De Genolhac, j’avais prévu de rallier le pic de Finiels, sommet du mont Lozère et objectif majeur du trek, par les pistes fades des GRs 7 et 72 ; c’était sans compter sur l’aide précieuse d’un intervenant du forum randonner-léger, qui me conseilla d’attaquer directement l’arête du massif depuis Genolhac vers le pic Cassini, sa cime orientale, puis de suivre la ligne de crête hors-sentier jusqu’au point culminant. Cette alternative autrement plus réjouissante nous offrira des moments d’exception.
En rouge, la traversée des crêtes du mont Lozère (correspondant dans openrunner au jour 19 et au début du jour 20)
Levés en pleine nuit, nous attaquons dès l’aube les pentes raides du pic Cassini, sur de beaux sentiers perçant à travers les genêts. L’ambiance mystique des lieux est renforcée par d’épaisses brumes qui ne se dissiperont pas avant le serre de Vergeirousse.
Une grimpe dans le brouillard
Les arbres qui bordent notre voie…
…se mêlent bientôt aux genêts…
…qui prennent le dessus…
…avant de subir la concurrence d’énormes blocs de granits
On n’y voit pas à dix mètres
Un ruisseau débordant complètement de son lit
Au niveau du belvédère des Bouzèdes, les brumes se lèvent
Le sentier s’infiltre entre, à droite, les pentes du serre Fageolle…
…et à gauche, la bosse avancée du serre de Vergeirousse
Passé le serre de Vergeirousse, nous progressons à plat, en contrebas de la crête, sur une pente douce où se mêlent le genêt, la rocaille et les maisons en pierre dispersées du hameau des Bouzèdes. Charmant tableau !
Autour des Bouzèdes
Une mer de genêts
Le hameau du Bouzèdes
Ses maisons dispersées
A notre gauche, une arête rocheuse s’étirant vers les rochers de Trenze
Un dernier coup d’œil sur les Bouzèdes…
…et nous poursuivons notre route
Au loin à droite, le plateau de la Croix de l’Hermite
Le retour en forêt
Après trois kilomètres enchanteurs, nous nous coltinons des bois de pins moins stimulants, tournés qu’ils sont vers la pratique du ski de fond. Un segment d’autant plus déplaisant que nos sacs ultra-légers sans armature sont plus lourds que jamais : ils pèsent au moins 13 kilos, soit 2 de plus que la charge maximale que recommande leur concepteur. J’en pâtis quelque peu, Ivonig plus encore : depuis la rude ascension matinale, il ressent une gêne lancinante au niveau d’une vertèbre qui le lâchera plus d’ici la fin du trek.
Nous transitons de piste en piste jusqu’au Mas de la Barque et ne retrouvons belles sentes et vues qu’à l’approche des hauteurs dépouillées du pic Cassini. La conquête de cette pointe orientale du mont Lozère entérine notre retour aux affaires après dix jours de marche sous les mille mètres.
Le pic Cassini
La vue se découvre aux abords du pic
Le triangle métallique servant de poteau géodésique
Vue du pic Cassini sur les Cévennes…
…et la ligne de crête aplatie du mont Lozère
Nous nous attaquerons à la suite des crêtes le lendemain ; pour l’instant, nous revenons au col de l’Aigle, en-dessous duquel se terre le chalet du même nom, l’un des seuls refuges non gardés de renom du Massif central, où nous nous sommes promis de passer la nuit. L’abri est aussi plaisant par sa situation que par sa propreté ; nous nous y octroyons un repos salvateur d’une demi-journée, après une semaine de marche intensive.
Le refuge de l’Aigle
Le rocher de l’Aigle…
…domine une vallée…
…au fond de laquelle on peut repérer notre refuge
Le rocher de l’Aigle photographié durant la descente
Le refuge
L’intérieur du refuge
Nous y allumons un feu…
…dont les braises cuiront notre riz
On dort à l’étage, dans une mezzanine qui peut au moins accueillir 4 couches
Au réveil nous attend l’un des plus beaux moments du séjour : la traversée de l’arête sauvage qui joint les deux points culminants du mont Lozère, le pic Cassini et le pic de Finiels. Dix kilomètres savoureux qui démarrent dans un désert de roches et de tourbes s’affaissant lentement, de cime en cime en un bassin herbeux dans lequel le Tarn prend sa source.
Sur les crêtes du mont Lozère
Le rocher de l’Aigle, notre point de départ
En surplomb du rocher…
…un plateau tourbeux parsemé de blocs granitiques…
Nous le traversons par de vagues sentes…
…qui disparaissent au niveau d’un chaos rocheux improbable
La crête aplatie et désolée du mont Lozère
Le genêt apparaît
Le bassin où naît le Tarn
Le ruisseau du Tarn
Au-delà du Tarn, l’absence totale de trace nous contraint à avancer à la boussole, sur un revêtement parfois traître. Nous nous dirigeons plein ouest, avec la Croix de Fer pour objectif, au prix de détours nécessaires pour contourner des tourbières particulièrement douteuses.
L’épopée s’achève par le contournement de la forêt domaniale, derrière laquelle se cache le pic de Finiels. Nous y rencontrons quelques randonneurs arpentant le GR7 et, au carrefour de sentiers suivant, ceux, bien plus nombreux, qui déboulent du nord par le chemin de Stevenson. Nous qui étions, une heure plus tôt, isolés au milieu de nulle part, nous retrouvons incorporés dans une véritable procession de soixante-huitards. C’est en leur compagnie que nous accéderons au pic de Finiels, sommet des Cévennes.
Vers le pic de Finiels
Le hors-sentier entre le Tarn et la Croix de Fer
De la brume surgit la silhouette du mont Lozère
Le col de Finiels
Un sommet secondaire du pic de Finiels
Du pic de Finiels, vue vers le nord…
…et l’ouest, sur les crêtes que nous avons parcouru toute la matinée ; au fond, le pic Cassini
Nous n’en avons pas fini avec nos amis retraités : à leur suite, nous allons suivre le chemin de Stevenson pendant 35 kilomètres.