Road-trek à Ibiza (janvier 2019) – 1/2 – balades rurales

A peine revenu d’Espagne, j’y retourne en compagnie d’un camarade de marche inhabituel : mon père Yannick ! Un mois plus tôt, il s’est en effet proposé d’embarquer notre duo pour une virée d’une semaine, dans un coin disposant d’un climat correct en janvier et de chemins de randonnée nombreux et accessibles. Au milieu de l’hiver et avec un budget serré, les destinations sont peu nombreuses, et j’en ai déjà exploité la plupart. Reste toutefois, dans l’archipel des Baléares, dont j’ai déjà apprivoisé les deux îles les plus propices aux treks, Majorque et Minorque, celle d’Ibiza. Si elle est plus appréciée des fêtards que des marcheurs, ses sentiers côtiers éparpillés sont suffisamment nombreux pour concevoir une petite dizaine de balades ; son bon réseau routier et sa forme compacte réduisent au minimum les trajets entre les sites qui nous intéressent ; enfin on s’y loge aisément, même hors-saison.

Nous voilà lancés dans un road-trek anarchique autour de l’île, improvisé au jour le jour, au cours duquel nous alternerons balades urbaines, rurales et côtières, avec une dose quotidienne de dix à douze kilomètres. Mon père les encaissera remarquablement bien, en partie grâce à l’usage, pour lui inédit, de bons bâtons de marche.

Plan chronologique du road-trek ; en bleu, nos boucles rurales ; en rouge, les villes et villages arpentés

Un second récit évoquera nos balades urbaines ; celui-ci se restreint aux rurales, effectuées dans des zones recelant bien plus de sentiers que ne le laissent deviner les cartes et, si l’on considère la bétonisation exponentielle d’Ibiza, parfois étonnamment préservées. La surprise est déjà de mise quand on traverse en voiture, de hameau en hameau et sur de petites routes sinueuses, la campagne vallonnée du nord de l’île. Les champs de vignes, d’oliviers et d’arbres fruitiers qui la composent, séparés par de petits murets de pierre, sont verdoyants et couverts de fleurs, même en plein hiver. Paysages colorés, douceur du climat : on comprend sans mal ce qui attira autrefois les hippies !

Quant aux côtes, très escarpées et truffées de criques, notamment du côté nord, elles me rappellent celles de Minorque ; toutes nos marches s’y sont concentrées, si l’on excepte la première, destinée à dompter le sommet de l’île, Sa Talaia, du haut duquel nous avons pu apprécier dans son ensemble le littoral qu’il nous restait à conquérir.

Sa Talaia

Sant Josep de sa Talaia, village d’où nous sommes partis

En bord de sentier, l’une des nombreuses plantes exotiques admirées au cours du séjour

Mon père sur le sentier conduisant au sommet

Du sommet, vue sur la côte nord et l’immense station balnéaire de Sant Antoni de Portmany…

et sur la côte sud ; au fond, les salines d’Ibiza

Une baignade revigorante dans la baie la plus proche et nous concluons la journée par une première balade sur la côte nord, au travers des étendues rocheuses de Cap de la Bassa.

Autour de Cap de la Bassa

De cette pointe, vue sur la côte nord…

sur l’impressionnant rocher du Puig Nuno…

et, entre les deux, sur la station balnéaire de Sant Antoni

Une cabane hippie encastrée dans la roche

La grande boucle planifiée le deuxième jour à destination de la crique encaissée de Portitxol s’avère un peu trop ambitieuse. Le chemin d‘accès passant par des rocs escarpés dissuade mon paternel ; nous nous contentons d’un circuit plus modeste dans les hauteurs de Penyal de s’Aguila, puis déjeunons sur la plage de Xarraca.

Penyal de s’Aguila

Oranger sur tapis de fleurs : un paysage typique du nord de l’île

Du haut de Penyal de s’Aguila, vue sur les falaises de Na Xamena…

et sur la crique de Portitxol

Au programme du lendemain, une boucle d’une dizaine de kilomètres, principalement en bord de côte, autour de la plaine de Portinatx, une étendue boisée couvrant la pointe septentrionale d’Ibiza. Le menu sera d’autant plus copieux que nous progresserons tout du long sur un revêtement de roches calcaires éclatées, et qu’au cœur du parcours, il nous faudra opérer un détour compliqué par les pinèdes intérieures, afin de contourner une portion effondrée du sentier. Ces petites contrariétés ne nous empêcheront pas d’apprécier pleinement ce qui fut sans doute la plus belle marche du séjour.

