Après huit jours inoubliables sur les sentiers désertés d’Andros et Tinos, où nous n’avons croisé quasiment personne, l’arrivée à Mykonos est un coup derrière la nuque.
Puants de sueur, portés par une marée humaine, nous nous enfonçons dans une Chora envahie de touristes bien apprêtés, de bars bondés et de magasins. Nous ne sommes clairement pas à notre place. D’autant plus déprimant que nous mettons une petite heure à trouver une supérette où recharger nos vivres, une demi-heure de plus à repérer le départ de la randonnée qui nous permettrait d’échapper à cet enfer.
Ladite randonnée est censée nous faire traverser l’île en quatre heures de marche. Elle nous conduit, sur de l’asphalte et des carrossables pollués, vers un point en hauteur d’où nous voyons la suite du parcours, de longues étendues plates presque entièrement construites. Cette vision d’horreur achève la motivation du frérot. Afin d’écourter son calvaire, nous décidons de stopper immédiatement notre marche, visiter Delos le lendemain matin plutôt que le surlendemain et partir pour Ios dans la foulée. Et dans l’immédiat, nous bivouaquons sur le parvis de la première chapelle croisée, assez misérable.
Dès le lever du soleil, nous redescendons à la Chora et embarquons pour Delos, une petite île qui servait de centre politico-religieux durant les temps glorieux de la Grèce antique. De nos jours, elle n’est plus habitée que par des archéologues, qui prennent soin du gigantesque tas de ruine laissé en témoignage du passé.
Les vestiges de Delos
Vue sur une partie des ruines ; en arrière-plan, le mont Kynthos
Les lions
Le temple d’Isis
La maison du lac
Une statue d’Artemis, dans le musée de l’île
De retour à Mykonos, nous comprenons que le bateau que nous avions ciblé la veille sur l’internet de nos smartphones et qui part sous peu n’embarque pas du vieux port, mais du nouveau, situé cinq bornes plus loin. Nous voilà condamnés à une course intense pour dégoter un taxi qui nous dépose in extremis au pied du speedboat nous permettant de quitter la démoniaque Mykonos en direction d’Ios.
En comparaison du port que nous avons quitté, celui où l’on nous débarque, bien qu’assez banal, nous paraît enchanteur. Plus généralement, l’île d’Ios, dont nous attendions peu, sera une aussi bonne surprise que Mykonos fut une mauvaise.
Notre parcours à Ios (lien openrunner)
Nous grimpons à la Chora, que nous sillonnerons de tous côtés au fil des jours, et nous y restaurons avant de nous enfoncer dans un arrière-pays aride mais assez préservé. Nous nous y baladons quelques heures, bien contents de nous être extirpés du piège mykonien.
La Chora d’Ios
Vue d’ensemble de la Chora
Quelques uns des anciens moulins de la Chora
Les églises parsemant le piton central de la Chora
Vue sur la Chora depuis le piton
Les déconvenues continuent toutefois : l’orage guette et la chapelle d’Agios Prokopios où nous comptions loger a été privatisée par un Grec qui a construit sa villa autour. Heureusement, il est absent. Après avoir fait notre lessive et rechargé nos gourdes dans sa réserve d’eau, nous ne nous gênons pas pour dormir sous sa pergola. Elle n’est pas étanche et quand l’averse s’annonce, nous nous faisons un peu arroser. La situation s’empire vite, le tonnerre gronde et d’énormes éclairs explosent sur le sommet du Profitis Ilias, à quelques centaines de mètres à vol d’oiseau. Ça sent la nuit galère, mais après deux heures douteuses, la pluie se calme, puis cesse; nous pouvons nous allonger tranquillement, et au petit matin, sommes plutôt secs et bien reposés.
