D’Autriche en Italie par les Alpes slovènes (juillet 2020) – 2/3 – le parc du Triglav

La traversée du parc du Triglav accaparera deux pleines journées, la première plus minérale, sur le toit de la Slovénie, la seconde plus verdoyante, dans la moyenne montagne de la chaîne de Tolmin.

En rouge, l’itinéraire suivi dans le parc du Triglav

Dès le réveil, je m’attaque au plus gros morceau du trek : une ascension sèche de presque 2000 mètres, de la vallée de Kot au plus haut refuge de Slovénie, le Triglavski dom na Kredarici.

L’ascension du Triglav

Après un premier passage technique…

…je quitte la forêt…

…pour un terrain plus dégarni et parsemé de névés

Loin en arrière, la frontière autrichienne

Je rejoins la ligne des nuages au niveau du refuge Valentina Staniča

S’ensuit une longue phase technique sans vraie difficulté, si ce n’est l’omniprésence de la brume

Le refuge que je vise est tellement plongé dans le brouillard qu’il ne se dévoile qu’au dernier moment. C’est dans ses parages que commence l’ascension finale du sommet du Triglav. Pour y accéder, il faut escalader 300 mètres d’une paroi rocheuse verticale mais aménagée avec soin, à la limite de la via ferrata. La plupart de ceux qui s’y aventurent portent d’ailleurs casque et grappin, mais il y a aussi de simples randonneurs. Je me teste sur le début du mur ; s’il m’intimide, la qualité des cordes, marches et autres appuis artificiels inspire confiance. 

Le début du mur final

Histoire de ne pas grimper au sommet pour rien, je patiente en bas le temps que le brouillard se lève… ce qui n’arrivera jamais. Après une heure d’attente, je perds espoir, conforté par les prévisions d’un des tenanciers du refuge, et poursuit la route vers le refuge Planika pod Triglavom, placé au pied d’une autre voie d’accès au sommet.

Autour du Triglav

Je contourne les contreforts du mont Triglav…

…sur un sentier effondré…

…et accède à un second refuge…

…d’où j’aperçois des vallées dégagées des nuages…

…contrairement au Triglav

La brume compacte qui assiège toujours le sommet de la Slovénie me dissuade définitivement de le gravir, non sans une frustration que la majesté de la séquence suivante me fera vite oublier.

Du haut des Alpes juliennes

Depuis le refuge Planika pod Triglavom, j’arpente un sentier en balcon extraordinaire…

…qui se prolonge jusqu’au col de Miseljski Konec, cinq kilomètres plus loin

Sur la route, les habituels passages encordés…

…et le refuge de Dolič

Du col, panorama saisissant sur la vallée…

…et sur un sommet du Triglav…

…toujours cerné de brumes !

Aussi jubilatoire aurait été la fin de journée, dans la vallée centrale du Triglav, dite des Sept lacs, si je n’avais pas galéré à y trouver un coin de bivouac. Dans cette cuvette minérale, où l’herbe et la terre sont des denrées rares, les zones vertes des champs d’obus mêlant buissons et cailloux, c’est mission impossible.

En désespoir de cause, j’échoue dans un refuge gardé, le premier où je passe la nuit en deux mois de marche. Au menu, les désagréments habituels, puanteur et ronflements, prix exorbitants en haute saison, et un bonus pour la route : mes voisins de chambrée s’ébattent sans gêne pendant des heures… Et bien sûr pas de douche chaude pour compenser. Autant dire que j’aurai très peu récupéré d’un effort intense de 25 kilomètres pour 2000 mètres de dénivelé sur un revêtement infâme.

Dans la vallée des Sept lacs

Un parcours du combattant dans un désert de pierre

Au niveau de l’aiguille de Vrsak…

…une vallée s’ouvre à moi…

…d’abord rocailleuse…

…puis plus large, plus végétale…

…et jalonnée de plans d’eau

Je m’infiltre entre pics et pinèdes…

…vers le plus grand lac, flanqué du refuge maudit

Le lendemain, l’environnement change complètement. Finie la haute montagne, place à des cimes plus modestes surgissant d’une mer d’arbustes et autres conifères.

A midi, je croise un dernier refuge, dans un cadre particulièrement photogénique.

Le refuge de Bogatin

S’ensuit une après-midi de solitude complète, entre forêt et pics de moyenne montagne.

Dans la chaîne de Tolmin

  Un chemin forestier aux panoramas changeants…

…m’amène en surplomb du lac de Bohinj, le plus grand de Slovénie

Au col de Konsjko…

…je renoue avec la montagne…

…et les sentiers aériens

Je me réserve la suite de la crête pour le lendemain…

…admire une dernière fois les cimes se succédant au nord…

…jusqu’à celle du mont Triglav, visible à l’horizon et enfin libérée des brumes…

…et repique vers une sympathique cabane

Deux journées de marches à mon goût, achevées dans un bivouac qui l’est tout autant : je suis au Paradis ! Et voilà que je capte internet… Ce que je vais y apprendre va brutalement me ramener sur Terre.