La péninsule de Trotternish est structurée autour d’une crête d’axe nord-sud de 30 kilomètres, née d’un des plus gigantesques glissements de terrain de l’histoire européenne. Nous devons la longer d’un bout à l’autre, pour ce qui constituera notre plus longue marche du séjour, la seule par ailleurs qui ne prendra pas la forme d’un circuit.
Le tracé (lien openrunner)
Aux deux extrémités de l’immense arête, l’érosion des falaises a créé des bizarreries géologiques : au nord, le Quiraing et au sud, le Old Man of Storr, un immense monolithe détaché de la paroi et l’un des sites naturels les plus visités de toute la Grande-Bretagne. Nous pouvons en témoigner : le parking officiel censé accueillir les touristes est bondé et nous devons nous garer 500 mètres plus loin, au bout d’une interminable file de voitures. L’affluence gâche un peu la découverte des lieux et nous ne nous y attardons pas autant de temps que nous l’aurions voulu.
Old Man of Storr
La montagne de Storr, d’où se détache le Old Man, repérable à sa droite
Des centaines de curieux nous ont devancés
Ils surchargent un sentier très érodé
Le Old Man vu du dessous…
…et de côté
En prenant du recul…
…nous pouvons plus pleinement l’apprécier
La photo la plus courante du Old Man, avec le Loch Leathan et l’océan en arrière-plan
La montagne du Storr, comme celles du Cuillin, garde des traces des neiges nocturnes
Il suffit de contourner un repli de la montagne pour passer d’une foule opaque à la plus complète solitude. Les vingt prochains kilomètres, nous ne croiserons que trois personnes. Nous laissons derrière nous le Storr et nous hissons sur une ligne de crête rebondie, qui s’affaisse parfois profondément, nous contraignant à enchaîner les petites grimpes, la plupart du temps hors-sentier. La crête offre un contraste saisissant entre son flanc ouest, une pente douce et herbeuse échouant dans les tourbes de Uig, et son flanc est, une falaise abrupte et tourmentée dominant parfois la vallée de 500 mètres.
Le début du spectacle
Nous dépassons le Storr…
…et faisons face à une première cuvette de l’arête
A notre gauche, des landes aux courbes paisibles…
…et à notre doite, une immense paroi…
…qui décrit d’amples courbes…
…et domine l’est de la péninsule de 500 mètres
L’épine dorsale sur laquelle nous allons lutter jusqu’au soir…
…sans compter sur la moindre sente !
Les conditions météos très celtiques, marquées par une alternance de soleil et de bruine, renforcent la beauté des lieux. Nous n’oublions pas de nous retourner régulièrement, pour apprécier le spectacle sous tous les angles.
Sur la crête de Trotternish
Quelques exemples des panoramas qui se succèdent à l’avant…
…à l’arrière…
…à notre droite…
…et à notre gauche
Loin à l’ouest, nous distinguons la baie du port d’Uig
Dans le dernier tiers du parcours, la falaise dessine un ample demi-cercle autour d’une vallée de tourbes brunes émaillée de saillies aux formes improbables. C’est sur un promontoire fermant ce cirque et faisant face au Quiraing que nous posons notre tente, pour la seconde fois seulement du séjour et la première fois dans des conditions décentes.
Le bivouac face au Quiraing
Des pentes du Beinn Edra…
…une vue d’ensemble des dix derniers kilomètres de l’arête
De ce vaste cirque…
…se sont émancipés des monolithes de diverses tailles…
…dont le plus imposant est le Cleat, à droite sur la photo
Le promontoire où nous nous fixons…
…avec une but imprenable sur la côte
Le vent, toujours glacial, nous importune toute la nuit ; il me tarde de me réchauffer en galopant vers le Quiraing, un chaos rocheux produit par une dislocation surréaliste de la falaise.
Le Quiraing
Vue d’ensemble du Quiraing
A ses pieds, la seule route qui traverse la crête
Les monolithes resserrés du Needle
Nous nous infiltrons entre deux d’entre eux…
…afin d’atteindre la Table, un promontoire herbeux aplati qui serait propice au bivouac s’il n’était pas soumis aux vents
Une descente aussi verticale que la montée…
…un coup d’œil sur les dernières saillies de la crête…
…et sur la côte est de Trotternish…
…et nous retournons au sentier officiel…
…qui file vers le village de Flodigarry
Durant notre passage dans le Quiraing, je repère en me retournant la perspective qui a été utilisée en couverture du livre Les 1001 randonnées qu’il faut avoir faites dans sa vie, celui-la même qui a justifié notre venue sur l’île de Skye. Je tente, de mémoire, de tirer le même cliché, et si j’ai échoué à y parvenir, c’est entre autres parce que la photo du bouquin semble avoir été considérablement remaniée. Imposture !
Ma tentative de plagiat
La photo copiée
Mon plagiat le plus fidèle
Autres essais infructueux
Arrivés sur l’île de Skye par le seul pont la reliant à l’Ecosse, nous en repartons par la mer, après avoir profité d’un désistement de dernière minute pour caler notre voiture dans le ferry reliant Armadale, côté Skye, à Mallaig, côté Écosse. Place au dernier défi du séjour, l’ascension du Ben Nevis.