Vers Agios Prokopios
Le site archéologique de Skarkos
L’arrière-pays d’Ios
Vue sur la Chora depuis l’intérieur de l’île
La chapelle privatisée d’Agios Prokopios
Notre bivouac foireux sous la pergolas du propriétaire
Ayant snobé le gros de la randonnée de Mykonos, nous avons un jour d’avance sur notre planning, ce qui nous laisse le temps d’entreprendre un aller-retour vers le Paleokastro, un château en ruines situé sur un mont dominant la côte orientale de l’île. Une randonnée d’abord agréable, puis éprouvante, puisqu’une fois descendus sur la plage d’Agia Theodoti, nous entamons une longue marche hors-sentier en bord de mer, vers la colline du Paleokastro. Arrivés au bas de la bosse, nous devons avaler trois cent mètres d’ascension sans la moindre piste, dans la rocaille et les buissons. Nous sommes bien contents d’atteindre, au terme d’un effort soutenu, les vestiges du château, et dans la foulée, la chapelle construite au niveau de l’ancien donjon.
Vers le Paleokastro
Le sentier menant à Agio Theodoti
Panorama sur la plage d’Agia Theodoti
Le parcours hors-sentier vers la montagne du Paleokastro, visible à l’arrière-plan
La pente finale que nous devons grimper
Les murs en ruine du Paleokastro
La chapelle bâtie au milieu des ruines
Son joli parvis
Après une petite pause, nous revenons sur nos pas, en direction d’Agios Prokopios. Une descente très technique, une baignade à Agia Theodoti, une grimpe assez rude et nous sommes de retour à notre lieu de bivouac, d’où nous rentrons à la Chora par un monopati en balcon plus reposant. Plusieurs églises sont nichées dans les hauteurs entourant la ville ; nous en choisissons une pour passer la nuit.
Du Paleokastro à la Chora
Le hors-sentier qui nous ramène à Agio Theodoti
Le monopati partant d’Agios Prokopios vers la Chora
Un passage en balcon
L’arrivée à la Chora
Notre site de bivouac
Le même site, au petit matin
Notre troisième journée est consacrée à une longue ascension, nous conduisant d’abord au sommet du Profitis Ilias (la moitié des montagnes des îles cycladiques s’appellent comme ça). Durant la montée, nous subissons un crachin assez intense pour nous obliger à utiliser nos capes de pluie, pour la première fois de notre vie en Grèce.
L’ascension du Profitis Ilias
La dernière chapelle croisée avant de nous enfoncer dans la nature
Ivonig sort sa cape de pluie : une grande première dans les Cyclades !
Vue sur la suite du parcours depuis le sommet du Profitis Ilias
Passé le sommet, descente puis remontée vers le monastère d’Agios Ioannis Prodromos par un hors-sentier éreintant. Le monastère mérite notre effort ; nous regrettons de ne pas avoir passé la nuit dans l’une des anciennes cellules de moine, sur cette colline perdue au milieu de nulle part. A faire si vous allez à Ios!
Le monastère d’Agios Ioannis Prodromos
L’ascension hors-sentier vers le monastère
Vue d’ensemble du monastère
La cour intérieure du monastère
Une cellule de moine
Vue vers le nord depuis le monastère
Une longue descente sur un monopati défoncé nous ramène a la Chora. Tout du long, nous bénéficions de beaux panoramas sur la baie de Mylopotamos.
La baie de Mylopotamos
Un festin dans un restaurant de la Chora et nous nous installons sur le parvis d’une chapelle proche de celle de la veille.
Notre deuxième bivouac dans les hauteurs de la Chora
A l’aube, un papi grec nous sort du sommeil. Il s’excuse de nous avoir dérangé, pénètre dans la chapelle et chantonne quelques prières en répandant de l’encens. Un réveil original, ma foi assez agréable. Quelques heures plus tard, un bateau nous emmène à Naxos, pour l’instant simple halte dans notre trajet vers les petites Cyclades. Nous trouvons un lavomatique où laver notre linge, et après un repas et une baignade, embarquons pour la première d’entre elles, également la plus prometteuse : Heraklia.