J’entame dans la baie de Warborrow une section de 100 bons kilomètres de marche sur la côte Jurassique. Les trois quarts, soit l’essentiel, auront pour cadre le comté du Dorset. Ils forment le cœur du trek et le sujet de ce récit.
Les trois petites journées de marche sur la côte du Dorset, avec la longue incartade rurale à distance de Weymouth
Le raidillon brutal et rectiligne par lequel je m’extirpe de la baie de Warborrow annonce de suite la couleur. Les heures qui suivent vont mettre mon corps à contribution ! Dans les derniers mètres de cette première ascension, je rattrape un Anglais qui m’accompagnera jusqu’à Lulworth Cove, site d’arrivée de sa randonnée. C’est un quinquagénaire qui randonne depuis deux jours… a jeun ! Au quotidien, il suit par ailleurs un régime inspiré de celui auquel s’astreint Chris Froome. Il prépare ainsi divers treks ambitieux dont il nourrit le projet de longue date. Tout en lui causant, je savoure les vues sur la côte, où s’achèvent en falaises calcaires abruptes des bosses herbeuses aux formes arrondies.
Premiers kilomètres sur la côte jurassique
La baie de Worbarrow vue des hauteurs
Un paysage côtier typique
La côte escarpée aux abords de Lulworth Cove
Un quinqua en forme olympique
Eu égard à sa taille, le village de Lulworth Cove, bordant une baie parfaitement ronde, est peut-être le plus touristique du Dorset. L’affluence qu’il génère s’explique par sa proximité avec le site le plus célèbre de la côte anglaise, la Durdle Door, à laquelle on accède par un sentier côtier d’un gros kilomètre. J’ai croisé autant de monde sur cette autoroute à touristes que sur le reste du trek ; un phénomène qui ternit légèrement la magie des lieux.
Vers la Durdle Door
Le village de Lulworth Cove
Une maison du village
La baie parfaitement circulaire de Lulworth Cove
La procession de touristes partant de Lulworth Cove en direction de la Durdle Door
Les hauteurs séparant les deux sites
La baie de Man O’War précédant la Durdle Door
La Durdle Door
Une idée de l’affluence
Passée la Durdle Door, j’encaisse quelques montées et descentes abruptes jusqu’aux falaises touffues de Burning Cliff, perchées 150 mètres au-dessus de la mer . Au-delà, la côte se tasse. Je descend au niveau de la mer à Ringstead, me lave dans le camping du coin puis longe le rivage jusqu’au joli hameau d’Osmington Mills.
Vers Osmington Mills
Le tracé physique m’éloignant de la Durdle Door
Dernière vue sur le site
Les montagnes russes continuent
Le parcours avalé depuis que j’ai rejoint le front de mer
Les falaises de Burning Cliff
Le sentier descendant à Ringstead
La taverne d’Osmington Mills
C’est à Osmington Mills que j’ai décidé d’obliquer dans les terres pour raccourcir le trek, omettant un détour par Weymouth que je juge évitable, sa première partie étant très urbaine et la seconde longeant d’immenses plages rectilignes sans intérêt. Je préfère marcher une trentaine de kilomètres à l’intérieur des terres, avec en point d’orgue un passage par le Hardy Monument, une tour juchée au sommet de la colline de Black Down, à 250 mètres d’altitude.
Une première grimpe m’emmène à Osmington. Au-delà du village, le sentier s’enfonce dans des pâturages où je pose mon bivouac.
Jusqu’à présent, mon timing se tient : en marchant 35 bons kilomètres les deux prochains jours, je devrais pouvoir atteindre Exmouth et j’aurais le temps de visiter Exeter avant de rentrer à Paris. C’était sans compter sur une erreur d’inattention particulièrement coûteuse au matin du troisième jour. Parti la fleur au fusil de mon emplacement de bivouac, je marche 5 bons kilomètres avant de me rendre compte que j’y ai oublié la moitié de mon linge, étendu sur un fil près de la tente. Me voilà quitte pour un aller retour de 10 bornes occasionnant une perte de temps que je ne rattraperai jamais et qui m’obligera à stopper mon effort à Sidmouth, une petite vingtaine de kilomètres avant mon but.
