Partis en soirée d’Andros, nous débarquons en pleine nuit dans le port de la Chora. Ayant déjà visité l’est de l’île deux ans plus tôt (voir ici), nous nous élançons cette fois vers l’ouest depuis le bourg central de Kambos, en direction des pittoresques villages occidentaux, tels Kardiani, Ysternia, Pyrgos, Platia ou Mali, que nous comptons relier par certains des plus beaux sentiers de l’île.
Le tracé réalisé (lien openrunner)
Nous rejoignons en taxi le village de Kambos, d’où démarrera notre marche le lendemain matin, et vadrouillons dans les alentours à la recherche d’un parvis de chapelle adéquat. Entreprise assez facile, Tinos, île sainte, comptant plus d’édifices religieux que toute autre île des Cyclades. L’odeur de thym, les toits blancs, la végétation plus éparse font dire à mon frère qu’on est enfin arrivé dans les Cyclades. Il s’endort bien vite ; pas moi, la nuit parfaitement étoilée stimulant mes réflexions.
Notre bivouac près de Kambos
Au petit matin, nous retournons à Kambos. Nous lavons notre linge dans la fontaine locale puis faisons halte dans le bistrot adjacent. Une femme sans âge nous y sert un café grec et un jus d’orange frais.
Autour de Kambos
Le parvis d’église où nous avons bivouaqué
Ivonig lave notre linge dans cette fontaine
Afin qu’il sèche vite, nous le disposons scientifiquement sur notre sac
Le café de Kambos
Notre petit-déjeuner, incluant le mythique biscuit « gemista »
Avant de traverser l’île vers Pyrgos, nous nous échauffons avec une petite balade à Tarampados. Parmi les innombrables pigeonniers qui parsèment l’île de Tinos, les plus beaux se trouvent aux abords de ce village.
Les pigeonniers de Tarampados
Vue rétrospective sur Kambos depuis Tarampados ; au loin, le sommet de Xobourgo
Les pigeonniers de Tarampados
Après avoir navigué entre les pigeonniers, nous gagnons l’asphalte et marchons en direction d’un tracé inventé par Raymond Verdoolaege et permettant de traverser l’île dans sa longueur. Quelques heures plus tard, arrivés au-dessus du bourg de Kardiani, nous y descendons hors-sentier.
Vers le village de Kardiani
Le sentier en balcon nous amenant vers l’ouest de l’île
Le chemin parcouru
La descente hors-sentier vers Kardiani
Dans la taverne « Chez Dimitra » du splendide village de Kardiani, nous avons mangé notre meilleur repas du séjour. Au menu : aubergine farcie avec frites maison, tarte aux épinards, beignet à la tomate et au fenouil, et un coca bien frais !
Dans le village de Kardiani
Le village
La place centrale
La taverne « Chez Dimitra »
Notre tablée, de l’autre côté de la rue
Une idée du festin
Kardiani surplombe de quelques centaines de mètres une petite plage. Nous y descendons sur un sentier abrupte et nous y baignons quelques temps. Il faut ensuite remonter plus ou moins hors-sentier jusqu’à un monopati qui nous conduit au monastère de Lakkotiani. Son esplanade, où l’on se réunit les jours de fête, est un parfait endroit de bivouac.
Le monastère de Lakkotiani
Au loin, le monastère ; au premier plan, une aloni, aire de battage traditionnelle
La façade du monastère de Lakkotiani
Son esplanade
Nous y étendons notre linge…
…et y installons notre literie…
…avant de nous restaurer devant le coucher du soleil
Le lendemain, un sentier toujours aussi obstrué par la végétation nous conduit au village d’Ysternia, suspendu comme celui de Kardiani sur les flancs d’une colline. Un escalier défoncé nous permet de descendre au port du village, où nous nous restaurons quelque peu.
Autour d’Ysternia
Le chemin reliant le monastère à Ysternia
Dans le village d’Ysternia
La descente vers le port d’Ysternia
Le port d’Ysternia
Depuis le petit port, nous remontons vers le col par un kalderimi byzantin parfaitement conservé. Pour avoir fait le tour des Cyclades, nous n’en avons foulé aucun de plus impressionnant, même si celui de Kea a plus de charme.
Le kalderimi d’Ysternia
Le début du kalderimi ; au fond à droite, Ysternia
La plus belle section du kalderimi
Lacets du kalderimi
A certains endroits,la structure du kalderimi mesure trois bons mètres de hauteur
Au col s’achève notre traversée du centre de Tinos. Nous pénétrons dans la partie ouest proprement dite, centrée autour du village de Pyrgos. Nous nous dirigeons d’abord vers le hameau de Platia.
L’arrivée dans la vallée de Pyrgos
Le passage du col
La vallée de Pyrgos
L’église de Platia
Au-delà de Platia, nous entamons la plus belle section de notre randonnée sur Tinos, à destination de l’église d’Agia Paraskevi. L’admirable monopati qui nous y conduit traverse des collines désertes émaillées de bergeries en ruines.
