Dans les monts des Géants, le mauvais temps parviendra au but qu’il s’était fixé sans succès jusqu’alors : gâcher ma randonnée.
Ma boucle avortée dans les monts des Géants depuis la station de ski d’Harrachov (lien openrunner)
Tout commençait pourtant bien, avec une ascension vespérale tranquille vers l’abri de Ručičky.
L’abri de Ručičky
Le déluge qui s’abat sur la cabane durant la nuit fait des siennes jusqu’en fin de matinée. Le brouillard qui l’accompagne voile tous les panoramas sur le massif et ne se lèvera pas avant ma pause-déjeuner, dans la station de Špindlerův Mlýn.
Une matinée dans le brouillard
Le sentier progresse dans des forêts de conifères…
…puis dans des paysages plus colorés
Un long segment de voie pavée
La moins plaisante traversée d’un ruisseau tumultueux
La station de Špindlerův Mlýn vue de loin…
…et de près
La section suivante est moins morne mais autrement plus éprouvante. Je décide en effet de me hisser sur la ligne de crête du Kozí Hřbety, puis de la suivre par un chemin dont je constate bientôt qu’il n’existe que dans l’esprit optimiste des contributeurs d’opencyclemap. Me voilà lancé dans un hors-sentier interminable sur une arête couverte de petits conifères aux branches rigides et glissantes qu’il me faut enjamber, repousser ou écarter à chaque pas. Je progresse incroyablement lentement, dérape et chute des dizaines de fois,et met deux bonnes heures à avancer de deux kilomètres. De temps en temps, un passage dans un pierrier modifie la galère sans l’atténuer. Apercevant, au terme d’une longue lutte, le sentier en contrebas, je plonge dans une pente presque verticale, entre les buissons et les pins, et échoue sur le chemin avec des bras et jambes couverts de griffures et deux trous dans le pantalon. Tout cet effort pour quelques panoramas sur le massif : un peu cher payé !
Lutte sur la crête de Kozí Hřbety
Je m’y hisse hors-sentier…
…progresse quelques minutes sur une trace imperceptible…
…et la galère commence !
La pinède que je dois franchir…
…émaillée de pierriers…
…et de rares passages plus dégagés
Les derniers mètres de la descente
Enfin le chemin !
J’aurais mieux fait de le suivre depuis le fonds de vallée…
La douloureuse épreuve m’a mis en retard ; il me reste deux heures pour joindre puis gravir le Sniejka, sommet des monts des Géants, à la frontière de la Tchéquie et de la Pologne. J’ai à peine le temps d’apprécier la découverte, sur les pentes du Luční hora, d’un biome qui m’est encore inédit : une véritable toundra alpine.
A travers la toundra
Je quitte sans regret la vallée de Kozí Hřbety…
…au profit d’un plateau dégarni…
…au centre duquel se dresse une auberge gigantesque…
…d’où l’on continue sa route sur une voie pavée impeccable
…puis sur des passerellles en bois…
…d’où je peux admirer le mont Sniejka, qui vient de se dégager des nuages
Au sommet du Sniejka, les bourrasques frappant l’observatoire sont si puissantes que je ne peux prendre de photos
Je m’exécute donc depuis ses pentes, profitant d’une vague perspective sur les monts tchèques…
…et les plaines polonaises
Au pied du Sniejka, le refuge Śląski, tenu par des Polonais ; j’y dévore le goulasch le plus copieux de ma vie.
J’apprécie d’autant plus les prévisions météorologiques optimistes des gardiens du refuge que m’attend au matin une section prometteuse du trek : la portion la plus célèbre du chemin de l’Amitié tchéco-polonaise, sur un sentier en balcon dominant la Silésie. Au réveil, c’est la douche froide ; d’épais nuages couvrent la montagne pour la journée. C’est dans un brouillard épais que j’avance pendant des heures.
Après dix kilomètres de marche, j’atteins le parking du col de Slezké.
Le col de Slezké vu la veille de la crête de Kozí Hřbety
Un bus y stationne, qui s’apprête à descendre vers Špindlerův Mlýn ; je me fais une raison, y embarque et me retrouve, une séance d’auto-stop et deux trains plus tard, dans le centre-ville de Prague.