La traversée du parc du Triglav accaparera deux pleines journées, la première plus minérale, sur le toit de la Slovénie, la seconde plus verdoyante, dans la moyenne montagne de la chaîne de Tolmin.
En rouge, l’itinéraire suivi dans le parc du Triglav
Dès le réveil, je m’attaque au plus gros morceau du trek : une ascension sèche de presque 2000 mètres, de la vallée de Kot au plus haut refuge de Slovénie, le Triglavski dom na Kredarici.
L’ascension du Triglav
Après un premier passage technique…
…je quitte la forêt…
…pour un terrain plus dégarni et parsemé de névés
Loin en arrière, la frontière autrichienne
Je rejoins la ligne des nuages au niveau du refuge Valentina Staniča
S’ensuit une longue phase technique sans vraie difficulté, si ce n’est l’omniprésence de la brume
Le refuge que je vise est tellement plongé dans le brouillard qu’il ne se dévoile qu’au dernier moment. C’est dans ses parages que commence l’ascension finale du sommet du Triglav. Pour y accéder, il faut escalader 300 mètres d’une paroi rocheuse verticale mais aménagée avec soin, à la limite de la via ferrata. La plupart de ceux qui s’y aventurent portent d’ailleurs casque et grappin, mais il y a aussi de simples randonneurs. Je me teste sur le début du mur ; s’il m’intimide, la qualité des cordes, marches et autres appuis artificiels inspire confiance.
Le début du mur final
Histoire de ne pas grimper au sommet pour rien, je patiente en bas le temps que le brouillard se lève… ce qui n’arrivera jamais. Après une heure d’attente, je perds espoir, conforté par les prévisions d’un des tenanciers du refuge, et poursuit la route vers le refuge Planika pod Triglavom, placé au pied d’une autre voie d’accès au sommet.
Autour du Triglav
Je contourne les contreforts du mont Triglav…
…sur un sentier effondré…
…et accède à un second refuge…
…d’où j’aperçois des vallées dégagées des nuages…
…contrairement au Triglav
La brume compacte qui assiège toujours le sommet de la Slovénie me dissuade définitivement de le gravir, non sans une frustration que la majesté de la séquence suivante me fera vite oublier.
Du haut des Alpes juliennes
Depuis le refuge Planika pod Triglavom, j’arpente un sentier en balcon extraordinaire…
…qui se prolonge jusqu’au col de Miseljski Konec, cinq kilomètres plus loin
Sur la route, les habituels passages encordés…
…et le refuge de Dolič
Du col, panorama saisissant sur la vallée…
…et sur un sommet du Triglav…
…toujours cerné de brumes !
Aussi jubilatoire aurait été la fin de journée, dans la vallée centrale du Triglav, dite des Sept lacs, si je n’avais pas galéré à y trouver un coin de bivouac. Dans cette cuvette minérale, où l’herbe et la terre sont des denrées rares, les zones vertes des champs d’obus mêlant buissons et cailloux, c’est mission impossible.
En désespoir de cause, j’échoue dans un refuge gardé, le premier où je passe la nuit en deux mois de marche. Au menu, les désagréments habituels, puanteur et ronflements, prix exorbitants en haute saison, et un bonus pour la route : mes voisins de chambrée s’ébattent sans gêne pendant des heures… Et bien sûr pas de douche chaude pour compenser. Autant dire que j’aurai très peu récupéré d’un effort intense de 25 kilomètres pour 2000 mètres de dénivelé sur un revêtement infâme.
Dans la vallée des Sept lacs
Un parcours du combattant dans un désert de pierre
Au niveau de l’aiguille de Vrsak…
…une vallée s’ouvre à moi…
…d’abord rocailleuse…
…puis plus large, plus végétale…
…et jalonnée de plans d’eau
Je m’infiltre entre pics et pinèdes…
…vers le plus grand lac, flanqué du refuge maudit
Le lendemain, l’environnement change complètement. Finie la haute montagne, place à des cimes plus modestes surgissant d’une mer d’arbustes et autres conifères.
A midi, je croise un dernier refuge, dans un cadre particulièrement photogénique.
Le refuge de Bogatin
S’ensuit une après-midi de solitude complète, entre forêt et pics de moyenne montagne.
Dans la chaîne de Tolmin
Un chemin forestier aux panoramas changeants…
…m’amène en surplomb du lac de Bohinj, le plus grand de Slovénie
Au col de Konsjko…
…je renoue avec la montagne…
…et les sentiers aériens
Je me réserve la suite de la crête pour le lendemain…
…admire une dernière fois les cimes se succédant au nord…
…jusqu’à celle du mont Triglav, visible à l’horizon et enfin libérée des brumes…
…et repique vers une sympathique cabane
Deux journées de marches à mon goût, achevées dans un bivouac qui l’est tout autant : je suis au Paradis ! Et voilà que je capte internet… Ce que je vais y apprendre va brutalement me ramener sur Terre.