Traversée de la chaîne Tramontane à Majorque (décembre 2017) – 6/7 – d’es Gorg Blau à Lluc

Au matin du septième jour, j”étais censé gravir la Penya de Migdia, plus haut sommet accessible de la principale montagne de la Tramontane, dont le point culminant, le Puig Major, est inclus dans une zone militaire interdite aux civils. Quelque peu sceptique quant à la réalisation de ce projet, suite à mes déconvenues des jours précédents, je suis plus refroidi encore par le mauvais temps matinal. De fait, les hauts sommets, y compris celui que je vise, sont couverts d’épais nuages. Mieux vaut filer directement vers le lac de Cuber et le refuge de Tossals Verds, et rallier dès aujourd’hui le monastère de Lluc ; le temps gagné me permettra, si les conditions s’améliorent, de grimper le lendemain une autre montagne bordant le GR221, le Puig Tomir.

En rouge, la journée de marche finalement réalisée

Quelques kilomètres d’asphalte et le lac de Cuber m’apparaît nappé de brumes.

Une pause contemplative sur ses rives et je gagne les flancs déchiquetés du sommet des Tossals Verds. Je les longe sur un sentier accidenté qui me conduit à un refuge fermé dont le préau aurait été un site idéal de bivouac. Dommage qu’il me faille continuer ma route !

Vers le refuge de Tossals Verds

Vue depuis le col de sa Coma des Ases sur le lac de Gorg Blau…

et sur la suite du parcours

Le superbe sentier qui serpente sur les flancs du Puig des Tossals Verds

  Certains passages légèrement vertigineux sont équipés de chaînes

Vue en arrière sur la vallée traversée

Le refuge de Tossals Verds apparaît sous la crête

Il est aussi admirable en soi que par sa situation

Le ventre plein, je repique vers le nord, continuant ma boucle autour d’une montagne toujours aussi préservée.

Au cœur de la Tramontane

Le sentier est aussi beau qu’exigeant

Au loin dans les nuages, la Serra de sa Mola, que j’approche lentement

Un abri sommaire comme j’en ai vu plusieurs depuis une semaine

Un aqueduc en ruine

Alors que j’approche du point culminant du GR221, un col niché entre la Serra de sa Mola et le sommet de Massanella, je pénètre dans la couche nuageuse qui couvre les cimes depuis la veille au soir et doit affronter son corollaire, une pluie qui ne m’empêchera pas de profiter des paysages mais continuera à m’importuner jusqu’aux abords du monastère de Lluc.

Sous la pluie

Le panneau marquant le col de Massanella

Le vallon sauvage coincé entre le Puig de Massanella et celui d’en Galileu

La vallée du monastère de Lluc vue des pentes du Puig d’en Galileu

Le chemin de pierre sèche qui descend au monastère, une fois de plus impeccablement conservé

Pour conclure en beauté une semaine de marche de haut niveau, le monastère de Lluc devrait avoir la splendeur de ceux du mont Athos. Il n’en est rien : ce bâtiment cubique et austère ne dégage aucune grandeur. Ce n’est ni la première, ni la dernière fois que je peine à être transcendé par l’architecture religieuse espagnole.

Le monastère de Lluc

Le bâtiment principal

La cour extérieure

Détail du cloître ceinturant la cour

La cour intérieure

La basilique

Après quatre jours sans me laver, j’aurais volontiers pris une bonne douche, mais le camping qui fait face au monastère n’a pas de sanitaires ; quant au refuge de Son Amer, vers lequel je poursuis ma route, il est fermé et sans préau. Par défaut, j’installe ma tente sur une terrasse herbeuse le jouxtant.

Bivouac près du refuge de Son Amer

Le refuge de Son Amer

Le bivouac pris au petit matin

Mon cocon est parfaitement abrité du vent ; c’est une bénédiction, car une véritable tempête se lève dans la soirée, qui durera plusieurs jours et donnera une tournure épique à la marche du lendemain.