Initialement, je comptais joindre le volcan du Cantal aux monts Dore par l’itinéraire direct et sans saveur du GR4. C’était sans compter sur la suggestion d’un Auvergnat de passage en Bretagne, qui me vanta la beauté d’un plateau volcanique s’étendant entre ces deux massifs, le Cézallier. Séduit par son propos, je modifiai mon tracé afin qu’il traverse cette contrée par le mont Chamaroux, que je considérais à tort comme son point culminant.
En rouge, la traversée du massif du Cézallier (jour 39 sur openrunner)
Les immenses prairies découvertes du Cézallier sont si peu garnies en arbres, la présence humaine y est si minime, qu’on se croirait parfois transporté au beau milieu de la steppe asiatique. Même le causse Méjean ne nous a pas laissé une aussi vive impression de dépouillement. Le dépaysement est garanti, de même que les panoramas : dès qu’on prend de la hauteur, l’absence presque totale d’obstacles permet à la vue de porter sur des dizaines de kilomètres.
Tout du long, nous avons progressé hors-sentier, même dans les premiers kilomètres, le balisage que nous comptions suivre au départ ayant été sabordé par les éleveurs, qui ont adapté les clôtures pour qu’on ne puisse pas les franchir sans quelque galipette. Nous ne nous sommes fiés qu’à la boussole, avec le mont Chamaroux ou une bosse plus secondaire comme point de repère. Le revêtement du sol, parfois boueux voire tourbeux, parfois touffu, souvent accidenté, a considérablement ralenti notre progression, même si le dénivelé n’était jamais brutal.
Revenus en voiture de la cascade des Veyrines, près de laquelle nous avons bivouaqué, nous reprenons la marche où nous l’avions laissé, au niveau du chaos basaltique de Landeyrat. Dès les premiers mètres, la sente s’efface et nous traçons nous même notre route en zigzaguant entre les troupeaux de vaches. Au-delà du hameau de Rascoupet, le désert herbeux dans lequel nous nous immergerons devient total; seuls quelques arbres, deux ou trois burons et de rares clôtures quadrillant d’immenses pâturages viennent troubler l’immersion. Six kilomètres hors du temps et nous atteignons, sur l’arête vague de la montagne des Huides, un buron en ruine qui porte à son paroxysme l’atmosphère post-apocalyptique dans laquelle nous baignons. Nous y déjeunons à l’abri d’un pan de mur, avec une vue dégagée sur les lointains monts Dore et du Cantal, et sur le moins lointain mont Chamaroux, principal objectif du jour.
Vers le buron des Huides Haut
Le hameau de Rascoupet ; au fond, le massif du Cantal
Le buron de Monval
Je le contourne par le petit bois de Lorette
Le buron de Bel-Air, et au fond, la montagne des Huides
Un peu plus à droite, le buron de Courbières Bas
Le buron de Bel-Air vue des pentes de la montagne de Courbières
Du buron des Huides Haut, vue sur le volcan du Cantal…
…le puy de Sancy…
…et le mont Chamaroux
La pyramide herbeuse du mont Chamaroux culmine deux cents mètres au-dessus de la vallée du Saillant, du fond de laquelle nous attaquons de face, et toujours hors-sentier, ses pentes affaissées. Une croix en bois sommaire en symbolise le sommet, d’où la vue sur le monts Dore est plus brute encore que de celui des Huides.
Le mont Chamaroux
Ivonig et Sacha s’approchant hors-sentier…
…de la bosse proéminente du mont Chamaroux
La vallée qu’il surplombe…
…file vers l’ouest et un bois abritant un monastère orthodoxe
Sur les pentes du mont Chamaroux…
Ivonig et Sacha en plein effort…
…avec, derrière eux, la silhouette du volcan du Cantal
L’arrivée au sommet
De l’autre côté, les monts Dore
Le mont Chamaroux vu de la suite du parcours
Inspirés jusqu’au mont Chamaroux, nous le sommes moins au-delà ; c’est en divaguant entre tourbières douteuses et taureaux surpuissants que nous parvenons, au détour d’une bosse, à repérer les deux lacs marquant la sortie des monts du Cézallier. Le village de la Godivelle, niché entre ces deux plans d’eau, est en fête quand nous y débarquons, l’occasion de s’enfiler un coca frais sur un stand de kermesse avant de reprendre la route.
L’arrivée à la Godivelle
Les deux lacs de la Godivelle
Des abords du buron du Bos Taveix, vue sur le puy de Sancy
Le lac d’en bas
L’église Saint-Blaise
Nos 20 kilomètres de marche au cœur du massif du Cézallier auront été particulièrement dépaysants ; on ne pourra pas en dire autant des 30 qui nous séparent encore des monts Dore.