Au début du trek, la remontée du chemin de Stevenson, de Goudet au Monastier, a confirmé ce que l’étude des cartes me laissait pressentir, à savoir que le célèbre parcours ne mérite pas sa réputation. Les randonneurs dont j’avais lu le retour d’expérience sur internet étaient toutefois unanimes quant à la beauté de la section traversant le mont Lozère du nord au sud ; aussi avais-je décidé de la suivre à partir du pic de Finiels, en direction du Pont-de-Montvert puis de Florac.
J’aurais pu, sur les conseils de contributeurs de randonner-léger, effectuer une boucle additionnelle dans l’ouest du massif, vers le signal des Laubies, troisième sommet du mont Lozère, et quelques sites alentour, telles la cascade de Runes ou la Cham des Bondons, plus grosses étendue mégalithique d’Europe après Carnac. Seul hic, ces lieux semblaient difficiles à relier, si l’on s’en tenait à des plans IGN sommaires n’indiquant aucun sentier. J’avais tout de même emporté une carte du coin, avec l’esquisse peu convaincante d’une trace transitant de site en site. L’observation de la zone depuis le pic de Finiels renforce mon scepticisme, et après quelques hésitations, mon frère et moi tombons d’accord pour nous en tenir au plan initial, à savoir suivre le chemin de Stevenson.
En rouge, nos 35 bornes sur le chemin de Stevenson (correspondant dans openrunner à la fin du jour 20 et au début du jour 21).
Nous ne regrettons pas notre choix, tant est agréable la descente vers le Pont-de-Montvert, et notamment le sentier en balcon filant sur les pentes du Travers de l’Homme, près du village de Finiels. Les vues dont on y jouit sur le roc de Montal et les vallées qui l’entourent comptent parmi les plus marquantes du trek.
La descente du mont Lozère
Le premier kilomètre dans une forêt éparse…
…avec vue sur les Cévennes
A la sortie de la forêt…
…une mer de genêts !
Face à nous, le roc de Montal…
…et à notre gauche, le village de Champlong, qui surplombe une profonde vallée où se poursuivra la descente
Panorama de l’ensemble
Près de Finiels, le village de Prat Soutayron, dominé par le bien-nommé roc du Couillou
Nous qui n’avons mangé qu’une barre chocolatée au réveil escomptons nous restaurer dans une gargotte de Finiels. C’était trop demander : le village ne compte aucun commerce malgré le passage constant des randonneurs. Plutôt que de cuisiner, nous reportons nos espoirs sur le gros bourg du Pont-de-Montvert et nous engageons dans la vallée y descendant, presque aussi photogénique que les hauteurs dont nous nous éloignons.
Vers le Pont-de-Montvert
La vallée s’affaissant vers le village
Ses pâturages
Des chaos rocheux émaillés de genêts qui nous font une fois de plus penser à l’île de Tinos
Certains blocs jaillissent au milieu des champs
La belle sente filant dans le ravin au-delà de Rieumal
Moins résistant à la faim que mon frère, j’arrive au Pont-de-Montvert comme un renard dans un poulailler. Il faut dire que nous n’avons rien mangé en presque 25 bornes de marche intensive, nouveau record ! Au final, notre effort continu a eu du bon : au moment où nous nous attablons dans la taverne du coin, une averse surpuissante s’abat sur la vallée. Si nous n’avions pas marché sans relâche, elle nous serait tombée dessus ! Ivonig en profite pour louer les bienfaits de sa sainte noisette, qui nous protège depuis cinq jours des orages sévissant un peu partout dans la région.
Le Pont-de-Montvert
L’approche du village
Vue d’ensemble d’un village situé à la confluence de plusieurs cours d’eau…
…tels le Tarn passant sous ces façades…
…le Martinet débouchant dans le Tarn au niveau de ce pont…
…ou le Rieumalet et ses rives escarpées
Nous pourrions camper au village mais préférons bivouaquer sur les cimes prometteuses de la montagne du Bougès, où opencyclemap indique un refuge que nulle autre source ne mentionne. Dans cette optique, nous repartons dès que l’averse s’atténue. Un rythme soutenu nous permet d’avaler en moins de 3 heures les 10 kilomètres et 700 mètres de dénivelé qui nous séparent du signal du Bougès, sommet aplati et herbeux du massif. Charmé par la vue, je propose à Ivonig d’y planter notre tente, plutôt que de nous rendre, 2 kilomètres plus bas, à un refuge sur lequel nous manquons de données. Il accepte du bout des lèvres et m’en tiendra grief le lendemain, lorsque nous découvrirons un abri moderne flambant neuf avec sol propre, table de pique-nique et vue imprenable sur le causse Méjean.
Le bivouac du signal de Bougès
Le raidillon empierré quittant le Pont-de-Montvert
Un enclos à vache où le sol couvert de bouses nous empêche de nous installer
Vue du signal du Bougès sur le sud-est…
…et le sud-ouest
La marche matinale se résume à une longue dégringolade ayant Florac pour terminus. Sa première partie nous permet de contempler notre prochaine destination, le Causse Méjean, plateau ceinturé de hautes falaises surgissant des nuages, qui lui donnent la forme d’une gigantesque forteresse naturelle. Le final en forêt est moins évocateur ; nous préférons shunter les contorsions du chemin de Stevenson et filer droit vers Florac, ville quelconque où nous déjeunons, comme la veille, au moment où se déclenche l’orage du jour. Au préalable, mon frère récupère dans la pharmacie locale des semelles neuves, destinées à remplacer celles, complètement déformées par un passage en machine, qui le font galérer depuis dix jours dans la moindre descente.
L’arrivée à Florac
L’arête de la montagne du Bougès que nous suivons en direction de Florac…
… à sa gauche, une mer de nuages dont jaillit le causse Méjean…
…et à sa droite, le mont Lozère
Les parois orientales du Causse Méjean…
…dominent le village de Florac
Centre-ville de Florac
A la sortie de la ville, nous quittons le chemin de Stevenson, qui repique vers Saint-Jean-du-Gard, et nous attaquons aux pentes du Causse-Méjean.