Sans valoir son alter-ego saxonne, la Suisse bohémienne n’est pas dénuée de charmes, pour qui fait abstraction de la pluie.
En rouge, ma traversée de la Suisse bohémienne
Avant de profiter de la région, je dois traverser la frontière germano-tchèque, ce qui n’est pas une mince affaire : les deux pays ne sont reliés que par de vagues sentes dissimulées dans les fourrés et s’immisçant dans des gorges nombreuses, étroites et pentues. Je m’y reprends à trois fois avant de trouver la bonne voie, et déboule en Tchéquie au prix d’un ultime effort dans une forêt de pins qui laissera un mauvais souvenir à mes mollets.
Un franchissement de frontière sportif
Au réveil, le temps n’est pas au rendez-vous
L’itinéraire contourne le Kleiner Winterberg…
…transite par le Frienstein…
…et accède, au-delà du Großer Winterberg, à une frontière marquée par de vieilles bornes
De la sente humide qui suit grossièrement la frontière…
…on peut repiquer dans diverses gorges
Ma première tentative finit dans un cul-de-sac…
…la seconde également…
…la troisième est la bonne
Je débouche dans une forêt de pin…
…puis sur le sentier E3
Cette rude séquence de marche est compensée par deux moments de grâce, lors de petits détours vers deux belvédères d’où j’ai le loisir d’admirer l’immense paroi gréseuse qui sert de frontière naturelle entre Allemagne et Tchéquie. En son centre, la plus célèbre formation rocheuse de la Suisse bohémienne, la Pravčická brána, dont l’arche naturelle, la plus grande d’Europe, me reste cependant cachée.
Panoramas sur la Suisse bohémienne
D’un premier belvédère…
…je domine un ample cirque gréseux…
…fermé à l’est par la Pravčická brána…
…et à l’ouest par une paroi moins prestigieuse
D’un deuxième belvédère…
…vue sur la Pravčická brána
Un troisième point de vue
Côté tchèque, le parcours perd en majesté, enfermé dans des sous-bois dont il ne surgit pas fréquemment.
La Bohème sylvestre
Le joli chemin en balcon reste prisonnier des arbres…
…et ne permet de s’abriter de la pluie qu’à de rares occasions
Même quand il se hisse sur une crête…
…la vue ne se dégage pas
Il faut pour cela grimper sur des saillies rocheuses…
…par d’improbables escaliers
On distingue alors brièvement les collines boisées de la Suisse bohémienne
En récompense d’une journée de lutte sous des trombes d’eau, la Providence me réserve une excellente surprise : l’abri que je vise avec scepticisme depuis le matin est une cabane intacte magistralement perchée sur le pic rocheux d’Ostroh. Confort, solitude et panorama dantesque sur la Suisse bohémienne : je suis refait !
Bivouac dans la cabane du Rudolfův kámen
Au sommet de la butte, on devine la silhouette cubique du refuge
J’y grimpe par un escalier taillé dans la roche…
…glissant et vertical
La cabane a été édifiée sur l’étroit sommet du pinacle
Au réveil, un panorama splendide sur la Suisse bohémienne…
…et au loin, la Suisse saxonne
Depuis la butte voisine de Vilemínina…
…je repère, sur une troisième proéminence, un second abri du même genre, qui était ma solution de secours
Panorama d’ensemble
Le moral à bloc, je descends au village de Chřibská à travers des collines plus quelconques, si ce n’est sur le plan architectural, les fermes qui défilent sous mes yeux ayant nettement plus de charme que côté allemand.
Une agréable parenthèse architecturale
La campagne bohémienne…
…est riche en belles bâtisses
Le bourg de Chřibská
J’aurais pu m’arrêter là ; le temps correct m’incite cependant à poursuivre ma route jusqu’à la Jedlová, l’un des principaux sommets des monts de Lusace.
Vers la Jedlová
Les éboulis couvrant la colline du Malý Stožec
De son sommet, vue vers le sud…
…le nord…
…et l’est, dominé par la Jedlová
De la Jedlová, vue vers la vallée ou s’achève mon trek…
…dans une gare lugubre…
…près de laquelle se croisent deux sentiers européens majeurs, l’E3 et l’E10
Dans la gare de Jedlová, je fais connaissance avec le réseau ferroviaire tchèque, bien plus pratique que son homologue français.