Virée croate dans le parc Biokovo (octobre 2020) – 1/2 – l’ascension du Vošac

[vingt-deuxième trek de l’Europe en 25 treks]

En entrant légalement en Croatie, je mets un terme à un gros mois de clandestinité et dispose, l’esprit libre, de trois semaines pour me régaler du pays avant le retour en France, prévu début novembre et qui n’aura jamais lieu. Au menu, des randonnées hétéroclites que j’établirai au jour le jour. Quelques îles dalmates feront office de dessert, trois balades urbaines d’entremets et la chaîne du Velebit de plat de résistance; en guise d’entrée, je baroude dans un massif plus ramassé du littoral croate, celui du Biokovo. Sa façade côtière se dresse 1500 mètres au-dessus des eaux, ce qui en fait le plus franc belvédère naturel de toute la mer Adriatique. Des trois jours de marche dans le Biokovo, je consacrerai le premier à grimper cette immense falaise jusqu’à son point culminant, le mont Vošac.

Mes 50 kilomètres de marche dans le parc Biokovo (lien openrunner); en bleu, l’ascension du premier jour

L’effort démarre au niveau de la mer, dans la station balnéaire de Makarska, si vide de touristes que j’ai pu y bivouaquer en toute discrétion.

Makarska

Au creux d’une baie de la façade adriatique…

…le port de Makarska

Sa place centrale

Histoire de chauffer mes guiboles, je longe sur une petite dizaine de kilomètres.

En bord de mer

Du sentier côtier, vue en arrière sur Makarska…

…une mer d’azur…

…et une rive mêlant calcaire et conifères

Quelques kilomètres en sous-bois…

…et la forêt se dégarnit…

…laissant apparaître les falaises du Biokovo

Aux abords du port de Tučepi, je bifurque vers l’intérieur des terres et l’immense paroi qui m’intimide depuis des heures.

A l’assaut du Biokovo

Le village de Tučepi

Aux alentours, des maisons isolées…

…et des hameaux, tels celui de Srida Sela

A mesure de l’ascension, le raidillon se fait de plus en plus minéral et ouvert

Avec de premiers panoramas sur la barre rocheuse…

…et la mer Adriatique

Après huit cents mètres de grimpe, j’atteins la partie la plus verticale de la falaise, en me demandant comment le sentier va bien pouvoir s’y infiltrer.

A première vue, j’imagine qu’il va me falloir remonter à l’arrachée une cheminée nichée dans un renfoncement de la paroi.

C’est sous-estimer l’inventivité des croates, qui ont façonné dans la roche un splendide chemin de pierre dont les lacets m’apparaissent au dernier moment.

Quelques segments d’une voie pavée exceptionnelle

Moins épique est l’arrivée sur le plateau du Biokovo, pris dans les nuages, ce qui m’empêche de profiter de l’attraction du coin, le skywalk, un promontoire transparent permettent de marcher au-dessus du vide avec des perspectives vertigineuses sur la mer Adriatique. Un peu dépité, je file vers l’ouest sur un terrain rocailleux et vallonné.

Les collines calcaires du parc Biokovo

La brume se forme et se déforme sans cesse, dévoilant parfois quelques bribes de la Méditerranée.

Crapahutant de bosse en bosse, j’aperçois entre deux nuages la plus saillante d’entre elles, le mont Vošac, mon objectif.

Au sommet, double déconvenue: son refuge perché est fermé et le brouillard de retour, qui voile tout panorama et charrie un désagréable crachin crépusculaire. Maudissant le mauvais sort, je cherche dans la vallée en contrebas un coin de bivouac décent. C’est sur la sente y descendant que la chance me sourit enfin, en la personne de trois membres du club alpin de Makarska, Léa, Ivo et Toni. Ils montent au refuge, dont ils possèdent la clef, et m’invitent à les rejoindre. Non contents de m’offrir le gîte et le (délicieux) couvert, ils partageront d’innombrables anecdotes sur l’histoire du Biokovo et les traditions de ses habitants. Et que dire de la vue exceptionnelle qui nous attendra au réveil, dont je n’aurais pas profité sans cette rencontre providentielle!

Au refuge Vošac

Vue matinale sur le mont Vošac…

…au sommet duquel trône un refuge…

…ancien poste militaire intégralement restauré par le club alpin de mes bienfaiteurs

Lesdits bienfaiteurs…

…ont concocté un rôti dans le poêle du refuge…

…dont il me laisse la part du lion!

Au réveil, panorama sur les îles dalmates: au sud, à l’horizon, l’île de Korčula et au premier plan…

…l’île plus plate de Hvar, qui s’étire sur 70 kilomètres…

…enfin à l’ouest l’île plus arrondie de Brač, qui fait face au continent

Avec ses 25 bornes et 1600 mètres de dénivelé positif, cette première journée paraissait la plus rude; j’en aurai pourtant plus bavé le lendemain, sur la crête centrale du massif.