Traversée de la chaîne Tramontane à Majorque (décembre 2017) – 7/7 – de Llluc à Port de Pollença

En avance sur mes prévisions, je peux magnifier le final du trek par l’ascension du Puig Tomir, que je n’aurai pas à regretter.

En rouge, mes deux derniers jours de marche dans la Tramontane

Le pied du Puig Tomir est situé à 5 bornes du monastère de Lluc, que je peux contempler une dernière fois depuis une bosse intermédiaire.

Au creux de la vallée, le monastère : en arrière-plan, la Serra de sa Mola, d’où j’ai surgi la veille

Le vent qui s’est levé durant la nuit gagne sans cesse en force; j’apprendrai le lendemain que j’avais affaire à une véritable tempête, avec des bourrasques dépassant les 100 km/h qui ont même perturbé le trafic maritime. Tant que les sous-bois m’entourent, je ne me rends pas vraiment compte du problème.

Je ne commence à m’en préoccuper que dans l’ascension du Puig Tomir proprement dite, quand les rafales deviennent si brusques et puissantes qu’elles compromettent ma progression. Le passage le plus angoissant est un raidillon dans un tube formé par la roche;  le vent s’y engouffre avec une puissance telle qu’il me fait chuter deux fois. Je dois me résoudre à avancer à quatre pattes, avec la plus grande prudence. Le tube qui m’enserre finit par s’élargir ; les bourrasques perdent alors en intensité, mais elles ne s’atténueront véritablement qu’au moment où j’attendrai les étendues rocheuses aplaties cernant le sommet.

L’ascension venteuse du Puig Tomir

Un démarrage sportif mais bien balisé

Vue en arrière sur le Puig de Massalena

Le tube de la mort

Le pic rocheux marquant la sortie du tube proprement dit

Vue plongeante sur la partie élargie qui suit, plus accommodante

La pente s’adoucit pendant que le balisage disparaît

Après deux trois leurres, le véritable sommet apparaît à l’horizon

Une vue à 360 degrés se dévoile progressivement, à ma gauche…

…à ma droite…

…et derrière moi

Le sommet du Puig Tomir est complètement préservé du vent, qui contourne le massif par les falaises déchirées de sa paroi septentrionale. Je peux y déjeuner en profitant d’une récompense méritée : le panorama sur la baie déchiquetée de Pollença, un des plus incroyables qu’il m’ait été donné de voir.

Au sommet du Puig Tomir

Le sommet

Les bourrasques frappent bruyamment ses parois

La crête finale que j’ai longé

Vue inoubliable sur le sud est de Majorque et la baie d’Alcudia…

…la presqu’île d’Alcudia…

…la baie de Pollença…

…et la presqu’île de Formentor

Arrivé par l’ouest, je repars du Puig Tomir par ses pentes orientales. Si le vent me laisse tranquille durant la descente, c’est l’orientation qui pose rapidement problème. Des cairns disposés à distance régulière m’ont permis de débouler dans la vallée allongée dont j’ai fait mon premier objectif ; ils disparaissent cependant au-delà du col de Puig de Ca.

La corridor où je m’engouffre sans difficulté

Ne voyant pas comment poursuivre ma descente dans une ravine emplie de fourrés, j’erre sans but durant de longues minutes et finit par repérer au loin d’autres cairns, qui me réorientent vers l’ouest. Une analyse des cartes à ma disposition me permet de comprendre qu’ils vont me ramener au GR221 par le « pas du Diable », dénomination qui désigne habituellement un passage bien casse-gueule à flanc de falaise.

Sans camarade et loin de toute présence humaine, j’appréhende quelque peu ce passage. Il se révèle risqué mais pas spécialement difficile si on utilise un peu ses mains. Je l’emprunte avec toutes les précautions nécessaires, m’en tire sans problème et dévale en vitesse les pentes boisées qui me ramènent sur le GR221. 

Passage par le pas du Diable

J’approche la falaise où se trouve le fameux passage

Vue rétrospective sur un premier couloir emprunté

Le pas du Diable proprement dit

Le final, segment le plus technique

Vue en arrière sur l’ensemble du pas du Diable…

…et sur la vallée que je vais par la suite traverser

Il ne me reste qu’à suivre le balisage jusqu’à son terme, la ville de Pollença. Un final dont l’intérêt tout relatif est compensé par ma rencontre avec Christine, une randonneuse itinérante qui marche un semestre par an, a 40 000 bornes au compteur et effectué de nombreuses randonnées au long cours, parmi lesquels les trois treks américains mythiques composant la Triple CrownSes anecdotes et les discussions sur notre équipement font vite passer le temps. Si vous désirez la connaître plus avant, voir ici son site internet ,avec des conseils très utiles pour ceux qui hésitent à se lancer, et là son facebook, sur lequel elle rapporte au quotidien l’avancée de ses pérégrinations.

Vue sur les bosses alentour durant ma marche avec Christine

Christine achève à Pollença un itinéraire strictement calqué sur le GR221; elle file prendre son bus. De mon côté, j’ai deux heures de jour pour dégoter une cache à l’abri d’une tempête toujours aussi impétueuse. Comme les deux précédents, le refuge local est fermé. Après avoir divagué dans la ville, je décide d’inspecter une colline s’élevant sur sa bordure méridionale, le Puig de Maria.

Pollença

Le pont romain à l’entrée de la ville

La Placa Major avec l’église de Nostrea Senyora dels Angels

L’escalier monumental menant…

…à l’église del Calvari

Le cap de Formentor vu de l’église 

Au sommet du Puig de Maria, je tombe nez à nez avec un joli petit monastère fortifié, le Santuari de la Mare de Deu des Puig. J’hésite à m’installer sur le parvis de son église puis pénètre au hasard dans le bâtiment attenant ; une tenancière m’y accueille, qui m’explique que l’endroit a été transformé en taverne et que les anciennes cellules des moines sont louables, mais fermées durant l’hiver. Une brève discussion et elle accepte de m’y loger, pour une somme modique qui plus est. M’attend une nuit tout confort dans un lieu aussi mystique qu’esthétique : sacré coup de chance!

Dans le Santuari de la Mare de Deu des Puig

Vue d’ensemble du monastère

L’escalier monumental conduisant à l’église ; à sa droite, un porche menant au restaurant

Le parvis de l’église

Vue sur Pollença depuis le parvis

La pièce d’accueil

La cellule où j’ai dormi

N’embarquant pour Minorque que le surlendemain,  je décide d’occuper la journée de transition en prolongeant mon trek jusqu’à Port de Pollença. Une idée médiocre, le trajet se résumant à une interminable ligne droite asphalté.

De plus, Port de Pollença, station balnéaire moderne, ne vaut le détour que pour les vues sur les collines qui se succèdent jusqu’à Cap Formentor.

Un bus me conduit à Alcudia, que je visite avant d’échouer dans un hôtel de son port. S’y achève une traversée de l’île riche en aventures ; place à Minorque!