Seconde traversée des Cyclades (mai 2016) – 4/9 – Mykonos, Delos, Ios

Après huit jours inoubliables sur les sentiers désertés d’Andros et Tinos, où nous n’avons croisé quasiment personne, l’arrivée à Mykonos est un coup derrière la nuque.

Puants de sueur, portés par une marée humaine, nous nous enfonçons dans une Chora envahie de touristes bien apprêtés, de bars bondés et de magasins. Nous ne sommes clairement pas à notre place. D’autant plus déprimant que nous mettons une petite heure à trouver une supérette où recharger nos vivres, une demi-heure de plus à repérer le départ de la randonnée qui nous permettrait d’échapper à cet enfer.

Ladite randonnée est censée nous faire traverser l’île en quatre heures de marche. Elle nous conduit, sur de l’asphalte et des carrossables pollués, vers un point en hauteur d’où nous voyons la suite du parcours, de longues étendues plates presque entièrement construites. Cette vision d’horreur achève la motivation du frérot. Afin d’écourter son calvaire, nous décidons de stopper immédiatement notre marche, visiter Delos le lendemain matin plutôt que le surlendemain et partir pour Ios dans la foulée. Et dans l’immédiat, nous bivouaquons sur le parvis de la première chapelle croisée, assez misérable.

Dès le lever du soleil, nous redescendons à la Chora et embarquons pour Delos, une petite île qui servait de centre politico-religieux durant les temps glorieux de la Grèce antique. De nos jours, elle n’est plus habitée que par des archéologues, qui prennent soin du gigantesque tas de ruine laissé en témoignage du passé.

Les vestiges de Delos

Vue sur une partie des ruines ; en arrière-plan, le mont Kynthos

Les lions

Le temple d’Isis

La maison du lac

Une statue d’Artemis, dans le musée de l’île

De retour à Mykonos, nous comprenons que le bateau que nous avions ciblé la veille sur l’internet de nos smartphones et qui part sous peu n’embarque pas du vieux port, mais du nouveau, situé cinq bornes plus loin. Nous voilà condamnés à une course intense pour dégoter un taxi qui nous dépose in extremis au pied du speedboat nous permettant de quitter la démoniaque Mykonos en direction d’Ios.

En comparaison du port que nous avons quitté, celui où l’on nous débarque, bien qu’assez banal, nous paraît enchanteur. Plus généralement, l’île d’Ios, dont nous attendions peu, sera une aussi bonne surprise que Mykonos fut une mauvaise.

Notre parcours à Ios (lien openrunner)

Nous grimpons à la Chora, que nous sillonnerons de tous côtés au fil des jours, et nous y restaurons avant de nous enfoncer dans un arrière-pays aride mais assez préservé. Nous nous y baladons quelques heures, bien contents de nous être extirpés du piège mykonien.

La Chora d’Ios

Vue d’ensemble de la Chora

Quelques uns des anciens moulins de la Chora

Les églises parsemant le piton central de la Chora

Vue sur la Chora depuis le piton

Les déconvenues continuent toutefois : l’orage guette et la chapelle d’Agios Prokopios où nous comptions loger a été privatisée par un Grec qui a construit sa villa autour. Heureusement, il est absent. Après avoir fait notre lessive et rechargé nos gourdes dans sa réserve d’eau, nous ne nous gênons pas pour dormir sous sa pergola. Elle n’est pas étanche et quand l’averse s’annonce, nous nous faisons un peu arroser. La situation s’empire vite, le tonnerre gronde et d’énormes éclairs explosent sur le sommet du Profitis Ilias, à quelques centaines de mètres à vol d’oiseau. Ça sent la nuit galère, mais après deux heures douteuses, la pluie se calme, puis cesse; nous pouvons nous allonger tranquillement, et au petit matin, sommes plutôt secs et bien reposés.

