-sentier un peu foireux dans le lit de la rivière Bagiotiko et nous rallions un second pont à trois arches inégales, édifié sur un site particulièrement pittoresque, près d’un vieux moulin à eau abandonné à l’intérieur duquel gisent les ruines d’une machinerie en bois.
Le pont Mylos
Le pont et ses trois arches
Le pont et le moulin sur lequel il débouche
Le moulin à eau
Le village de Kipi vu depuis le pont
Nous partons ensuite vers l’ouest, le long de la rivière, et atteignons bien vite un troisième pont ; probablement le plus imposant et emblématique de Zagori, avec ses trois arches et ses cinquante bons mètres de longueur.
Le pont Plakida
Ivonig sur le pont Plakida
Les trois arches du pont
Détail du pavage
Depuis le pont Plakida, on ne peut se rendre au quatrième pont que par le lit asséché de la rivière, frayant son chemin au creux d’une petite gorge. Nous évoluons au départ à travers la végétation, par la suite sur un sol pierreux assez exigeant. Je ne suis pas mécontent de mettre un terme à cette séquence en arrivant à hauteur du pont Kororos, un impressionnant édifice dont l’unique arche s’élève à 13 mètres de hauteur.
Le pont Kokoros
La marche qui mène au pont, dans le lit pierreux du Bagiotiko
Le pont Kokoros…
…son arche de 13 mètres de hauteur…
…et son superbe pavage
Au-delà de la route goudronnée qui borde le pont, nous pénétrons dans les premiers arpents de ce qui va progressivement devenir la gorge de Vikos. Sur nos flancs, deux parois d’une hauteur encore modeste, entre lesquelles nous progressons à plat, sur un adorable chemin de pierre posé sur un tapis herbeux. Il nous conduit au cinquième et dernier pont, plus moderne et moins charmant que les précédents. Après l’avoir franchi, nous entamons une grimpe soutenue en direction de Vitsa, sur une skala en lacets dont mes photos les moins ratées ne soulignent pas assez l’aspect merveilleux.
Vers le village de Vitsa
Le chemin pavé progressant dans les prémisses de la gorge de Vikos
Le décevant pont Misios
Le début de la skala de Vitsa
Un lacet de la skala
La section finale en bordure de falaise
Peu avant le village, nous trouvons la chapelle dans laquelle a dormi le randonneur acd1410 deux ans plus tôt. Nous nous installons à son exemple sur le parvis couvert de l’édifice, lieu de bivouac idéal, puis poursuivons jusqu’à Vitsa pour nous sustenter. Dans la taverne du village nous attend le seul vrai bon repas de notre séjour à Zagori, ainsi que le match retour du choc de Ligue des champions entre les deux Madrid, celui-là même dont j’ai vu l’aller durant mon trek dans les Calanques de Marseille au prix de quelques péripéties (voir ici).
Le bivouac dans la chapelle de Vitsa
La chapelle avant Vitsa
Notre bivouac dans le parvis couvert de la chapelle
Vue matinale sur les brumes couvrant les vallées en contrebas de la chapelle
La nuit est très douce, aux alentours des dix degrés ; une température idéale pour nous reposer avant quatre grosses journées de marche.