Si la règle veut que le climat printanier de l’Ardèche méridionale soit sec et ensoleillé, nous n’en connaîtrons que l’exception : orages, averses, et même deux jours de pluie continue, dont le premier advient durant notre traversée de la contrée d’ouest en est.
En rouge, notre percée à travers l’Ardèche méridionale (correspondant dans openrunner à la fin du jour 12 et au début du jour 13)
Les conditions de départ sont pourtant bonnes. Le raccourci que nous avons tracé la veille s’avère plus qu’agréable : il file entre les murets sur le plateau désertique du serre du Choulet et nous dépose dans une ambiance méditerranéenne au creux des gorges de la Beaume, que notre oncle Roger considère comme le plus beau coin d’Ardèche. Dans le massif du Tanargue, nous avions longé ce cours d’eau à l’état de ruisseau ; nous le retrouvons sous la forme d’une rivière tumultueuse qu’ont grossi les pluies récentes.
Les gorges de la Beaume
Le sentier transversale du serre du Choulet
L’arrivée dans les gorges
La descente sur un rebord de la paroi
Les gorges photographiées à mi-pente…
…et depuis les rives de la Beaume
Détail de la paroi
Une baignade assez sportive, le courant étant très puissant
Au sortir d’un bain rafraîchissant, j’endommage sérieusement la semelle de ma chaussure droite en glissant sur une paroi ; il me faudra traîner ce boulet jusqu’à la poste des Vans, où ma belle sœur m’aura envoyé une paire de rechange. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, je suis mon frère le long des gorges jusqu’au très prisé village de Labeaume.
Labeaume
Le village, bâti à flanc de falaise
Vue sur le village des rives de la Beaume
L’église Saint-Pierre-aux-Liens, dont le clocher est soutenu par un porche.
Quelques rues pentues et pavées
Nous reprenons la descente des gorges jusqu’à ce que la Beaume se jette dans l’Ardèche, que nous retrouvons avec plaisir après six jours de séparation. Sur l’autre rive, la commune étalée de Ruoms, que nous ne nous remémorons moins pour sa vieille-ville, pourtant charmante, que pour les copieux sandwichs chauds ingurgités dans son centre touristique.
Vers Ruoms
Le sentier qui nous conduit au village…
…surplombe les derniers arpents des gorges
L’Ardèche
Sur l’autre rive, les premières façades de Ruoms
Le rempart réaménagé de la vieille-ville
A l’intérieur de l’enceinte
La pluie annoncée tarde à se déclencher ; nous en profitons pour avaler en vitesse les 8 kilomètres sans grand intérêt qui séparent Ruoms de Lagorce. Ce village, bâti le long du versant le moins pentu d’une crête dont l’autre flanc est une paroi verticale, recèle comme les précédents quelques trésors architecturaux.
Lagorce
Le versant abrupt de l’arête le long de laquelle s’étale le village
Le village vu de l’autre côté
Ivonig pénétrant dans la vieille-ville
Une ruelle haute
Le beffroi, ancienne porte d’entrée du château
L’église Saint-André
On voit sur cette photo qu’à l’arrière de la nef, sa hauteur dépasse presque sa longueur !
Dans une colline boisée dominant Lagorce est nichée la chapelle Notre-Dame d’Adjude. Nous hésitons à nous installer sur sa pelouse, poursuivons finalement la route et échouons, au creux d’un vallon perdu, sur une plage de galets bordant l’Ibie, où nous parvenons tant bien que mal à dresser notre tente sans sardines. Nous dormirons au propre, suite à une longue baignade dans la rivière.
Le bivouac de l’Ibie
L’Ibie vu des abords de l’arche du Ranc de l’Arc, que nous ne sommes pas parvenus à localiser
Notre bivouac sur les galets…
…à quelques mètres du cours d’eau
Contre toute attente, le ciel nous a laissé tranquille tout l’après-midi. Il se vengera le lendemain matin, avec une pluie si constante qu’elle nous obligera à démonter la tente sous son joug et nous harcèlera toute la journée. Aussi est-ce trempés jusqu’au fond des chaussettes que nous parcourrons le massif de la Dent de Rez, le plus élevé de l’Ardèche méridionale, dont nous dompterons le sommet durant une brève accalmie.
Le massif de la Dent de Rez
Une maison du hameau de Rez
Nous manquons d’eau et nous abreuvons dans un bassin stagnant avec la pipette révolutionnaire d’Ivonig
Vue vers Lagorce des hauteurs du massif
Près du sommet, la falaise du rocher de la Montre
Au loin, les contreforts des gorges de l’Ardèche
La pluie s’intensifie encore au moment où nous quittons le massif. Pendant une heure, un déluge comme j’en ai rarement vu s’abat sur nos têtes. Le sol est si gorgé d’eau qu’il n’aspire plus rien, à tel point que notre sentier se transforme bientôt en une rigole déchaînée, sur laquelle il est difficile voire dangereux d’avancer. Ces conditions dantesques gâchent notre arrivée au village de Gras, qui par temps normal aurait été le moment phare de la journée.
L’arrivée ratée à Gras
L’état calamiteux de notre chemin
Ivonig y déambule tant bien que mal
Le village surgit à l’horizon
Le village vu de l’ouest…
…et de l’est
Nous faisons halte sous l’abri bus pour déjeuner, en espérant pouvoir nous relancer par un temps plus clément. Je crois profiter d’une accalmie pour plier ma tente, anarchiquement disposée dans mon mesh depuis le départ à la hâte du matin : raté ! A l’instant où je l’étale sur le sol, une averse surpuissante s’abat sur ma tête, offrant à mon frère un bon moment de rigolade.
Lassés d’attendre un soleil qui se refuse à nous, nous repartons sous le crachin ; au loin se dresse le vaste plateau du Laoul, dernier promontoire avant la vallée du Rhône et limite orientale de notre trek.