Le sentier préservé entre Platia et Agia Paraskevi
Le début du sentier
Vue rétrospective sur Platia
Divers passages du sentier
A certains endroits subsistent des murets construits dans le style d’Andros
L’église d’Agia Paraskevi
Une pause à Agia Paraskevi et nous descendons vers la plage de Rochari, avant de remonter par un joli vallon jusqu’au village de Pyrgos. Le marbre y est omniprésent, dans le pavage des rues et, parfois, dans la structure des bâtiments.
L’arrivée à Pyrgos
Le sentier remontant à Pyrgos depuis Rochari
La place centrale de Pyrgos, axée autour d’un platane antique
Le ventre plein, nous replongeons, pour la troisième fois de la journée, vers la côte et la station balnéaire d’Ormos Panormou. Dès que nous l’avons atteinte, sans faire de pause, nous repartons dans les hauteurs, en direction de Mamados. Durant la montée, nous nous égarons complètement et naviguons pendant une heure de terrasse en terrasse. Notre chemin retrouvé près d’un vieux pont, nous nous dirigeons vers nos objectifs immédiats, le monastère de Kyra Xeni et la chapelle d’Agia Thekla le surplombant, que nous n’atteignons qu’en fin d’après-midi.
Vers la chapelle d’Agia Thekla
L’endroit où nous retrouvons notre chemin
L’escalier bétonné menant du monastère à la chapelle
La chapelle d’Agia Thekla
Ivonig ne considère pas le parvis de la chapelle d’Agia Thekla comme un endroit suffisamment discret pour y établir notre bivouac. Il ne nous reste qu’une bonne heure de jour pour trouver un site alternatif. Après quelques tergiversations, il me propose de grimper, en suivant une pseudo-piste indiquée sur les cartes, le sommet du Profitis Ilias, un mont rocheux menaçant qui constitue le sommet de cette partie de Tinos. Ce piton est couronné d’une chapelle qui nous toise depuis des heures et où mon frère souhaite se poser. Taisant mon scepticisme, j’emboîte le pas et entame à sa suite le tour de l’énorme bloc rocheux verdâtre pour entreprendre son ascension par l’arrière.
Arrivés de l’autre côté par un sentier très lâchement balisé, nous faisons face à une côte hostile et longeons des falaises aux formes étranges, aux teintes toujours plus vertes. Cela fait une heure que nous avons quitté le monastère lorsque nous abordons l’ascension finale, guidés par des cairns. Au sommet se détache bientôt la silhouette de la chapelle, un endroit magique que nous atteignons au soleil couchant. La vue sur Tinos y est imprenable, et la bâtisse ouverte ; le vent soufflant très fort, nous décidons de dormir à l’intérieur.
Le raid improvisé vers la chapelle du Profitis Ilias
Le piton rocheux du Profitis Ilias ; on devine la chapelle à gauche de la crête
Nous contournons la paroi par un étroit chemin de ronde
Le piton est constitué d’une roche aux reflets verdâtres
De l’autre côté de la bosse, nous pouvons contempler la côte nord-ouest de Tinos
L’ascension finale du piton ; on distingue la chapelle au sommet
La chapelle du Profitis Ilias
Vue sur la vallée de Pyrgos
La belle iconostase de la chapelle
Notre bivouac installé dans l’entrée
Le lendemain, nous descendons le sommet du Profitis Ilias par son chemin officiel. Il nous emmène à Marlas. Après avoir failli toucher une vipère en posant sa main sur un muret, mon frère met du temps à recouvrer son sang-froid. Nous prolongeons notre marche jusqu’à la pointe nord ouest de l’île, où se trouve l’admirable hameau isolé de Mali, que nous atteignons avec peine, au terme d’un hors-sentier aussi éprouvant qu’imprévu, la trace indiquée sur les cartes ayant disparu dans la végétation.
Vers le hameau de Mali
Le sentier descendant vers Marlas
Vue sur Pyrgos durant la descente
Le sentier conduisant à Mali, peu avant que nous perdions sa trace
Le pittoresque hameau de Mali
Quand nous arrivons à Mali, des locaux sont en train de pêcher. Un filet est dressé au large, d’un côté à l’autre de la crique. Deux Grecs y rabattent des poissons en les effrayant avec des jets de pierres depuis le rivage et des coups de pagaie depuis un bateau.
Les deux pêcheurs de Mali
Après la traditionnelle pause baignade, nous retournons à Marlas par une variante passant à Mamados. Depuis Marlas, un énième monopati nous ramène à Pyrgos. Nous y déboulons fatigués par une montée finale effectuée sous un soleil de plomb. Nous reprenons notre souffle en attendant le bus qui nous dépose à la Chora, où nous disposons de quelques heures pour visiter la Panagia Evangelista, un haut lieu de pèlerinage des Grecs.
Le final du trek de Tinos
Le retour à Mamados par une variante
Le sentier entre Marlas et Pyrgos
La Panagia Evangelista
En milieu d’après-midi, nous embarquons dans un speed-boat qui nous transporte, en moins d’une heure, dans une île toute proche et, pour notre malheur bien différente : la célébrissime Mykonos.