Coincée entre les Pyrénées et les monts Cantabriques, la chaîne de moyenne montagne du Pays basque espagnol ne compte pas parmi les plus réputées d’Europe, ni même d’Espagne ; j’effectue pourtant dans deux de ses parcs naturels, ceux d’Aizkorri et d’Urkiola, l’une de mes plus belles randonnées de trois jours.
L’itinéraire suivi (lien openrunner)
Le massif d’Aizkorri abrite, entre autres, le sommet et l’ermitage homonyme, le pic d’Aitxuri, point culminant des Montagnes basques, et le sanctuaire marial d’Arantzazu.
En rouge, ma traversée du massif d’Aizkorri
J’attaque ses pentes au crépuscule, depuis le village d’Araia.
Une heure d’ascension nocturne et pluvieuse et je me réfugie dans la cabane de Martin. Au réveil, mes craintes se vérifient : d’épais nuages ont pris d’assaut les premières cimes du parcours, et notamment l’Aratz. Ce n’est qu’après deux heures de marche, au moment où je dépasse ce dernier, que le brouillard daigne enfin se lever, m’offrant une vue soudaine et saisissante sur l’Aizkorri.
Une matinée brumeuse
La cabane de Martin, cent mètres sous la ligne des nuages
Perçant les brumes, le poteau géodésique du sommet d’Allaitz
Au moment où je quitte l’Aratz…
…la brume se dissipe…
…laissant apparaître les forêts alentour…
…des collines innombrables…
…et au-delà du pic secondaire d’Elurzuloak…
…le cône minéral de l’Aizkorri
Un profond col boisé sépare l’Aratz de l’Aizkorri. Je m’y engouffre en suivant les vestiges d’une voie romaine bimillénaire ; elle reliait autrefois Bordeaux à Astorga.
Sur la voie romaine d’Astorga à Burdeos
Je traverse une forêt automnale…
…par une sente classique…
…puis une voie pavée splendide…
…qui me dépose au col
La clairière où je finis ma course est un carrefour de sentiers. Avant d’affronter l’Aizkorri, je m’octroie une boucle par le tunnel calcaire naturel de San Adrian, qui dissimule une chapelle propice au bivouac. Dommage que la magie de ce site soit ternie par la présence hérétique d’un pylône à haute tension.
Le tunnel San Adrian
Une petite ravine…
…débouche dans un vallon étroit…
…en surplomb d’un tunnel majestueux…
…dont l’entrée…
…est fortifiée
Au creux du tunnel, la petite chapelle…
…au-delà de laquelle on avance courbé pour revenir au col
Cette parenthèse refermée, je m’attaque avec l’Aizkorri au plat de résistance du jour.
L’ascension de l’Aizkorri
On démarre en forêt…
…sur un chemin caillouteux…
…parfois aménagé…
…puis le terrain se dégage…
…et le sentier magnifique s’infiltre dans un repli de la paroi
Vue en arrière sur le sentier
A l’horizon apparaît mon objectif…
…l’ermitage d’Aizkorri
Cette fois-ci, aucun nuage ne m’empêche d’apprécier les vues à couper le souffle sur le Pays basque.
Panoramas du haut de l’Aizkorri
Les forêts couvrant l’ouest du massif…
…débouchent sur un immense plateau herbeux…
…délimité à l’est par une crête rocheuse…
…dont la paroi orientale abrupte domine royalement…
…les collines de la province du Guipuscoa
Au sud, l’Aratz dont je proviens, presque dégagé des nuages
Les contreforts calcaires de l’Aizkorri…
…forment parfois des cuvettes profondes
Plus fameuse cime du Pays basque, l’Aizkorri n’est pas son point culminant ; ce titre appartient à son voisin, l’Aitxuri, que je conquière aux côtés de Ramon, un randonneur sexagénaire en forme olympique, avant de filer en solitaire vers le nord, par la ligne de crête puis un plateau où paissent tranquillement chevaux, moutons et vaches.
Vers l’Aitxuri et au-delà
L’Aitxuri, entouré d’autres pics calcaires presque aussi élevés, dont l’Aketegi et l’Iraule
Du haut de l’Aitxuri…
…vue sud vers l’Aketegi, que la tradition considérait à tort comme le sommet du massif…
…et vue nord vers l’Iraule et l’Arbelaitz, avalés dans la foulée
Passé l’Arbelaitz…
…je quitte une crête qui se délite…
…au profit d’un plateau…
…qui me conduira, 5 kilomètres plus loin, en amont de la vallée d’Arantzazu
Vue d’ensemble de la crête et du plateau parcourus
Malgré sa situation et sa grandeur, le sanctuaire d’Arantzazu est bien moins stimulant que les montagnes qui l’entourent, saccagé qu’il a été, comme son cousin catalan, par les divagations de l’architecture contemporaine.
Le sanctuaire d’Arantzazu
Des gorges sauvages…
…abritent un complexe religieux monumental…
…dont la basilique a entre autres subi l’ajout…
…d’un clocher immonde, bien que son concepteur soit considéré comme une sommité…
…et de parkings en béton armé
Je suis plus inspiré par les fermes…
…et les chapelles environnantes
C’est avec plus de 30 bornes, 1500 mètres de dénivelé positif et 2000 de négatif que je finis ma course sur les rives du lac d’Urkulu.
Il me faut pourtant prolonger l’effort, les lieux de bivouac discrets n’y étant pas légion. Je trouve mon bonheur dans un champ à l’écart et me repose tant bien que mal, constamment gêné par les aboiements des chiens du coin.