La troisième journée de la Ruta dels Refugis est l’occasion d’arpenter sa plus belle section, entre l’Albarca et et les gorges de Siurana. Un moment jouissif que vient ternir le final vers le refuge de Mussara, placé sous la double malédiction de la pluie et de l’asphalte.
En rouge, la troisième journée de marche, ainsi que la courte descente matinale vers Vilaplana le quatrième jour
A la sortie d’Albarca, je fais face aux contreforts de la Serra de Montsant. Un premier chemin grimpe dans ses hauteurs ; celui de la Ruta dels Refugis plonge dans la vallée ; suivant les conseils de Mayake, je préfère rester à même hauteur, sur un sentier en balcon suivant le balisage du GR174. Il longe les flancs de la Serra de Monsant, en surplomb de petites falaises aux rebords polis ; à ma gauche, d’amples panoramas sur la vallée de Cornudella de Montsant et derrière elle, sur les monts enfermant le village de Siurana, arrosés de soleil. Trois kilomètres de toute beauté qui lancent parfaitement la journée de marche.
Sur les contreforts de la Serra de Montsant
Le départ du sentier en balcon…
… qui file à travers un chaos rocheux…
…puis le long d’un superbe promontoire rocheux…
…avec vue sur une vallée…
…qui s’étend jusqu’à, Cornudella de Montsant
Un champignon pierreux ; en arrière-plan, les parois de la Serra de Montsant
Le sentier en balcon s’achève aux abords de l’ermitage de Sant Joan del Codolar, un vieil édifice religieux blotti dans un encaissement de la colline. Son charme certain est diminué par quelques rénovations faites à grand renfort de béton.
L’ermitage de Sant Joan del Codolar
L’arrivée dans l’ermitage
Une aire de pique-nique aménagée devant l’entrée
Le bâtiment principal de l’ermitage
A droite de la porte d’entrée, un sonnet de Josep Carner auquel je n’ai rien compris
Peu après avoir dépassé l’ermitage, le sentier file droit dans la vallée, vers Cornudella de Montsant. J’y ingurgite mon traditionnel sandwich-coca, transite par la route jusqu’au lac artificiel de Siurana, quasiment asséché en ce début d’été puis m’enfonce entre deux massifs rougeâtres qui auraient pu servir de décor à un western spaghetti s’ils étaient moins verdoyants.
Autour de la ville de Cornudella de Montsant
Le chemin menant à la ville
Vue rétrospective sur les pentes de la Serra de Montsant
Une rue de Cornudella de Montsant
Son église
Le lac artificiel du Siurana
Les deux massifs entre lesquels s’infiltre mon tracé
Au sommet du massifs, juché sur un petit plateau ceinturé de falaises, le village de Siurana, très touristique parce qu’impeccablement conservé. Après trois journées de solitude complète, je suis surpris par l’affluence qu’il génère. L’heure est au déjeuner ; ses restaurants regorgent de clients, dont certains doivent faire la queue, pendant que le reste du trop-plein arpente les ruelles pavées du village.
Dans le village de Siurana
Un dernier effort entre les buissons…
…et je déboule au village
Les mêmes façades depuis un autre point de vue
Quelques ruelles
D’un belvédère naturel…
…la plus belle vue du bourg
Comme souvent, le plus beau bâtiment du village est son église, dédiée à Marie et bâtie au bord de la falaise, d’où elle domine les vallées et lacs environnants. Je la photographie sous tous les angles.
Autour de l’église de Santa Maria de Siurana
L’église prise avec le village…
…et en elle-même
Sa façade nord
Depuis le calvaire érigé sur la pointe occidentale du plateau…
…une dernière vue sur l’église
Un site tout aussi fascinant m’attend à la sortie du village : les gorges du Siurana. Pendant une demi-heure, j’y progresse un peu en-dessous de la crête, sur une voie en balcon creusée dans la roche, assez vertigineuse bien qu’elle ne présente aucun danger ; passage impressionnant magnifiée par les vues plongeantes sur le fonds de vallée, dans lequel serpente le Siurana. Moi qui baignait dans la foule une heure plus tôt me retrouve complètement seul, sur un site égalant en beauté le précédent; nouveau témoignage de l’attitude grégaire des masses touristiques. Tant pis pour elles, tant mieux pour moi !
Du haut des gorges de Siurana
L’impressionnant départ du sentier
L’étroit chemin contourne les escarpements de la falaise
En arrière, le lac artificiel du Siurana
Une section plus conventionnelle
Le second passage vertigineux, vu de l’ouest…
…et de l’est
Derniers arpents avant la descente
L’intermède idyllique prend fin avec une plongée en lacets vers le fond du vallon. Une mauvaise nouvelle n’arrivant jamais seule, la pluie se met de la partie, contrariant la découverte des cascades et bassins d’eau translucide du Siuran, et ne s’interrompt que que pour reprendre de plus belle. Sept kilomètres conclusifs sur le goudron et sous le déluge et j’atteins, trempé jusqu’aux os, le refuge de la Mussara, qui n’ouvre qu’une heure plus tard. Fort heureusement, un Chilien qui poireaute dans sa voiture m’invite à l’y rejoindre. La pluie cesse peu après ; la Providence nous présente ses excuses sous la forme d’un arc-en-ciel.
Vers le refuge de la Mussara
Le franchissement du ruisseau du Siurana
La végétation touffue au creux de la gorge
Une première cascade
Une seconde…
…qui se jette dans un bassin turquoise où je me serais baigné sans la menace des averses
Dernier coup d’œil sur les gorges du Siurana…
…et je file au refuge
L’arc-en-ciel couronnant Tarragone
Un second réconfort surviendra plus tard, sous la forme du repas que nous préparera la sympathique gardienne du refuge, aussi savoureux que bon marché. Les prix abordables auront d’ailleurs été une constante durant mon trek sur la Ruta dels Refugis. Il en ira autrement dans le massif de Montserrat.
Après une nuit reposante, je descends à Vilaplana par une variante du chemin gravi le premier jour, rejoint Reus en bus et prends le premier train pour Barcelone, d’où un autre train m’emmène en bas du téléphérique de Montserrat, lieu de départ de ma seconde randonnée catalane; une transition de trois bonnes heures.