Mettant une cinquième fois à profit mon congé hivernal après des voyages au Portugal, aux Canaries, dans les Baléares et en Andalousie, je n’ai plus beaucoup de destinations méditerranéennes inconnues et accessibles et jette mon dévolue sur la Sicile. Un choix par défaut pour une île, certes magnifique, mais qui se prête plus à un road-trip qu’à un trek, la faute à un réseau de sentiers famélique, si ce n’est autour de l’Etna et dans les Madonies.
L’avion doit me déposer à Catane et me reprendre à Palerme ; je trace poussivement un parcours reliant les abords des deux villes par les montagnes de l’Etna, des Nébrodes et des Madonies, en m’inspirant de ceux du Sentiero Italia, du randonneur Caminaire, enfin du contributeur de randonner-léger René94, que je plagie pour la quatrième fois après mes virées à Tenerife, dans les Tatras et en Bohème. Comme d’habitude, je suivrai très lâchement l’itinéraire planifié, bousculé notamment par une météo capricieuse.
Le parcours finalement réalisé ; en bleu, les quelques sections avalées en auto-stop
A l’examen des cartes siciliennes, j’avais repéré très peu de sentiers, mais une foultitude de routes de terre. Cela laissait craindre le pire, et en effet, sans être déplaisante, la traversée des montagnes septentrionales de l’île n’a pas été enchanteresse. A la tristesse des chemins consistant, surtout dans les Nébrodes, dans des voies carrossables défoncées par les 4×4, boueuses et parfois complètement inondées, il faut ajouter la propension sicilienne à considérer la nature comme une décharge, les désagréments habituels de la période de noël (journées courtes, nuits longues et froides), et surtout les lourdes chutes de neiges qui ont terni la traversée de la chaîne des Madonies, après m’avoir bloqué une journée à leur pied. Dommage, car c’était le seul coin de l’île véritablement propice à la marche, et qu’il était la veille encore pleinement praticable !
Ce tableau mitigé ne saurait cependant voiler les bons moments passés en Sicile avec, pèle-mêle, le grand soleil des premiers jours tranchant avec le crachin breton, la traversée lunaire du désert basaltique de l’Etna, une progression solitaire qu’aucun marcheur n’est venu troubler, des villages perchés aux rues systématiquement pavées, si nombreux que j’y consacre un récit spécifique, des panoramas variés qui m’auront donné l’occasion d’admirer, fait inédit, la campagne méditerranéenne sous un manteau neigeux, la gentillesse des locaux en toute occasion, enfin le test réussi, en vue du TMO, des dernières pièces de mon équipement, notamment l’excellente veste OMM Rotor Smock. De beaux souvenirs, qui ne m’empêcheront pas de conseiller aux intrépides désirant marcher l’hiver de privilégier les Canaries ou les Baléares !