Ce deuxième voyage dans les Carpates, le plus ambitieux de l’année 2019 en solitaire, est consacré à leur plus haut massif, les Tatras, situé dans la partie septentrionale de la chaîne, principalement en Slovaquie mais aussi en Pologne.
L’itinéraire que j’y trace est une version maximaliste du premier voyage de René94, l’un des principaux contributeurs de randonner-léger, qui a déjà inspiré mon trek à Tenerife. Mon principal ajout tient dans la traversée intégrale des Basses Tatras, par un tracé que je pensais original alors qu’il recoupe très exactement le Chemin des héros slovaques, un trek très apprécié des Slovaques et des Tchèques. Pour le reste, je suis assez fidèlement les tracés de René94, que ce soit dans le Paradis slovaque, les Hautes Tatras où les Tatras occidentales, en le remaniant ici ou là au gré des circonstances.
En rouge, les deux parcours dans les Tatras (lien openrunner du premier et du second) ; en bleu, le transfert en train
Le trek dans les Tatras compte parmi les plus exigeants de ma vie de randonneur : en deux petites semaines, j’ai avalé à la journée plus de 25 bornes et 1400 mètres de dénivelé positif, avec des étapes particulièrement longues dans les Basses Tatras (30 kilomètres de moyenne) et particulièrement rudes dans les Hautes Tatras et les Tatras occidentales (1600 mètres de dénivelé positif quotidien).
A cette marche assez rude, j’en ai ajouté de plus tranquilles, dans deux des villes les plus renommées d’Europe de l’Est, Budapest et Cracovie, dont les visites serviront d’introduction et de conclusion au trek.
Sorti avec un jour d’avance des Tatras, j’incorpore au dernier moment une cinquième étape au trek, dans les monts Gorce, un petit massif planté à mi-distance des Tatras et de Cracovie, ville dont j’aurai également le temps d’arpenter les campagnes.
Les cinq étapes du voyage
Comme toute aventure montagnarde, mon immersion dans les Carpates s’est révélée passionnante, et outre le plaisir classique de la découverte et des panoramas, trois éléments ont été particulièrement réjouissants : d’abord le climat, étonnamment favorable en cette période habituellement orageuse ; ensuite l’absence totale de touristes français et plus largement occidentaux, dans une région presque exclusivement visitée par des Slaves ; enfin un réseau de randonnée si dense que j’ai rarement marché sur des pistes, plus rarement encore sur du goudron et jamais hors-chemin, mais presque toujours sur des sentiers agréables, impeccablement balisés et bien entretenus. En résulte une progression agréable de bout en bout.
Ceci dit, je n’ai pas souvenir d’un moment transcendant m’ayant marqué au fer rouge, comme j’en ai vécu par le passé. Malgré sa profusion hétéroclite de monuments de la Belle Epoque, qui m’a rappelé le Paris des années 1950, Budapest reste un des plus immenses tas de béton européen. A Cracovie, je n’ai pas été transporté par une architecture douteusement basée sur la brique rouge vif. Les Basses Tatras offrent un plaisir continu, mais jamais renversant, dans une moyenne montagne qui souffre difficilement la comparaison avec la Lozère, l’Ardèche ou le Cantal. Les monts Gorce sont assez quelconques. Le Paradis slovaque est un enchevêtrement de gorges avec parcours aménagés qui émerveilleront les enfants, moins les adultes. Et si la splendeur des Hautes Tatras est incontestable, l’affluence touristique en pleine saison y est sidérante, et les nombreuses restrictions, notamment concernant le bivouac, altèrent l’expérience de ceux qui, comme moi, aiment dormir dans la nature.
Au final, mon passage préféré fut le même que celui de René94, à savoir la traversée par leur crête principale des Tatras occidentales, qui allient la tranquillité des Basses Tatras à la grandeur des Hautes Tatras.