A gauche de la photo, l’objet du délit
Quant aux second passage dans les terres, sans être aussi captivant que le premier, il forme un agréable intermède entre les deux sections sur le littoral ; depuis des collines parfois vertes, parfois landeuses et assez peu fournies en routes goudronnées, on dispose de belles vues sur la côte Jurassique.
Le détour rural par le Hardy Monument
Sur la colline, le cavalier blanc d’Osmington symbolisant le roi George III , un dessin géant visible du ciel comme il y en a beaucoup en Angleterre
La baie de Weymouth
Quelques moutons à hauteur du village de Preston
La chapelle et le cimetière de Bincombe
Au sommet de la colline de Black Down, la tour du Hardy Monument
Retour sur la côte
La crête de lande qui m’y ramène
La ligne de crête parcourue
Juste avant de rattraper le littoral, je m’arrête dans une taverne du hameau de West Bexington. Sa tenancière ne sert plus de repas en ce début d’après-midi ; elle accepte toutefois de me préparer un sandwich à base de fromage et d’oignon confit. Une association a priori peu excitante qui me surprendra positivement, tout comme la fraîcheur de la salade et du coleslaw servis avec.
Le ventre plein, je rallie la plage, où je progresse sur un sable mou pendant deux éreintants kilomètres, avant que d’agréables chemins m’emmènent au village de mobile-homes de Freshwater Holiday Park,la plus étendue d’une assez désagréable suite de zones touristiques. Dans des parages si fréquentés, il m’est difficile de faire du camping sauvage ; je préfère prendre un emplacement légal dans le camping d’Highlands End Holiday, situé au-delà de la station balnéaire de West Bay et que je déconseille aux petites bourses.
Je m’installe à l’abri du vent, à côté d’une famille de Londoniens charmants qui m’invitent sans tarder à leur barbecue. Bien que j’ai plus de 40 bornes dans les pattes et qu’il me faille me lever aux aurores, nous discutons tard dans la nuit et buvons pas mal de bières ; cela explique probablement ma condition très médiocre du lendemain.
De retour sur la côte Jurassique
La déprimante section sablonneuse
La plage de Burton Bradstock
Les mobile homes de Freshwater Holiday Park
Le golf de Bridport & West, près de West Bay
Mon bivouac, pour une fois légal
L’adorable couple de Londoniens qui m’a fait partager sa table
Ma misérable forme du quatrième jour est d’autant plus problématique que j’aborde la partie la plus difficile de la côte Jurassique, une véritable montagne russe où s’enchaînent les raidillons. Malgré la fatigue, je prends le temps d’apprécier les dix kilomètres suivants, m’emmenant à Charmouth le long d’un littoral verdoyant sans la moindre construction touristique ; peut-être le plus beau passage du trek.
La superbe marche vers Charmouth
Le camping de Eype’s Mouth, au-delà duquel la nature reprend ses droits
La colline de Thorncombe Beacon
Vue depuis Thorncombe Beacon sur la côte parcourue…
…et sur l’intérieur des terres
Une maison du hameau de Seatown, seule trace urbaine en dix bornes
La colline de Golden Cap, dominant la mer de 150 mètres
Vues sur la côte Jurassique depuis Golden Cap
Golden Cap vu de la suite du parcours
Il faut atteindre Charmouth pour que la magie s’estompe. Au-delà, la falaise s’est effondrée et le sentier avec, ce qui m’astreint à un long détour par les terres à destination de la célèbre station balnéaire de Lyme Regis.
Au second plan, Charmouth ; tout au fond, Lyme Regis ; entre les deux cités, la falaise effondrée
Après avoir flâné dans les rues pittoresques de Lyme Regis, j’ingère dans une taverne locale un burger/coca de circonstance.
Une rue de Lyme Regis
Lyme Regis marque la fin du comté du Dorset, pas de la côte Jurassique, qui se prolonge dans le comté du Devon en changeant complètement d’allure.