Dans sa première partie, nous longeons strictement la côte, de la station balnéaire de Cala Portinatx au phare du même nom, fièrement dressé sur la Punta des Moscarter.

Vers le phare de Portinatx

Après un départ très buissonneux…

Nous surgissons sur un replat rocailleux toisant la mer de plusieurs dizaines de mètres

Derrière les falaises…

surgit la mince silhouette du phare

Yannick surplombant un effondrement de la paroi

Le phare vu de l’ouest…

et de l’est

Du phare, coup d’œil sur la côte déjà arpentée

Passé le phare, nous nous écartons temporairement de la falaise et nous enfonçons dans une profonde faille minérale. C’est au moment où nous gagnons de nouveau le chemin côtier qu’il devient par endroit difficilement praticable, nous contraignant à errer une heure dans la pinède dont nous longions jusqu’alors l’orée.

Tant bien que mal, nous contournons chaque obstacle et plongeons finalement vers Cala d’en Serra, une crique dont la magie d’autrefois a été sérieusement ternie par un complexe immobilier abandonné avant son achèvement et couvert de graffitis. Sa plage reste suffisamment agréable pour que nous prenions la peine d’y prendre un bain et d’y déjeuner, avant de regagner notre voiture par un chemin filant droit à travers la pinède.

Vers Cala d’en Serra

Nous quittons bientôt la falaise déchiquetée…

Au profit d’un ravin coincé entre les rochers du littoral et l’intérieur des terres

Mon père au cœur du ravin

De retour sur la côte…

nous découvrons dans la crique de Cala d’en Serra…

une plage sympathique…

dominée par un squelette de béton bigarré

Peu entamé par cette marche conséquente, mon père digérera moins bien celle du lendemain, bien moins longue mais autrement plus difficile, en ce qu’elle inclura l’ascension du Puig de ses Terrets, un impressionnant pic de 220 mètres se dressant au-dessus de la côte sud de l’île. Nous l’atteignons au terme d’un effort brutal, sur un raidillon glissant et vertical qui met Yannick à rude épreuve.

Sur le Puig de ses Terrets

De la baie de Sol d’En serra, vue à droite vers le Puig des Moltons…

et à gauche vers le Puig de ses Terrets, notre objectif

Du sommet de cette bosse…

vue sur la côte sud…

et l’intérieur des terres

Le cinquième jour, nous repartons vers la côte nord et filons à travers champs et forêts, et sous les vaines récriminations d’un paysan du coin, vers un belvédère d’où l’on peut admirer les falaises circulaires immenses de la Punta des Castellar.

Le belvédère de la Punta des Castellar

Le champ coloré où nous démarrons notre marche

La Punta des Castellar

Mon père s’accorde un après-midi de repos, en vue de la randonnée urbaine consistante du dernier jour, dans la vieille ville d’Eivissa. J’en profite pour effectuer une boucle d’une douzaine de kilomètres sur les côtes s’étendant au nord de Sant Antoni, avec pour principale attraction la Punta de sa Galera, une bande rocheuse étroite et érodée s’avançant droit dans la mer sur 300 mètres.

Autour de la Punta de sa Galera

Un littoral minéral et battu par les vents

La plage encaissée de Cala Gracio

Vue sur les cages à touristes de Sant Antoni

La pointe de Sa Galera vue du nord…

et du sud, avec la colline boisée du Puig Nino en arrière-plan

La pointe vue de la côte…

et de son extrémité

Près de la pointe, un escalier rocheux taillé dans une paroi…

battue par les flots

Avec cet effort solitaire se conclut une exploration de l’île qui n’aura laissé de côté que sa partie sud-ouest, c’est-à-dire les salines et la portion de côte faisant face à l’îlot emblématique d’es Vedra.