Les îles Lofoten en cinq actes – 1/5 – au sud de l’île de Moskenes (aout 2020)

Pour qui entend randonner dans l’archipel des îles Lofoten, le sud de celle de Moskenes, et plus particulièrement la zone lacustre déstructurée autour du sommet de Støvla, est LA zone à explorer en priorité, si possible sous le soleil. Je n’aurai pas eu cette chance !

Mon parcours dans la partie méridionale de Moskenes (lien openrunner)

La pluie qui m’accompagnait au départ de Bodø sévit encore quand je débarque dans le port de Moskenes. Une automobiliste sympathique me conduit au point de départ du trek, le village d’Å (nom véridique).

La côte sud de Moskenes

Le port de Moskenes

Celui de Sørvågen…

…qu’un énorme rocher sépare…

…du village d’Å, le plus extrême des îles Lofoten

Si une paroi abrupte empêche quiconque d’aller plus loin…

…on peut bifurquer vers l’intérieur des terres

J’ai prévu d’entamer le trek par le tour du lac Ågvatnet. Dès les premiers mètres, je pressens la galère dans laquelle je m’embarque : les rives du lac, mêlant boue et rochers fuyants, sont difficilement praticables. En dix minutes, entre deux glissades, mes chaussures ont complètement pris l’eau, pour ne plus sécher des huit prochains jours. Et cette grisaille que le soleil ne percera jamais vraiment ! Difficile, dans ces conditions, d’apprécier des paysages pourtant dantesques.

Le lac Ågvatnet

Passé un dernier hameau…

…je longe un lac aux parois escarpées…

…se refermant en un col…

…dont l’ascension permet d’apprécier le plan d’eau dans son ensemble…

…mais aussi la baie de Stokkvika, extrémité occidentale de l’archipel

Descendu du col, je poursuis le tour du lac et tombe à l’improviste sur un abri bien tenu où je m’installe pour la nuit.

J’entendais découvrir le lendemain les hauteurs légendaires de Moskenes ; la météo calme mes ardeurs. Oppressé par les averses durant la marche transitoire, je me réfugie dans un second abri semblable au premier et surplombant la baie de Sørvågen.

Un Tchèque, Filip, y a déjà dressé son hamac, et une allemande, Suzanna, nous rejoint bientôt. Nous nous réchauffons mutuellement en dissertant tout l’après-midi, dans l’attente vaine de la fin des pluies.

Notre bivouac bordélique pris au réveil

A l’aube, les nuages sont légions mais moins rasants, et la pluie a cessé. Désireux de profiter de la fenêtre de tir, je décampe en vitesse, pour une grimpe spectaculaire à destination de Munken, le sommet central du sud de l’île.

L’ascension de Munken

Les monts alentour sont partiellement dégagés des nuages

Je m’élance donc, sur une sente acceptable…

…et crapahute entre les pics…

…vers celui, proéminent, de Munken

De là haut, une vue à couper le souffle sur le nord de Moskenes

A l’ouest du Munken, d’autres monts enserrent plusieurs plans d’eaux, parmi lesquels quatre lacs de hauteur inégale dont l’ensemble forme un tableau unique.

Les lacs de Moskenes

En aval, le lac Stuvdalsvatnet…

…avec d’autres mares secondaires dégringolant vers le port de Sørvågen

A mi-hauteur, plus allongé, le lac Fjerddalsvatnet…

Lui même dominé par deux autres plans d’eaux…

…le lac Tennesvatnet, et plus haut encore, le lac Krokvatnet

Une fois descendu de Munken, je progresse sur la bande de terre boueuse qui délimite les lacs Tennesvatnet et Krokvatnet, avant de piquer vers le fjord de Fors, dominé de plus de 500 mètres par l’aiguille d’Håtinden.

A l’ombre d’Håtinden

A gauche du lac Tennesvatnet, j’emprunte une crête aplatie qui se dresse…

…vers la pyramide saillante d’Håtinden

Vues plus rapprochées sur Håtinden…

…et la cascade qui surgit d’une pointe cadette…

…pour se jeter dans un bras de fjord…

…auquel on accède en dévalant la paroi de 300 mètres qui le sépare d’un lac…

…dont je savoure une dernière fois les contours

J’espère profiter sur les berges du fjord de Fors d’un tracé plus reposant ; c’est le contraire qui m’attend, avec un pierrier côtier de 2 bons kilomètres où j’avance au rythme d’une limace.

Vue en arrière au sortir du pierrier

Une plage de caillasse me donne l’occasion d’une toilette expéditive.

Quelques hectomètres plus loin, j’échoue dans le village désert de Vinstadt.

J’arrive une demi-heure après l’unique passage matinal du bateau qui connecte Vinstadt à Kjerkfjorden, ou démarre la seconde séquence de marche. Le prochain ne pointera son nez que dans plusieurs heures. C’est en vain que j’aurais forcé l’allure toute la matinée. Pour unique récompense, j’aurai reçu un gros hématome au genou, conséquence d’une double chute dans le pierrier du fjord ; une blessure qui me tourmentera jusqu’en Bulgarie.

Malgré tout, ce bateau manqué est un mal pour bien : je mets à profit les heures d’attente pour grimper le pic voisin de l’Helvetestinden, splendide belvédère d’où j’aurais une première idée de ce qui m’attend dans le nord de l’île de Moskenes.