Tour de Minorque (janvier 2018) – 0/4 – présentation du voyage

Si l’île de Minorque, bien moins étendue et montagneuse que celle de Majorque, offre très peu d’opportunités aux marcheurs désirant sillonner ses terres intérieures, elle dispose d’un réseau de sentiers côtiers, le Cami de Cavalls, qui permet d’en faire le tour intégral.

J’ai 4 jours et 2 demi-journées à ma disposition, laps de temps trop restreint pour avaler les 190 kilomètres que comptent le Cami de Cavalls, et j’aimerais finir le trek directement dans l’aéroport international de Mao. Je décide donc de zapper la partie sud-est de l’île, apparemment la moins intéressante, de démarrer le parcours à es Migjorn Gran, un village proche de la côte sud et desservi par les bus même en hiver, de joindre la côte au niveau de la station balnéaire Sant Tomès puis de faire le tour de Minorque dans le sens des aiguilles d’une montre, avec la capitale Mao et son aéroport comme site d’arrivée ; une boucle de 155 kilomètres qui, au vu du faible temps d’ensoleillement, occupera pleinement mes journées.

Le parcours finalement réalisé, presque identique à celui que j’avais planifié (lien openrunner)

Bien entraîné par un trek majorquin difficile sur le plan physique comme sur celui de l’orientation, je me suis baladé à Minorque, bien que sa côte nord soit très accidentée ; aussi ai-je pu avaler presque 35 bornes par jour, bien aidé, il est vrai, par un balisage impeccable. L’île m’est apparue comme la version agrandie et méditerranéenne de Belle-Ile-en-Mer, avec ses sentiers côtiers impeccablement conservés, son micro-climat hivernal si doux et ensoleillé que j’ai pu me baigner chaque jour, et surtout ses quatre façades côtières différant totalement les unes des autres par leur allure et l’atmosphère qu’elles dégagent : verdure et criques paradisiaques au sud, côte sauvage purement minérale à l’ouest, falaises déchirées aux couleurs changeantes au nord, réserves naturelles boisées ou marécageuses à l’est. Quatre ambiances toutes aussi appréciables, quatre variations auxquelles correspondent les quatre parties de mon récit. Quant au bivouac, il ne pose aucun problème : on pose sa tente très facilement dans les prairies de l’arrière-pays, et au cas où, toutes sortes d’abris urbains délaissés en hiver peuvent servir de palliatif.

Ce tableau d’ensemble flatteur ne doit pas m’amener à occulter deux dimensions assez désagréables du trek : d’abord les trop nombreuses traversées, particulièrement sur la côte ouest, de stations balnéaires où s’alignent sans fin les résidences secondaires des Catalans, agglomérations d’autant plus tristes qu’elles sont complètement désertées en période hivernale ; ensuite la difficulté, maximisée par le dépeuplement, à se ravitailler en eau, notamment sur la côte nord, où je me suis retrouvé en difficulté malgré les 5 litres que j’avais emmagasiné au sortir de Ciutadella.

Ceci dit, Minorque est un paradis sans équivalent pour ceux qui chercent, en plein hiver, à randonner en Europe sur un terrain pas trop éreintant et bien balisé.