Vers Agios Prokopios

Le site archéologique de Skarkos

L’arrière-pays d’Ios

Vue sur la Chora depuis l’intérieur de l’île

La chapelle privatisée d’Agios Prokopios

Notre bivouac foireux sous la pergolas du propriétaire

Ayant snobé le gros de la randonnée de Mykonos, nous avons un jour d’avance sur notre planning, ce qui nous laisse le temps d’entreprendre un aller-retour vers le Paleokastro, un château en ruines situé sur un mont dominant la côte orientale de l’île. Une randonnée d’abord agréable, puis éprouvante, puisqu’une fois descendus sur la plage d’Agia Theodoti, nous entamons une longue marche hors-sentier en bord de mer, vers la colline du Paleokastro. Arrivés au bas de la bosse, nous devons avaler trois cent mètres d’ascension sans la moindre piste, dans la rocaille et les buissons. Nous sommes bien contents d’atteindre, au terme d’un effort soutenu, les vestiges du château, et dans la foulée, la chapelle construite au niveau de l’ancien donjon.

Vers le Paleokastro

Le sentier menant à Agio Theodoti

Panorama sur la plage d’Agia Theodoti

Le parcours hors-sentier vers la montagne du Paleokastro, visible à l’arrière-plan

La pente finale que nous devons grimper

Les murs en ruine du Paleokastro

La chapelle bâtie au milieu des ruines

Son joli parvis

Après une petite pause, nous revenons sur nos pas, en direction d’Agios Prokopios. Une descente très technique, une baignade à Agia Theodoti, une grimpe assez rude et nous sommes de retour à notre lieu de bivouac, d’où nous rentrons à la Chora par un monopati en balcon plus reposant. Plusieurs églises sont nichées dans les hauteurs entourant la ville ; nous en choisissons une pour passer la nuit.

Du Paleokastro à la Chora

Le hors-sentier qui nous ramène à Agio Theodoti

Le monopati partant d’Agios Prokopios vers la Chora

Un passage en balcon

L’arrivée à la Chora

Notre site de bivouac

Le même site, au petit matin

Notre troisième journée est consacrée à une longue ascension, nous conduisant d’abord au sommet du Profitis Ilias (la moitié des montagnes des îles cycladiques s’appellent comme ça). Durant la montée, nous subissons un crachin assez intense pour nous obliger à utiliser nos capes de pluie, pour la première fois de notre vie en Grèce.

L’ascension du Profitis Ilias

La dernière chapelle croisée avant de nous enfoncer dans la nature

Ivonig sort sa cape de pluie : une grande première dans les Cyclades !

Vue sur la suite du parcours depuis le sommet du Profitis Ilias

Passé le sommet, descente puis remontée vers le monastère d’Agios Ioannis Prodromos par un hors-sentier éreintant. Le monastère mérite notre effort ; nous regrettons de ne pas avoir passé la nuit dans l’une des anciennes cellules de moine, sur cette colline perdue au milieu de nulle part. A faire si vous allez à Ios!

Le monastère d’Agios Ioannis Prodromos

L’ascension hors-sentier vers le monastère

Vue d’ensemble du monastère

La cour intérieure du monastère

Une cellule de moine

Vue vers le nord depuis le monastère

Une longue descente sur un monopati défoncé nous ramène a la Chora. Tout du long, nous bénéficions de beaux panoramas sur la baie de Mylopotamos.

La baie de Mylopotamos

Un festin dans un restaurant de la Chora et nous nous installons sur le parvis d’une chapelle proche de celle de la veille.

Notre deuxième bivouac dans les hauteurs de la Chora

A l’aube, un papi grec nous sort du sommeil. Il s’excuse de nous avoir dérangé, pénètre dans la chapelle et chantonne quelques prières en répandant de l’encens. Un réveil original, ma foi assez agréable. Quelques heures plus tard, un bateau nous emmène à Naxos, pour l’instant simple halte dans notre trajet vers les petites Cyclades.  Nous trouvons un lavomatique où laver notre linge, et après un repas et une baignade, embarquons pour la première d’entre elles, également la plus prometteuse : Heraklia.

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