Après les criques cernées de pinèdes au sud et le désert rocheux à l’ouest, c’est un tout autre littoral que je découvre au sortir de Cala Morell. Dénuée d’habitations sur presque 40 kilomètres, la côte prend une forme très accidentée. On ne fait que monter et descendre une succession de falaises déchiquetées aux teintes changeantes ; de temps en temps, le parcours nous offre un petit intermède, sur une plage battue par les vagues et les vents.
En rouge, mon parcours sur la côte nord
Dès la sortie de Cala Morell, je jouis d’une vue étendue sur des falaises inégales aux couleurs ocres. Le chemin contourne une crique ou je repère un petit abri. Bien qu’il reste quelques heures de jour, j’y fais halte, histoire de m’installer, pour la première fois du séjour, à la lumière du soleil, et non de ma lampe frontale.
Le bivouac dans Cala Fontanelles
Vue jusqu’à Punta Roja depuis les limites de Cala Morell
Une côte aux couleurs variées
Au loin, la vaste baie d’Algariens
Dans une petite crique intermédiaire, Cala Fontanelles, un abri est planté au bord de l’eau
Son parvis couvert semble prometteur
J’y fais sécher ma tente et installe ma couche près d’un muret la protégeant du vent
Au réveil, je repique dans les terres à travers champs sur une huitaine de kilomètres.
Bordé de murets, le chemin s’infiltre bientôt dans d’étroits vallons qui me ramènent vers le rivage.
Vont alors défiler sous mes yeux quelques plages encaissées, aussi sauvages que photogéniques, au large desquelles un surfeur solitaire tente de prendre les vagues.
De plage en plage
Les falaises d’Alfurinet délimitent la plage de sa Bombarda
Les galets de sa Bombarda
L’arrière-pays est criblé de petites collines
Un chemin fait transition…
…vers la plage de Cala del Pilar
Par-delà une troisième petite crique sans nom…
…le chemin me dépose…
…sur une quatrième et dernière plage, dite d’Ets Alocs
A partir d’Ets Alocs, je repique dans des collines herbeuses jusqu’au point culminant du Cami de Cavalls, la Marina de son Ermita.
Un passage dans les hauteurs
Le sentier s’enfonce dans une colline…
…qui en domine beaucoup d’autres
Du sommet, vue sur la côte déjà parcourue…
…sur celle qui m’attend…
…et sur l’intérieur vallonné du pays
Le rocher des Bledes se détache des côtes ; tout au fond, Cap de Cavalleria, extrémité septentrionale de Minorque
De retour sur le littoral au niveau de Cala en Calderer, le chemin poursuit sa route sur des falaises torturées aux reflets rougeâtres, jusqu’à la crique circulaire de Cala Barril, prolongées d’impressionnants récifs ; un spectacle chaotique qu’entretient la plage suivante, Cala Pregonda.
Sur le segment le plus découpé de la côte minorquine
Un bord de mer chaotique
Cala en Calderer
Le chemin s’élève…
…sur des falaises rougeoyantes
Cala Barril
Cala Pregonda
Cala Pregonda marque le début d’une séquence étrange dans Plat Vermell, un replat aux allures de désert mexicain.
La traversée de Pla Vermell
Un bord de mer à l’atmosphère désertique ; à l’horizon, la colline de Binimel-la
La plage de Calesmorts
Au cœur du Pla Vermell
La plage de Binimel-là
Préoccupé par mes faibles réserves en eau, je ne fais pas attention à un virage du sentier et m’égare une demi-heure dans un inextricable chaos rocheux. De retour sur le bon chemin, je franchis la bosse de Marineta des Mig, à partir de laquelle le littoral est plus conventionnel. A mon regret, le sentier ne fait pas le tour intégral de Cap de Cavalleria, pointe nord de Minorque ; c’est au travers des terres que je rallie Cala Tirant, l’une des plus grosses stations balnéaires de l’île.
Vers Cala Tirant
Depuis les hauteurs de Marineta des Mig, vue sur le phare de Cavalleria…
…et l’intérieur du pays
Les plages de Ferragut et Cavalleria
J’y navigue à vue entre d’innombrables cadavres de méduses
Le GR223 shunte Cap de Cavalleria…
…traverse les ruines d’une vieille cité romaine…
…et retrouve le front de mer face à Cala Tirant
Cala Tirant
Des trois bouteilles d’eau que je transporte, j’en ai déjà vidé deux. Impossible de me ravitailler à Cala Tirant, aussi vide de monde que les stations balnéaires traversées les jours précédents. Dois-je faire un détour par Fornells, plus grosse agglomération de la côte nord située à quelques kilomètres ? Comptant plutôt sur ma bonne étoile, je file droit vers le bois de s’Albufera.
Sur ma route, une séquence asphaltée de 4 kilomètres, dont 2 sur une route très empruntée. Après deux jours au cœur de la nature, ce retour à la civilisation m’est d’autant plus désagréable qu’un chauffard déboulant à 120 bornes manque de me renverser.
De retour sur les chemins, je peine à trouver un lieu de bivouac propice. Les diverses criques que je visais sont privatisées ; le revêtement de la forêt ne me plaît pas, et de toute façon, j’ai la flemme d’y dresser la tente. Je préfère poursuivre ma route jusqu’à la station balnéaire suivante, Son Parc, dans laquelle je déboule avec la ferme intention de m’installer dans une infrastructure abandonnée pour l’hiver, et trouve mon bonheur presque immédiatement, dans le préau d’un restaurant bordant la plage d’Arenal de son Saura.
Depuis mon lever, à peine 10 heures plus tôt, j’ai avalé presque 40 bornes, sur un chemin en dénivelé constant. Aussi n’ai-je aucun mal à m’assoupir.